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Article de Pierre du Bois publié en septembre 1992 dans un quotidien suisse :
L'Europe communautaire avait commencé à six. Elle a continué à neuf, puis à dix, enfin à douze. Qui accueillera-t-elle demain? L'Autriche, la Suède, la Finlande, la Suisse sont sur les rangs. Mais aussi la Turquie, Chypre et Malte. Et à l'Est, depuis l'écroulement du communisme, plus d'un pays rêve à l'adhésion. C'est dire que des choix qui seront opérés par les Douze en matière d'élargissement dépendra le visage de l'Europe de de-main.
C'est en 1951, lors de la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), que la question de la dimension de l'Europe unie s'estposée la première fois. Robert Schuman, le ministre français des Affaires étrangères, avait souligné dans sa fameuse déclaration du 9 mai 1950 que ce qui était en jeu, c'était, "par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité", la réalisation "des premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix". Cela écartait les Etats qui n'entendaient pas sacrifier des pans de leur souveraineté sur l'autel de l'union, en particulier la Grande-Bretagne, qui attachait alors plus de prix à ses relations spéciales avec les Etats-Unis et avec le Commonwealth qu'à la coopération européenne. De fait, seuls l'Allemagne, la France, l'Italie et les trois Beneluxiens montent dans le train. L'Europe commence à six. Cependant, armés de fortes convictions européennes, les auteurs du traité instituant la CECA n'excluent pas tout élargissement ultérieur. Selon l'article 98, "tout Etat européen peut demander à adhérer au présent traité".
C'est la même rédaction, à peine retouchée, qui figure dans le traité instituant la Communauté économique européenne (CEE). "Tout Etat européen peut demander à devenir membre de la Communauté. Il adresse sa demande au Conseil, lequel, après avoir pris l'avis de la Commission, se prononce à l 'unanimité". Même libellé encore dans le traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique. En outre, dans le préambule du traité instituant la CEE, les Etats fondateurs se déclarent "déterminés à établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens sans manquer d'appeler "les autres peuples de l'Europe qui partagent leur idéal à s'associer à leur effort".
Devant le succès du Marché commun, la Grande-Bretagne, qui a longtemps repoussé toute participation aux entreprises unificatrices, retourne sa politique. En août 1961, elle adresse à la CEE une demande d'adhésion. Il est beaucoup plus intéressant d'être un simple élément d'un marché en expansion, déclare en automne 1962 le premier ministre Harold Macmillan, qu'un des facteurs prépondérants d'un marché en récession". Trois autres pays suivent le mouvement, l'Irlande et le Danemark, en 1961, et la Norvège en 1962. Mais le président De Gaulle reste sur ses gardes et ses préventions. C'est aux Six qu'il borne la Confédération européenne et rien qu'aux Six. Dans le Royaume-Uni,il voit surtout le cheval de Troie destiné à ruiner l'édifice. Il oppose donc son veto en janvier 1963 aux Britanniques. C'est la stupéfaction, l'abattement, le scandale à l'intérieur de la Communauté comme à l'extérieur. Les Français sont seuls contre tous. Le 5 février 1963, l'Allemand Walter Hallstein, président de la Commission, parle de "crise de confiance" devant le Parlement européen. La première grande crise de la Communauté a éclaté. Toutes les autres négociations sont interrompues. La question n'est pas, pour autant, enterrée. En 1967, la Grande-Bretagne, à l'initiative du premier ministre travailliste Harold Wilson, adresse une seconde demande à la CEE. Ancré dans ses intimes certitudes, le général de Gaulle renouvelle ses réserves et donc son refus contre l'avis des autres Etats membres. Nouveaux hauts cris. Nouvelles protestations. La Communauté est malade de la candidature britannique. Le dégel a lieu en 1969. Le départ du général de Gaulle en mai ouvre la voie à une relance du débat européen. Son successeur, Georges Pompidou, suggère dès l'été 1969 d'aller de l'avant dans les trois directions de l'achèvement, de l'approfondissement et de l'élargissement. De son côté, la Commission, dans son avis au Conseil, conclut qu'en raison des liens étroits qui existent entre les deux questions du renforcement de la Communauté et de son élargissement, "il n'est pas possible de les traiter séparément, mais qu'elles devraient être traitées simultanément". A La Haye, en décembre 1969, les chefs d'Etat ou de gouvernement de la Communauté entérinent le triptyque français.
