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1940 : Des soldats prisonniers de guerre sont conduits en une longue colonne sur la route des Vosges à Sarrebrück. Ces hommes malheureux qui vont connaître cinq ans d'exil voient dans chaque bourg traversé des visages amicaux; et soudain ils reçoivent l'encouragement que donne un drapeau français improvisé.

... Je me rappelle aussi la côte Bettborn, qui porte une ferme à son sommet. En gravissant la pente, nous apercevions, à travers les haies les taches vives d'une lessive étendue, car la guerre ne détourne pas une ménagère du soin de son linge. Tout à coup, comme nous n'étions plus qu' à trois cents mètres des bâtiments, au détour du chemin, le verger nous apparut sans obstacle, et un camarade me poussa du coude : "Regarde, à ta gauche ! " Sur un fil, une blouse bleue, une chemise blanche, une taie d'édredon rouge composaient en clair, sur une ciel de chez nous, le plus innocent, mais le plus péremptoire des drapeaux français.
Je n'oserais décider aujourd'hui si c'est un pur hasard, ou bien quelque intention frondeuse, qui avait rassemblé ces douleurs. Mais sur le moment personne, parmi ceux d'entre nous du moins qui ne succombaient pas à la fatigue, ne conçut le moindre doute.

UN SIGNE, UN SYMBOLE :

Nous ne vivions que d'une exaltation en profondeur qui réclamait sa nourriture. Voulu ou non, ce drapeau de fortune, flottant au sommet de Bettborn sous l'oeil de l'occupant, nous apparut comme un défi et  comme un signe. Il nous enseignait le pouvoir de l'esprit, et que la malice peut bafouer la force en attendant de justes revanches. Nous sortîmes de là, partagés entre la gaieté et la foi, et secoués d'une façon extraordinaire. Comme l'homme perdu de dettes qui fait argent de tout, l'âme à un certain degré de malheur tire de toutes rencontres les symboles où puiser la force de se soutenir.

F. Ambrière - Les grandes vacances.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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