Chaque année, le 24 octobre est célébré comme la Journée des Nations Unies, en commémoration du 24 octobre 1945, date de l'entrée en vigueur de la Charte de l'O. N. U.

article publié en 1965

Si l'idée d'une union entre les nations pour préserver la Paix est l'une des idées-forces du XXe siècle, elle n'est pas née avec notre siècle. Avant l'Organisation des Nations Unies, avant la Société des Nations, l'Histoire a connu diverses organisations d'États. La plus célèbre fut la Sainte Alliance, née du Congrès de Vienne en 1815 et qui groupa les puissances victorieuses de la France. Ces États entendaient décider en commun des mesures à prendre pour maintenir la Paix et préserver l'équilibre européen, tel qu'il avait été établi à la fin des guerres napoléoniennes.

Au " siècle des lumières", un projet pour rendre la paix perpétuelle. En fait, la Sainte Alliance représentait une coalition d'États plus qu'une véritable organisation internationale. On était loin encore des plans de paix universelle imaginés par certains penseurs des siècles précédents et notamment par les philosophes français du XVIIIe siècle. C'est ainsi qu'en 1713 un projet détaillé pour "rendre la paix perpétuelle en Europe" avait été mis au point par l'abbé de Saint-Pierre (1658-1743).

Ligue de souverains, la Grande Alliance devait appliquer les décisions d'un congrès permanent; elle était dotée d'une force armée et d 'un tribunal, tous deux internationaux.

Premières organisations internationales.

Des organisations internationales à caractère technique virent le jour dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les États eurent alors à résoudre des problèmes nouveaux liés au développement international des moyens de communication, du commerce, etc. Dans différents domaines, il ne leur était plus possible de vivre en « vase clos », mais il leur était indispensable de s'entendre, même si sur le plan politique cette entente était impossible.

Quelques étapes importantes dans la création de ces organisations internationales à caractère administratif ou économique méritent d'être signalées :

— 1865 : création de l'Union télégraphique universelle. Cette union groupe vingt nations. Un bureau international est installé à Berne. Il a vocation non seulement de coordonner, mais même de légiférer dans le domaine des télécommunications pour tous les États membres de l'Union.

— 1875 : création du Bureau international des Poids et Mesures.

— 1878 : création de l'Union postale universelle. L'acheminement du courrier de pays à pays se faisait dans le plus grand désordre. L'Union postale universelle va mettre fin à cette anarchie en édictant des règles valables pour tous les pays.

— 1890 : création de l'Union sur les chemins de fer, à vocation de coordination.

— 1899 : Conférence internationale de La Haye, qui étudie les moyens de sauvegarder la Paix et institue une Cour permanente d'arbitrage, devancière de l'actuelle Cour internationale de Justice.

— 1904 : création de l'Office international de la Santé publique. Il s'agit d'un organisme à vocation sanitaire, doté de pouvoirs et de moyens lui permettant d'intervenir efficacement dans la lutte contre les épidémies.

D'autres organismes, plus restreints, furent créés pour régler les problèmes posés par l'utilisation de certaines grandes voies de communication (on peut rappeler à ce propos que, dès 1815, les Traités de Vienne avaient institué une Commission Centrale du Rhin) ou encore pour unifier certaines règles administratives, telles celles relatives à la protection des brevets industriels(1883) ou des droits d'auteurs (1884). Toutes ces organisations (simples commissions ou organismes à vocation plus étendue) reflètent bien les transformations de la vie internationale à l'époque contemporaine. La société internationale classique, composée d'États totalement souverains et indépendants, doit rechercher de nouvelles structures, mieux adaptées aux réalités modernes. Si ces organisations techniques peuvent être considérées comme les premières et véritables organisations internationales, c'est évidemment parce qu'il s'agit d'associations d'États, mais c'est surtout parce qu'elles bénéficient de pouvoirs indépendants de ceux de ces États et qu'elles peuvent exercer ces pouvoirs grâce à des organes qui leur sont propres.

La Société des Nations.

