ACCUEIL | L'HISTOIRE | LE DON DU SANG

 

 

 

 

 

La plus grande joie, elle est de donner le bonheur, et ceux qui l'ignorent ont tout à apprendre de la vie (G. Duhamel)


L'auteur de ce récit d'événements vécus est Georges Duhamel qui, en 1940, lors de l'invasion allemande, était chirurgien de l'hôpital d'Alençon (Orne). Il y soignait des blessés par le s bombardements : quelques-uns devaient recevoir tout de suite une transfusion de sang...

Nous avions demandé un donneur de sang et c'est une frêle jeune fille qui s'est présentée devant nous. Elle est classée dans la catégorie des donneurs universels et ses veines sont apparentes. Ainsi donc nous accepterons le sang de cette jeune fille. Que ne nous est-il possible d'injecter, en même temps, un peu de son regard qui brille d'une si douce lumière , un peu de son sourire et surtout, surtout quelque chose de son âme confiante et généreuse... (Elle a donné trois cents "centicubes").

Elle s'est écriée aussitôt après : "Vous me demanderez encore ! Je suis institutrice et mon école est fermée. Me voilà on ne peut plus libre. Et ne vous fiez pas à l'apparence : Je suis vigoureuse. Ce serait une si grande joie si je pouvais me rendre utile !"

Elle est partie, suivant l'allée qui contourne la chapelle. Quelle allégresse dans cette démarche ! Comme elle était heureuse d'avoir donné quelque chose d'elle-même ! Ce jour là, je peux l'avouer, le monde m'a paru moins sombre, moins misérable, moins absurde. Soyez en remerciée, petite donneuse de sang!...

 

(Elle est partie, mais elle est revenue pour apporter à "sa malade" des fleurs, des bonbons, et même un petit bijou...)

 

Elle parle en confidence, à voix basse. Elle donne de l'amitié, de l'amour, comme elle a donné la substance même de sa chair.

Il paraît que le don du sang comporte une rétribution. Notre institutrice a donc reçu, des bureaux, une petite somme d'argent. Elle a dit, en rougissant, qu'elle ne voulait rien pour elle-même et elle a distribué les billets aux plus dénués de nos malades.

Une telle générosité méritait quelque récompense à sa mesure. Nous avons fait une école pour les enfants, qui sont nombreux dans nos baraques. C'est notre jeune fille qui sera la maîtresse d'école. Voilà vraiment, pour elle, une façon toute naturelle de donner le meilleur sang de son cœur.

 

Extrait de G. DUHAMEL - Lieu d'asile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  ACCUEIL | L'HISTOIRE | LE DON DU SANG

 

 

bachybouzouk.free.fr