Le 30 juin 1970, après que les conservateurs ont remporté les élections en Grande-Bretagne, les négociations reprennent. Des batailles homériques opposent Britanniques et Communautaires à propos de la politique agricole commune, de la contribution anglaise au budget communautaire, du rôle international de la livre sterling. Survient en mai 1971 une rencontre capitale entre le président Pompidou et le premier ministre Edward Heath qui se livrent, selon la formule du journaliste Michel Tatu, à une entreprise de persuasion réci-proque. De leur convergence de vues suffisamment grande sur les finalités de la CEE, la nature du système institutionnel, la place et le rôle de l'Europe dans le monde, résulte le déblocage de la situation. C'est la volonté politique qui a réglé le contentieux économique. Dès lors, les négociations avancent rapidement. Le 22 janvier 1972, quatre traités d'adhésion sont conclus. Mais celui qui a été passé entre la Norvège et la Communauté est rejeté par les Norvégiens lors d'un référendum dramatique en septembre 1972. Et c'est à neuf que le 1er janvier 1973 la Communauté entame une nouvelle étape de son histoire. La réalité dément très vite les craintes initiales. La Communauté à neuf ressemble à s'y méprendre à la Communauté à six. Les adhésions du Royaume-Uni, de l'Irlande et du Danemark ne remettent pas en cause l'essence de l'union et le fonctionnement des mécanismes institutionnels. Qui plus est, la menace de la sécession brandie par Londres est écartée en 1975, quand les Britanniques, lors d'un vote historique, approuvent à une forte majorité leur appartenance à la Communauté.
Malgré la crise économique qui frappe l'Europe, la Communauté conserve son attractivité auprès des tiers. Trois pays du sud, la Grèce, associée depuis 1962 à laCommunauté, le Portugal et l'Espagne, transmettent à Bruxelles une demande d'adhésion, la première en 1975, les deux autres en 1977. Les candidatures ne vont pas de soi. L'arriération économique des trois pays exige de complexes solutions d'intégration. Au bout du compte, ce sont les considérations politiques qui l'emportent. La sauvegarde de la démocratie libérale dans des pays à peine sortis de la dictature. Et, du côté de Paris, l'idée de rééquilibrer une Communauté trop nordique. Commencées en 1976, les négociations entre la Grèce et les Neuf aboutissent en 1979. C'est le 1erjanvier 1981 que la République hellénique entre dans le Marché commun. Plus encore que les précédentes, les négociations entre l'Espagne, le Portugal et la Communauté prennent le caractère d'une course d'endurance. L'agriculture est la principale pierre d'achoppement. C'est essentiellement entre Paris et Madrid que la bataille fait rage. Se succèdent les "pauses" françaises qui bloquent le processus. Puis le verrou saute à la suite de nouveaux marchandages et de nouveaux compromis. En 1985, les traités d'adhésion sont signés. Le 1erjanvier 1986, la Communauté passe à douze.
A partir de 1985, la relance de la Communauté, électrisée par la date magique de 1991, accroît son attraction intérieure et extérieure. Le magnétisme qu'exerceBruxelles trouve sa confirmation et son illustration dans la multiplication des demandes d'adhésion. Tour à tour, la Turquie, en 1987, l'Autriche en juillet 1989, Malte et Chypre en 1990, la Suède en 1991, la Finlande et la Suisse en 1992 adressent une demande d'adhésion à Bruxelles. Et laissés à eux-mêmes après la chute du communisme, les Etats d'Europe centrale et orientale se mettent à rêver de leur côté à la Communauté.
1992 - LE TRAITE DE MAASTRICHT
affiches de la campagne électorale en France
Le 20 septembre 1992, on votait en France pour le Traité de Maastricht... Au lendemain du référendum qui l'a vu accepter par 51,05% de "OUI" contre 48,95% de "NON", la France s'est réveillée hier sous le poids desquestions posées par l'étroitesse du résultat. Ce traité européen communément appelé traité de Maastricht est le traité fondateur de l'Union européenne. Il structure l'Union européenne autour de trois piliers : les Communautés européennes, la Politique étrangère et de sécurité commune, et la coopération policière et judiciaire en matière pénale.
On s'éloignait de l'objectif économique initial de la Communauté européenne...
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