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La catastrophe de Bhopal survient dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984. Elle est la conséquence de l'explosion d'une usine d'une filiale de la firme américaine Union Carbide produisant des pesticides et qui a dégagé 40 tonnes d'isocyanate de méthyle dans l'atmosphère de la ville.

 

 

 

 

Publié en décembre 1984 :

 

Deux semaines après l'explosion d'un dépôt de gaz à Mexico qui a provoqué 452 morts, une fuite de gaz survenue lundi dans une usine de pesticides de Bhopal (centre de l'Inde) a fait au moins 430 morts. Mais, selon des médecins, le nombre de victimes pourrait dépasser 600 sur une population totale de 700.000 habitants.
M. Sudip Banneyee, directeur de l'information de l'Etat du Madhya-Pradesh, a déclaré que l'on avait dénombré, outre les 269 morts, 4.000personnes gravement intoxiquées. Dix mille autres habitants de Bhopal, la capitale de l'Etat, ont reçu des soins à l'hôpital tandis que des centaines de cadavres d'animaux, chiens, chats, vaches et oiseaux jonchaient les rues.

La fuite de gaz, survenue peu après minuit dans une cuve souterraine de stockage, a surpris la plupart des habitants dans leur sommeil. L'usine, propriété d'une filiale indienne de la compagnie américaine Union carbide, a été construite il y a sept ans dans la vieille ville, non loin de bidonvilles. Elle produit des pesticides pour l'agriculture.

La police a interdit l'accès de la ville à tout véhicule et les hôpitaux étaient contraints, faute de place, à soigner les victimes sur les pelouses. M. S. Kuaraswamy, directeur régional d'Union carbide, a dit à Bhopal à des journalistes que la pression était montée à l'intérieur de la cuve, entraînant la rupture d'une valve.

 

M. V. P. Gokhale, directeur exécutif d'Union carbide, a déclaré que le gaz toxique était de l'isocyanate de méthyle, qui peut tuer quelle que soit la durée d'exposition, et que la fuite avait été colmatée au bout d'une heure. Toutefois, des habitants rapportent que la fuite a duré trois heures et demie, jusqu'à ce que la cuve soit vide. La cuve qui a fui contenait environ 30 tonnes d'isocyanate de méthyle qui se gazéifie au contact de l'air à 21 degrés celsius, a dit un porte-parole de l'usine. M. Kumarashwamy a précisé que le gaz s'échappant de la cuve devait normalement être neutralisé par de la soude caustique mais que la montée soudaine de la pression avait empêché le dispositif de sécurité d'absorber tout le gaz s'échappant de la cuve.

L'usine, qui emploie 800 personnes, produit quelque 5000 tonnes de pesticide par an. Selon des témoins, un vent du sud a répandu le nuage de gaz sur une superficie de 50 km2. La plupart des morts étaient de jeunes enfants ou des vieillards dont le cœur n'a pas résisté. Dans un rayon de 10 km autour de l'usine, la population s'est réveillée, toussant violemment et éprouvant de la difficulté à respirer. Les personnes souffraient également de conjonctivite et de vomissements. Selon la police, quelque 20.000 habitants se sont enfuis et on dénombre plusieurs accidents de la route. Les victimes sont arrivées à l'hôpital, l'écume aux lèvres et souffrant atrocement. Les médecins ont rapidement été débordés par l'affluence et, dans les heures qui ont suivi, se sont trouvés à court de médicaments. Selon des témoins, des parents des victimes ont tenté d'attaquer M. Rev Nath Chaure, ministre de la santé de l'Etat, lorsqu'il s'est rendu dans un des deux hôpitaux. Un porte-parole de la police deBhopal a annoncé que six cadres de l'usine, dont l'adjoint au directeur des travaux, le directeur de la production et le surveillant avaient été arrêtés. Ordre a été donné de maintenir les pharmacies ouvertes et des appels au calme ont été lancés à la radio. Le gouvernement a ouvert une enquête.

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Des hommes, des femmes et des enfants agonisants affluaient encore nombreux mardi matin dans les hôpitaux bondés de Bhopal, (centre de l'Inde), plus de 24 heures après la fuite de gaz toxique qui a fait au moins 1200 morts, selon des témoins et des sources médicales sur place. Officiellement le bilan provisoire fait état de 500 morts. Selon les sources médicales sur place, 2000 à 3000 personnes sont actuellement hospitalisées dans un état sérieux et le nombre de personnes touchées par la catastrophe s'élève officiellement à 200.000 personnes, soit le quart de la population de la ville

PREMIÈRES VICTIMES
"Il n'y a pratiquement aucun foyer qui ait été épargné dans le quartier populeux où est située l'usine" d'où s'est échappé le gaz mortel, ont indiqué des témoins, précisant que les enfants et les personnes âgées avaient été les premières victimes de la catastrophe. Des dizaines de personnes, les yeux purulents et la bouche écumante, sont encore acheminées dans les principaux hôpitaux de la ville par les moyens de transport les plus divers : charrettes à bras, tracteurs, camions, autobus, taxis. A l'hôpital Hamidia, le principal de la cité, des cadavres gisent épars sur le sol, la morgue ne pouvant plus contenir de corps. Des dépouilles sont placées dans un jardin, à moitié recouvertes d'un linge blanc. Un papier avec le nom du mort a été fixé sur le front de chaque cadavre. Une femme tente de reconnaître son mari: "Où est-il? Ils l'ont amené la nuit dernière, mais je ne peux pas le retrouver".

PAS ÂME QUI VIVE

"Des cadavres gisent encore dans de nombreuses habitations, certains en dehors de la ville. Les habitants ont fui, mais sont morts sans avoir pu échapper au gaz", a déclaré un survivant. Mardi matin il n'y avait pas âme qui vive dans les bidonvilles qui bordent l'usine de pesticide du groupe américain d'où s'estéchappé le gaz. Cette partie de la ville abritait quelque 4000 personnes. Tous avaient fui ou étaient morts. "Il n'y a pas eu moyen de freiner le développement des bidonvilles. Ils se sont formés en l'espace de six ans. Nous avions pourtant prévenu le gouvernement du danger auquel ils étaient exposés avec la proximité de l'usine", a indiqué le maire de Bhopal, M. K. Bisariya. Des milliers d'hommes, de femmes et même des enfants, ont parcouru jusqu'à trente kilomètres pour échapper au gaz mortel. "C'était comme si la population de Bhopal tout entière fuyait. Certains mouraient en chemin", a indiqué un rescapé qui a parcouru dix kilomètres pour échapper au gaz.

 

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