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18.000 fr. PAR MOIS - PAS DE QUOI ME PAYER DES FRUITS A 120 FRANCS LE KILO
Mlle Alice Dubois a vingt-six ans. Elle est orpheline et vit seule à Paris. Elle travaille comme vendeuse chez un joaillier. Elle loge dans une chambre meublée relativement confortable.
RESSOURCES Salaire Guelte
Cette guelte représente le minime pourcentage dont on fait ristourne à Mlle Dubois sur les ventes qu’elle effectue. |
15.000 3000
Total 18.000 |
DEPENSES Nourriture Chambre (loyer, électricité et chauffage compris) Transports Entretien et vêtements * Distractions, journaux, divers
* La maison qui l'emploie exige qu’elle soit impeccablement habillée. Les 2.000 francs qu’elle alloue mensuellement à sa toilette (et à ses chaussures) sont bien peu fie choses. Une de ses amies, petite main chez un grand couturier, lui fait ses robes et manteaux à bon compte. Mais les tissus ne sont pas gratuits. Et chacun connaît le coût des ressemelages. |
10.000 4.000 1.000 2.000 1.000
Total 18.000 |
Mlle Dubois joint les deux bouts en se privant sur sa nourriture. C’est une "midinette" qui ne mange à midi qu’un sandwich, arrosé d’un verre de lait pris dans un "milk bar. Ce régime n’est pas fait pour la remettre de la bronchite qu’elle traîne depuis l’hiver dernier.
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22.000 fr. PAR MOIS - NOUS NOUS PRIVONS POUR ACHETER LES BOUILLIES DES GOSSES
M. Martin, vingt-huit ans, et Mme Martin, vingt-sept ans, ont deux garçons : Pierre, quatre ans et demi, et André, vingt-sept mois. M. Martin est ouvrier cartonnier. Ils logent dans deux petites pièces, donnant sur cour.
RESSOURCES Salaire Salaire unique et allocations familiales
M. Martin gagne 91 fr. 50 de l’heure, et il travaille 40 heures par semaine. Il bénéficie d’une prime mensuelle de transport de 500 fr. On lui retient 6 % pour la Sécurité Sociale. |
15.000 7.850
Total 22.850 |
DEPENSES (mois de mai) Nourriture Entretien, habillement, hygiène Logement, chauffage, transports Loisirs, culture, quêtes, cotisations * Dépenses réelles en frais médicaux **
* M. et Mme Martin sont des militants du Mouvement Populaire des Familles. Cette dernière somme représente en grande partie les dépenses occasionnées par leur activité au sein du mouvement (cotisation, journal, correspondances, etc.) ** Cette somme représente la différence entre les dépenses brutes et les frais remboursés par la Sécurité Sociale. |
13.456 4.321 3.090 2.529 1.921
Total 25.317 |
Pour le mois de mai, le budget de la famille Martin accuse donc un déficit de 2.467 fr. Et ceci, bien qu’on n’ait fait aucune dépense extraordinaire et qu’on se soit privé non seulement de tout superflu, mais souvent du nécessaire (pas de vin et pas de viande un jour sur deux, par exemple). Le déficit a été comblé par une avance sur la paye à venir. Depuis mai, le trou s’est agrandi. Bientôt M. Martin sera débiteur d’un mois entier à son patron.
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3.917 fr. PAR MOIS - SI VOUS M’ÉCRASIEZ, BEAUX SEIGNEURS, CETTE VIE DE MISÈRE SERAIT FINIE
Mme Durand, soixante-sept ans, est une "économiquement faible". Son mari était représentant de commerce ; en mourant, il ne lui a laissé ni retraite ni capital. Elle a pour toutes...
RESSOURCES Retraite des vieux (par an). 47.000. Soit par mois |
3.917 |
DEPENSES Loyer mensuel Eau, électricité
Reste pour : Nourriture et entretien soit : 97 fr. 25 par jour |
900 100
2.917 |
Mme Durand cherche depuis longtemps, mais vainement, un petit emploi. Quand elle se présente pour faire des ménages, on lui répond : "Vous êtes trop âgée". Le plus clair de la nourriture de Mme Durand est constitué par son quart de lait quotidien. Deux jours par semaine, elle ne mange qu’un peu de pain avec cinq morceaux de sucre.
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28 .000 fr. PAR MOIS - DES VACANCES A LA MER CE N’EST PAS POUR NOUS
M. Dupont, vingt-neuf ans, appartient aux cadres ; il est agent technique industriel. Mme Dupont, vingt-six ans, lui a donné une charmante fillette, Françoise, qui vient d’avoir trois ans. Ils logent dans deux pièces insalubres (l’une est minuscule et l’autre est une sorte de couloir, dont l’extrémité est aménagée en "cuisine"). M. Dupont a deux costumes qu’il fait durer depuis trois ans. Mme Dupont confectionneelle-même ses vêtements et ceux de Françoise.
RESSOURCES Salaire (déduction faite de toutes retenues) Salaire unique et allocations familiales
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25.635 2.400
Total 28.035 |
DEPENSES Nourriture Logement (loyer, gaz, électricité, eau, assurance incendie) Remboursement de prêt à famille * Transport du père Argent de poche du père ** Argent de poche de la mère *** Entretien de la maison (nettoyage, vaisselle, aménagements) Entretien et achat de vêtements et chaussures. Santé (produits pharm. et de toilette)
* Des parents ont prêté aux Dupont 50.000 fr. pour verser un "pas de porte" afin d’obtenir leur appartement. ** M. Dupont est obligé d’acheter un journal quotidien. Il n’entre jamais au café et s’astreint à ne fumer que deux cigarettes par jour. *** transport et frais accessoires pour Françoise: goûter, jouets |
13.000 3.000 2.000 1.600 400 625 2.000 2.000 1.000
Total 25.625 |
Le salaire unique est entièrement réservé à Françoise. Les Dupont mangent mal pour joindre les deux bouts ; ils se privent de toute distraction et de toute dépense non strictement indispensable. Si la vie augmente de 5 %, les Dupont ne pourront plus "joindre les deux bouts"
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LES QUATRE BUDGETS QUE NOUS CITONS SONT RIGOUREUSEMENT AUTHENTIQUES
Ils ne proviennent ni de cas extrêmes, ni de cas particuliers ; ils sont le fait de la plus grande partie des populations urbaines et suburbaines. Les campagnes ont aussi leur prolétariat, dont les problèmes aux aspects très divers rejoignent en définitive ceux des prolétaires urbains.
Les noms propres sont fictifs, nos interviewés désirant garder l’anonymat.
reportage de "La Vie Catholique" publié en 1949
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VOUS TROUVEREZ CI-DESSOUS UN TABLEAU DE L'EVOLUTION DES PRIX DATANT DE 1948
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N'oublions pas aussi qu'en 1949...
La première session de l'Assemblée consultative, qui devint plus tard l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), se tint le mercredi 10 août 1949, dans l'aula du Palais universitaire, place Brant, à Strasbourg.
Cela allait nous offrir, par la suite, de bonnes et de mauvaises directives, lois, ... (chacun jugera !)
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