ACCUEIL | L'HISTOIRE | LIBERATION DES CAMPS (1945) |
Il ne faut pas oublier que le mois d'août 1944, symbole de joie et de délivrance, représente aussi le mois des derniers départs des convois de déportation vers l'Est : ils partirent de Paris le 15 août 1944 (le dernier de Loos-lez-Lille, le 2 septembre).
D'août 1944 à mai 1945 se déroule la période la plus meurtrière de la concentration. Les déportés succombent par milliers dans les camps et les kommandos, tandis qu'en France, en Belgique, Norvège, dans tous les pays libérés entre août et novembre 1944, les familles ignorent tout de la réalité concentrationnaire et espèrent les retours.
entrée du camp de Mauthausen
Historique des camps nazis de 1933 à 1939
La déportation, la transplantation des peuples vaincus est aussi vieille que l'histoire du monde. Mais la déportation au cours de la deuxième guerre mondiale offre un caractère unique, étant l'application pratique de l'idéologie nazie formulée dans le livre de Hitler : Mein Kampf, dans les écrits de Rosenberg, de Gœbbels. Au nom d'une idéologie fondée sur la notion de la suprématie de la race germanique, du droit absolu de l'Allemagne à l'hégémonie mondiale et de l'affirmation que les « races inférieures» (juifs, tziganes) doivent être détruites ou domestiquées, les nazis s'arrogent, dès la prise de pouvoir de 1933, le droit de mettre hors d'état de nuire, en Allemagne même, d'abord les juifs, puis les ennemis du régime (de proche en proche : communistes, socialistes, démocrates chrétiens, militants chrétiens, protestants ou catholiques, objecteurs de conscience, etc.), d'une manière générale, tous les antinazis. La prise de pouvoir de Hitler, les annexions qu'il pratiqua de 1935 à 1939 s'accompagnent immédiatement de l'ouverture d'un camp. Il faut bien souligner que les premières victimes de ces camps ont donc été les Allemands eux-mêmes, dont un nombre important a passé douze ans (1933-1945) en camp de concentration.
De 1939 à 1945
Le déclenchement de la deuxième guerre mondiale étend le système concentrationnaire à toute l'Europe occupée sous la férule de la Gestapo [Geheim Staat Polizei : Police Secrète d'État], police secrète et cheville ouvrière du régime nazi : elle peut arbitrairement assassiner, arrêter, déporter sans aucune garantie juridique. Les prisonniers de guerre de tous les pays conquis ont bénéficié de la protection de la Convention de Genève (sauf les prisonniers soviétiques, car l'U. R. S. S. n'avait pas adhéré à la Convention et ses prisonniers ont été soit exterminés, soit versés dans des camps de concentration ou des camps de prisonniers spéciaux analogues à des camps de concentration).
Caractéristiques du système concentrationnaire.
Incarcération arbitraire, aucun recours juridique, aucune possibilité de défense, aucune limite de la détention sauf la mort. Le déporté doit perdre toute personnalité pour devenir un "matricule" à exploiter pour les besoins de guerre du Reich, à détruire quand il ne peut plus produire, à faire disparaître dans la nuit et le brouillard (Nacht und Nebel) quand il est considéré comme dangereux.
De l'arrestation au camp de déportation.
1° L'arrestation (individuelle ou collective). En France, par exemple, les étudiants de la manifestation du 11 novembre 1940 à Paris, les étudiants et professeurs de la Faculté de Strasbourg arrêtés à Clermont-Ferrand, les rafles de Figeac, de Grenoble, tous les juifs français et étrangers par rafles successives ; les arrestations étaient opérées par les services de Vichy, la milice, la Gestapo, etc. En Pologne : la majorité des professeurs de l'Université de Cracovie. Au Danemark : tous les agents de police de Copenhague. En U. R. S. S. : les partisans, etc.
2° L'interrogatoire le plus souvent accompagné de tortures.