A l'issue de la première guerre mondiale, il apparut nécessaire de faire plus. Le conflit qui avait ensanglanté le monde exigeait que des mesures fussent prises pour empêcher qu'il se renouvelât. Pourquoi ne pas étendre au domaine politique ce qui avait été tenté et réussi dans des domaines plus restreints ? Dans son message en 14 points au Congrès américain, le 8 janvier 1918, le président Wilson proposa la création d'une Société Générale des Nations ayant pour but de fournir des "garanties réciproques d'indépendance politique et territoriale aux petits comme aux grands Etats". En 1919, le traité de Versailles consacra la naissance de la Société des Nations (S. D. N.), première organisation universelle à caractère politique.

Installée à Genève en 1919, la S. D. N., qui joua d'abord un certain rôle malgré l'absence des U. S. A. (revenus à une politique isolationniste), et de l'U. R. S. S. (qui n'y fut admise qu'en 1936), suscita un grand enthousiasme. On crut que, grâce à elle, la guerre serait à jamais écartée. En fait, si la S. D. N. réussit à intervenir dans des litiges mineurs (par exemple lors du conflit bulgaro-grec en 1925), elle fut incapable d'imposer le désarmement et d'arrêter la politique d'agression des pays totalitaires.

Le déclenchement de la 2e guerre mondiale consacra la faillite de la S. D. N.

La Charte des Nations Unies

Ses origines.

Une déclaration interalliée du 12 juin 1941, puis la Charte de l'Atlantique du 14 août 1941 soulignent la nécessité d'organiser la Paix, une fois la guerre terminée.

Le Ier janvier 1942, à Washington, 26 États signent la« Déclaration des Nations Unies» : ils s'y engagent à lutter en commun jusqu'à la victoire et déclarent adhérer aux principes contenus' dans la Charte de l'Atlantique.

San Francisco, juin 1945.

Les principes étant ainsi définis, deux conférences (Dumbarton Oaks à Washington, août-septembre 1944; Yalta, février 1945) sont convoquées pour préciser les modalités de fonctionnement d'une organisation mondiale destinée à remplacer la S. D. N. Enfin, à San Francisco, du 25 avril au 26 juin 1945, les représentants de 50 pays se réunissent pour mettre au point définitivement, à partir des travaux précédents, la Charte des Nations Unies, ainsi que le statut de la nouvelle Cour internationale de Justice.

A l'issue de la Conférence de San Francisco, le 26 juin, la Charte est adoptée à l'unanimité et signée par tous les représentants. Elle entre en vigueur le 24 octobre 1945, après ratification par les gouvernements de la Chine, de la France, de l'U. R. S. S., du Royaume-Uni et des États-Unis, ainsi que par la majorité des autres signataires. Depuis lors, le 24 octobre est célébré comme la Journée des Nations Unies.

Le préambule de la Charte.

Les considérations qui ont inspiré les fondateurs de l'Organisation des Nations Unies sont énoncées dans le préambule de la Charte.

Les buts.

Les quatre buts des Nations Unies sont :

a. Maintenir la paix et la sécurité internationales ;

b. Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect de l'égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes ;

c. Coopérer à la solution des problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous;

d. Être un centre où s'harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes.

Les principes.

Afin d'atteindre ces buts, l'Organisation des Nations Unies fonde son action sur les principes suivants :

a. L'Organisation repose sur le principe de l'entière égalité de tous ses membres;

b. Les membres doivent remplir de bonne foi les obligations qu'ils ont assumées aux termes de la Charte;

c. Ils doivent régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques;

d. Ils doivent s'abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, d'une manière incompatible avec les buts des Nations Unies ;

e. Ils doivent apporter à l'Organisation pleine assistance dans toute action qu'elle entreprend conformément aux dispositions de la Charte, et s'abstenir de prêter assistance à un État contre lequel l'Organisation entreprend une action préventive ou coercitive ;

f. L'Organisation doit faire en sorte que les États qui ne sont pas membres des Nations Unies agissent conformément à ces principes dans la mesure nécessaire au maintien de la paix et de la sécurité internationale ;

g. L'Organisation ne doit pas intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État. Toutefois, ce principe ne porte en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues dans le cas de menaces contre la paix, de rupture de la paix et d'actes d'agression.

L'Organisation des Nations Unies comporte cinq organes principaux groupés autour de son Assemblée générale :

— Le Conseil de sécurité ;

— Le Conseil économique et social ;

— Le Conseil de tutelle ;

— La Cour internationale de justice ;

— Le Secrétariat général.