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En 1946, le chansonnier, humoriste et écrivain Pierre Dac (1893-1975) nous relatait la bataille de Bouvines dans son journal hebdomadaire, L'os libre (Pour tout ce qui est contre. Contre tout ce qui est pour.)

Et si c'était lui qui nous disait la vérité ? Malgré son humour, l'auteur ne parle pas de sandwich Otton, car vous l'aurez deviné, en 1214, ce poisson n'était pas encore disponible sur les étals.

 

 

publicité de 1946 pour L'os libre

 

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BOUVINES 1214

 

 

LA BATAILLE DE BOUVINES
(Avant-première)


Le Roi d’Angleterre avait formé contre Philippe-Auguste une coalition où se trouvaient deux vassaux du roi de France, les comtes Ferrand et Renaud (deux bonnes pâtes)*. L’empereur d’Allemagne Othon IV était également dans le coup.


Ceci se passait le 27 juillet 1214, Or c’était un dimanche et il s’en fallut de peu que nous n’ayons pas de bataille de Bouvines. En effet, à cette époque, on ne se bagarrait jamais le jour du Seigneur. Le samedi, à minuit, on suspendait les hostilités. Le dimanche matin, les adversaires assistaient en chœur à la messe et se retrouvaient l’après-midi sur la place du village où ils faisaient une partie de pétanques avec les boulets qu’ils se catapultaient le lendemain sur le coin de la fiole. Le soir, ils se quittaient, navrés, en se disant : A dimanche prochain… Peut-être… Le lundi, à la première heure, et que je t’estoque et que je te taille ! Tout était, en quelque sorte rentré dans l’ordre.


Comment donc se fit-il que la bataille eut lieu ? Tout simplement parce que l’empereur d’Allemagne avait arraché de son calendrier deux feuillets à la fois. "Quel jour Othon ?", lui demanda un bouillant capitaine. L’empereur répondit naturellement : "Lundit" et donna l’ordre d’attaquer. Il lança ses troupes à la poursuite des Français établis près de Cambrai. Ce fut la fameuse erreur que les historiens désignent comme la bataille de Cambrai.


Les deux armées se trouvaient face à face. Les Allemands avaient le soleil dans les yeux. "Tirons le côté au sort !", s’écria Philippe-Auguste, très chevaleresque, et il sortit une pièce de monnaie : "Pile pour nous !", rugit-il en la lançant. La pièce tourna dans l’air…Etait-elle pipée ou non ?... Comment retomba-t-elle ? Qui gagna la bataille ? Vous le saurez la semaine prochaine.

 

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* l'auteur fait référence à une marque de pâtes alimentaires de l'époque.

 

 

 

 

LA BATAILLE DE BOUVINES
(Suite et fin)

 

Philippe-Auguste avait lancé très haut la pièce qui tournait toujours dans l’air. C’était une pièce à son effigie. Si elle tombe sur ma face, pensa-t-il, je ferai une drôle de gueule !... La pièce tomba pile et les Français gardèrent le côté où ils se trouvaient, ceci pour la durée de la première mi-temps.

 

Les trompettes sonnèrent et la bataille s’engagea. Il y avait prou de preux. Les chevaliers s’apostrophèrent : "Viens donc si t’es pas un lâche !... Dégonfleur :… Ben quoi Phi-Phi, tu te déballonnes ?... Atome désagrégé !..." Bientôt, ce fut une mêlée confuse, un pluriel de combats singuliers. Au pied d’un marronnier, des cavaliers se châtaignaient !

 

Soudain, l’attaque de fantassins ennemis prit Philippe au dépourvu. Il fut entouré, harponné par le crochet d’une pique et tomba sur le sol dans un horrible fracas de ferblanterie. Les fantassins se jetèrent sur lui et cherchèrent, de leurs poignards, les défauts de la cuirasse. Ils y passèrent une heure sans parvenir à trouver un seul joint. Tranquille, car il s’habillait à "La Belle Chaudronnière"*, Philippe s’était endormi…

 

L’arbitre siffla la mi-temps. Les Français réveillèrent leur roi, le remirent à cheval et on changea de côté. Dès la reprise, les Français prirent l’avantage. L’empereur Otton eut son cheval tué sous lui. Un de ses suivants lui passa le sien. "Otton, nous de là !" s’écria-t-il en joignant la fuite à la parole. L’évêque de Beauvais, une massue à la main, se demandait s’il pourrait respecter la loi de l’Eglise interdisant aux prêtres de verse le sang quand vint à passer le comte de Salisbury, juste à sa portée : "Pardonnez, mon frère, je dirai une messe pour le repos de votre âme…" Et il lui fracassa le crâne.

 

Les Français étaient vainqueurs. Interviewé, Philippe-Auguste déclara : "Le meilleur a gagné, mais nous avons eu une de ces chances ! Une Bouvines de… pendus !"

 

 

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* un lin d’œil à La Belle Jardinière, grand magasin de confection, ouvert à Paris en 1824.

 

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En 1987, un quotidien suisse écrivait à propos de Pierre Dac :

 

Petites annonces de "L'os à moelle" :

 

Si vous avez un petit coup de déprime, courez vite acheter "Les petites annonces de L'os à moelle" par Pierre Dac: c'est le rire assuré. Jugez en avec celle-ci, parue dans le tout premier numéro de "L'os à moelle" le 13 mai 1938: "On demande cheval sérieux connaissant bien Paris pour faire livraisons tout seul"... Dans les numéros qui suivirent, c'est par centaines que fleurirent les petites annonces du type : "Caissier aisé depuis peu cherche place de directeur, instruction soignée, bonnes performances. Libéré dans deux jours, "Apprenti maçon désirant s'élever, construirait building pendant heures de loisir", "Homme de main cherche emploi pour aujourd'hui..."
Avec les "Pensées" de Pierre Dac, déjà éditées, ces petites annonces représentent la quintessence de l'humour loufoque, à la fois par leur conclusion et leur effet de choc. Pour certains, ces petites annonces seront une découverte et pour d'autres une redécouverte, mais c'est un ouvrage qu'il ne faut à aucun prix ignorer sous peine de mourir idiot...

 

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à droite : la pochette du 45T d'un de ses grands sketches avec Francis Blanche, "Le sâr rabindranath duval" (ici l'engistrement lors d'un Musicorama d'Europe 1 en 1964)

 

 

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