3° L'incarcération dans les prisons et les camps de rassemblement. En France : Fresnes, Romainville, Drancy pour les juifs, Compiègne, Montluc (Lyon), Les Baumettes (Marseille), Loos (Lille); toutes les prisons de toutes les villes. En Belgique : Saint-Gilles, camp de Breendonck, etc.
4° Le départ en convoi (trains à bestiaux, 200 par convoi, vers tous les camps d'Allemagne ou leurs kommandos : Buchenwald, Dora, Oranienburg, Dachau, Mauthausen, Flossenburg, Neuengamme, Ravensbruck, Bergen-Belsen, Natzwiller-Struthof (Alsace), Auschwitz-Birkenau (Pologne), etc. L'acheminement vers les camps, les transferts de camp à camp s'opèrent suivant le traitement particulier de certaines catégories de déportés [la grosse majorité des juifs vers Auschwitz, les prêtres à Dachau à partir de 1942, les républicains espagnols déportés du camp de Gurs (Basses-Pyrénées) à Mauthausen, etc.].
Evolution des camps durant la guerre.
A partir de 1941, les Soviétiques affluent dans les camps. L'entrée en guerre de l'U. R. S. S. entraîne un besoin accru de travailleurs étrangers pour remplacer les Allemands envoyés de plus en plus nombreux sur le front de l'est et pour pallier l'insuffisance des résultats du S. T. O.
On constate une double évolution :
a) Utilisation de plus en plus massive des déportés pour les besoins de guerre du Reich (usines secrètes, tunnels, voies ferrées, etc.). Tous les secteurs de l'économie nazie utilisent des déportés. Les firmes s'alimentent en ouvriers dans les camps.
b) Mise en application de la solution finale : extermination à plus ou moins bref délai des juifs par des méthodes de destruction massive dont l'application la plus perfectionnée est Auschwitz.
Janvier 1945 ; Libération d'Auschwitz par les troupes soviétiques. Évacuation mortelle de près de 100 000 déportés d'Auschwitz vers les camps de l'Ouest, à l'approche des troupes soviétiques.
Janvier à avril-mai 1945 : Une des périodes les plus terribles par suite de l'entassement dans les camps, de la famine, du typhus. L'évacuation devant les armées alliées se déroule de mars à mai 1945 sur toutes les routes d'Allemagne. La découverte des camps de concentration par les armées alliées frappe le monde de stupeur. Beaucoup de déportés libérés meurent sur place ou dans des hôpitaux provisoires.
La loi du 14 avril 1954.
Article premier : La République française célèbre annuellement, le dernier dimanche d'avril, la commémoration des héros victimes de la déportation dans les camps de concentration au cours de la guerre 1939-1945.
Art. 2 : Le dernier dimanche d'avril devient "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation". Des cérémonies officielles évoqueront le souvenir des
souffrances et des tortures subies par les déportés dans les camps de concentration et rendront hommage au courage et à l'héroïsme de ceux et de celles qui en furent les victimes.
La population des camps.
Toutes les nationalités sont mêlées, tous les âges (enfants russes et polonais en nombre; de France, seuls les enfants juifs ont été déportés, aucun au-dessous de quinze ans n'est revenu).
Toutes les catégories sociales, ouvriers ou grands noms de France, religieux, officiers, médecins, paysans, etc. Un nombre très important d'enseignants français de tous les degrés ou d'étudiants est mort en déportation.
Les déportés se réclament de toutes les idéologies : croyants ou incroyants, gaullistes ou communistes, socialistes ou syndicalistes, apolitiques patriotes.
On peut distinguer parmi les Français :
1° les résistants actifs appartenant à des réseaux (groupes de résistance en liaison avec Londres), à des mouvements de toutes appartenances politiques ou confessionnelles, de toutes activités (sabotages, renseignements, faux papiers, etc.). En 1944 arrestations massives dans les réseaux et mouvements, par suite de dénonciation d'agents doubles.
2° les personnalités jugées suspectes par leur appartenance politique, idéologique, par leur notoriété.
