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Noël 496 ! Date immortelle du baptême de la France, car ce n’est pas seulement le roi qui devient chrétien, c’est tout le peuple franc !
Clovis vainqueur n’attendit point, pour s’instruire de la religion, d’être arrivé à Reims. En traversant la cité de Toul, ayant entendu célébrer à l’envi les vertus angéliques de saint Waast, qui vivait dans un ermitage, sur les bords de la Meuse, il le pria de venir jusqu’à Reims avec lui pour l’instruire et le préparer en chemin à l’acte religieux qu’il méditait. Le Saint se rendit aux désirs du roi et, tout en chevauchant à son côté, il lui apprenait la doctrine de l’Eglise catholique, principalement le mystère de la Sainte Trinité, car les Ariens, qui professaient des erreurs monstrueuses touchant la génération divine du Verbe, étaient nombreux dans les Gaules, et la sœur même de Clovis, la princesse Lantilde, était infestée du poison de l’hérésie. A Vouziers, on rencontra un pauvre aveugle, et le Bienheureux, le touchant, le guérit aussitôt. Ce miracle acheva d’ouvrir les yeux du roi. Waast accompagna Clovis jusqu’à Reims, où saint Remy, évêque de cette ville, l’attacha à son église. Le vénérable pontife acheva l’œuvre commencée par l’ermite. Il sut captiver, par l’onction de sa parole, l’attention du roi qui l’écoutait avec passion. L’ardeur de la foi s’alluma si fortement dans le cœur de Clovis qu’il se fit apôtre de ses sujets avant même d’être baptisé. Il assembla les grands de la cour et toute son armée, leur montra la folie du culte des idoles et les sollicita de ne plus adorer qu’un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre.
— Pieux monarque, s’écrièrent les Francs, nous abjurons le culte des dieux mortels ; nous voulons servir le Dieu immortel que Remy et Clotilde adorent.
Noël approchait, date fixée pour le baptême. Sous la direction de l’évêque de Reims et des évêques voisins : saints Solan de Chartres, Principius de Soissons, saint Waast et un grand nombre d’autres prêtres instruisirent et préparèrent les âmes de cette foule avide de connaître l’Evangile. Un jour, pendant qu’on leur racontait l’histoire de la Passion de Notre-Seigneur, les Francs ne pouvaient maîtriser leur indignation ni retenir leurs larmes, et Clovis s’écria : "Ah ! si j’avais été là avec mes Francs !"
La veille de Noël, au soir, saint Remy passa de longues heures en prière devant l’autel de la Sainte Vierge, dans l’église de Sainte-Marie, et sa prière, restée dans la mémoire nationale, fut traduite par saint Bernard en cet adage chrétien : Regnum Galliae, regnum Mariae (Royaume de France, royaume de Marie ). Pendant ce même temps, la pieuse reine Clotilde, prosternée dans l’oratoire de Saint-Pierre, tout près de la demeure royale, vouait officiellement, et comme reine, son époux et son royaume au Chef de la sainte Eglise catholique. Dieu exauça leurs supplications, car, de ce jour, la France, ce royaume de Marie, devint la fille aînée de l’Eglise.
A l’aube de Noël, lorsque le roi, la reine et leur cour étaient réunis autour de saint Remy, dans l’oratoire de Saint-Pierre, une lumière céleste resplendit et une voix se fit entendre : "La paix soit avec vous. C’est moi, ne craignez point ; persévérez dans mon amour." Alors, au milieu de l’émotion générale, le pontife se leva, et comme illuminé par l’esprit prophétique, prononça ces paroles : "Votre postérité gouvernera noblement ce royaume. Elle glorifiera la sainte Eglise et héritera de l’empire des Romains. Elle ne cessera de prospérer tant qu’elle suivra la voie de la vérité et de la vertu. Mais la décadence viendra par l’invasion des vices et des mauvaises mœurs ; car c’est ce qui précipite la ruine des royaumes et des nations."
Le moment était venu. Le cortège se dirigea vers la basilique de Saint-Martin, située hors des portes de la ville. Tout le parcours était tendu de riches tapisseries et de guirlandes ; des parfums embaumaient l’atmosphère. En tête de la procession, étaient portés les saints Evangiles et la croix. Le chœur des clercs chantait des hymnes et des litanies. Saint Remy conduisait le roi par la main ; puis venait la reine, ayant à ses côtés les deux sœurs du roi ; et, à la suite, les principaux de la cour, les chefs de l’armée, plus de trois mille catéchumènes et la multitude du peuple. Arrivé sur le seuil de la basilique resplendissante, Clovis, ébloui, s’écria : "Père saint, est-ce donc là le royaume de Dieu que vous m’avez promis ? — Non, mon fils, répondit l’évêque ; ce n’est que l’entrée du chemin qui y conduit."
Clovis s’approcha de la piscine baptismale et demanda humblement le sacrement de Baptême. Saint Remy lui fit confesser publiquement sa foi aux mystères de la religion, puis, devant la foule immense et recueillie, le pontife versa l’eau salutaire de la régénération sur le front du monarque en lui disant : "Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré." Et Clovis répond, d’une voix distincte : "J’adore le vrai Dieu, qui est le Père, le Fils et le Saint- Esprit."
En cet instant, il arriva que le clerc chargé de présenter le Saint Chrême avait été séparé du cortège sans pouvoir le rejoindre, tant la foule était compacte, et la cérémonie était interrompue, lorsque, au milieu de l’angoisse générale, saint Remy vit une blanche colombe descendre de la voûte du temple et lui présenter une petite ampoule remplie de Saint Chrême. Le pontife comprit que c’était un don du ciel; il versa l’huile sainte dans la piscine, baptisa le royal néophyte en disant : "Louis (ou Clovis), je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit", et le sacra; puis il le revêtit de la robe blanche du baptême.
On procéda ensuite à l’abjuration d’une sœur du roi qui était arienne, ainsi qu’au baptême d’une autre de ses sœurs, encore païenne. Pontifes et prêtres s’employèrent alors à baptiser aussi les nombreux guerriers et les autres Francs qu’ils avaient instruits et préparés avec tant de zèle.
Le baptême de la France était accompli.
Nota. — La fiole d’huile miraculeuse apportée à saint Remy par la colombe servit au sacre de nos rois jusqu’à la Révolution. On l’appelait la sainle Ampoule. Les commissaires de la Convention la firent briser. Il n’en reste plus que quelques débris, encore couverts de baume, que conserve avec respect le Trésor de la cathédrale de Reims.
article publié en 1912
la Sainte Ampoule
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