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La bataille de Diên Bien Phu
Le 7 mai 1954, les troupes du Vietminh (Ligue pour l'indépendance du Vietnam, à noyau communiste, créée par Hô Chi Minh en 1941) conduites par le général Vô Nguyên Giap infligeaient à la France une défaite qui allait mettre un terme aux ambitions coloniales des Français en Indochine. La "mission civilisatrice de la France", selon les mots de l'époque, prenait fin avec la bataille de Diên Bien Phu.
C'est dès 1940 que l'Empire français commence à se lézarder, contraint qu'il est d'accepter la présence des troupes japonaises sur le sol Indochinois. En effet, le Japon y a débarqué le 29 juillet 1940, car l'Indochine constitue pour eux une base arrière pour leur expansion et leur conquête de l'Asie. Le Japon laisse à la France le soin d'administrer ses ex-colonies sans que cette dernière ait un réel pouvoir de décision sur place.
Dans la confusion qui suit la capitulation du Japon face aux attaques des Alliés, Hô Chi Minh en profite pour proclamer l'indépendance du Vietnam, le 2 septembre 1945 à Hanoï, devant une foule enthousiaste. Cependant, la France n'a pas abandonné l'espoir de reconquérir l'Indochine. Elle table alors sur Bao Daï, le dernier empereur duVietnam, pour tenter de faire pièce à la popularité et l'autorité grandissantes d'Hô Chi Minh. Cette solution ne peut guère espérer rencontrer l'aval populaire, car les élites choisies et mises en place par les Français ne constituent pas une classe politique digne de ce nom, tant les personnalités choisies sont liées aux autorités de la France coloniale.
Vient s'ajouter à cela un élément important, favorable au Vietminh, celui de la victoire des communistes emmenés par Mao Tsétoung en Chine, en 1949. Les communistes chinois peuvent ainsi, dès leur prise de pouvoir, fournir un appui logistique et militaire au Vietminh avec l'envoi de conseillers et d'armement lourd. Giap peut alors faire passer ses troupes du statut d'unités de guérilla à celui d'une armée de type plus classique.
Et, en octobre 1950, Giap inflige une défaite cruciale au corps expéditionnaire français sur la route coloniale No 4, qui longe la frontière chinoise. Néanmoins, il devra encore attendre jusqu'en 1954 pour terrasser définitivement son adversaire. Au prix d'une énergie inouïe, les soldats vietminh mettent trois mois pour acheminer et monter des pièces d'artillerie sur les collines entourant le camp retranché de Diên Bien Phu, commandé par le général Navarre. Le siège de Diên Bien Phu dure 56 jours exactement, soit du 13 mars au 7 mai 1954, date de la capitulation française.
Les accords de Genève, signés par les belligérants et les grandes puissances d'alors le 21 juillet 1954, instaurent un cessez-le-feu et la partition du Vietnam en deux zones, de part et d'autre du 17me parallèle : la République démocratique du Vietnam (au nord,dirigée par Hô Chi Minh) et la République du Vietnam (au sud, dirigée par Ngo Dinh Diem). Ces mêmes accords prévoyaient la tenue d'un référendum national qui fut refusé par Diem, ce dernier craignant la poussée des sympathisants vietminh au Sud-Vietnam. Dès lors que le but avoué d'Hô Chi Minh fut toujours l'unité et l'indépendance de son pays, on pouvait s'attendre à ce que le conflit se poursuive. Les Américains prirent la place des Français au Sud-Vietnam, la guerre s'intensifia de plus belle, jusqu'à la défaite des Etats-Unis, le 30 avril 1975, date de la réunification du Vietnam sous un régime communiste. Mais ceci est une autre histoire.
Cette page d'histoire douloureuse définitivement tournée, le Vietnam d'aujourd'hui renoue des contacts avec l'ancien colonisateur. Le président français s'est d'ailleurs rendu au Vietnam, scellant une réconciliation bénéfique pour les deux pays. Mais les dragons asiatiques n'ont pas attendu la venue de la France ou la levée de l'embargo des Etats-Unis pour investir en ex-Indochine, et ceci dès 1986, année durant laquelle fut mis en place le "doi moi" (renouveau), c'est-à-dire la politique d'ouverture du Vietnam aux investisseurs étrangers. Une ouverture cautionnée même par des vieilles gloires telles que le général Vô Nguyên Giap puisque celui-ci déclarait en mars dernier devant un parterre de journalistes: "J'aimerais maintenant voir des Diên Bien Phu économiques".
Si les relations commerciales sont bien évidemment vitales pour les trois pays ayant appartenu à l'Indochine (Laos, Vietnam, Cambodge), des liens culturels se recréent également. Des initiatives sont prises, par la France en particulier, pour restaurer un espace francophone au sein de ces pays où l'anglais, langue commerciale adoptée par tous les voisins asiatiques du Vietnam, tend à prendre l'ascendant sur les autres langues étrangères.
Cédric Matthey (publication de 1994)
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