3° les otages, villages entiers raflés en représailles d'attentats.
4° les juifs français ou de toutes nationalités y compris Allemands réfugiés en France depuis le début des persécutions de 1933. Les juifs connurent le sort le plus terrible, puisque voués à l'extermination.
La mort a été inéluctable pour la grosse majorité d'entre eux. Dès l'arrivée à Auschwitz étaient sélectionnés ceux qui ne pouvaient travailler (enfants, vieillards, femmes enceintes) et immédiatement gazés. Les rescapés hommes et femmes étaient voués à une mort plus ou moins rapide suivant leur degré de résistance. Dès 1942, l'installation de chambres à gaz et de crématoires perfectionnés transformèrent Auschwitz en une gigantesque usine de morts. (On pouvait gazer et incinérer jusqu'à 20 000 corps par jour.)
La récupération de tout ce que possédaient les déportés (cheveux, bijoux, devises, vêtements) s'opérait à l'arrivée, puis sur les cadavres (or des dents) et était acheminée vers les banques et les entrepôts du Reich.
Organisation intérieure et vie quotidienne.
Vaste ensemble, les 13 camps principaux forment un essaim de centaines de kommandos (camps annexes) à travers l'Allemagne, la Pologne, la Tchécoslovaquie. Le règlement émanant de la direction de la Gestapo est uniforme pour tous et pour tous les déportés, hommes et femmes : horaires, régime alimentaire, travail, sanctions, mort naturelle ou provoquée, individuelle ou collective.
Le chef de la hiérarchie des camps est Himmler, depuis 1936. Sous son contrôle chaque camp comporte :
a) une Kommandantur (commandant du camp et ses adjoints) assistée des SS
b) une section politique qui conserve les dossiers des détenus, enregistre les arrivées, les décès...
c) tous les services économiques du camp (alimentation, répartition de la main-d'œuvre dans les kommandos, rapports avec les firmes demandant de la main-d'œuvre I. G. Farben, Siemens, etc.).
Dès leur arrivée, [les détenus sont immatriculés (numéros tatoués sur les bras à Auschwitz), pourvus d'un triangle aux couleurs variant selon les catégories et les nationalités : rouge pour les "politiques", vert pour les "droits communs". Le caractère le plus frappant de l'organisation intérieure des camps, c'est que toute l'administration, l'encadrement sont assurés par des déportés.
Sous le contrôle des SS, ils ont pouvoir à peu près discrétionnaire sur leurs camarades. C'est presque toujours des "droits communs" qui occupent les postes de direction, sauf dans les camps où les "politiques" ont pu s'organiser et leur enlever les places (Buchenwald ou Mauthausen, par exemple).
l'article ci-dessus a été publié en 1960
______________________________________________________________
timbre de 1955 - 10e anniversaire de la libération des camps de déportation
______________________________________________________________
DACHAU (2 mai 1965)
Mgr Beran, archevêque de Prague, a présidé, dimanche , à Dachau, une cérémonie du souvenir. Mgr Beran est lui-même un rescapé du camp de la mort. Plus d'un millier d'anciens détenus ont entendu l'allocution de Mgr Doepfner saluer "ses frères et sœurs de Tchécoslovaquie".
______________________________________________________________
LA CHIENNE DE BUCHENWALD
Ilse Koch, condamnée il y a deux ans, à Dachau, aux travaux forcés à perpétuité, purgeait sa peine à la prison de Landsberg. Libérée par les autorités américaines d'occupation, elle a été remise aux autorités allemandes et incarcérée à la prison pour femmes de Aichah, quatre-vingt-dix minutes plus tard.
Femme de commandement à Buchenwald, elle dépouillait les déportés de tous leurs objets de valeur, envoyait à la chambre à gaz ceux dont le corps était tatoué et se faisait fabriquer des reliutse, des abat-jour, des portes-cartes avec leur peau. Elle parcourait le camp et cravachait celui qui ne s'effaçait pas assez vite sur son passage.
Elle gardera davant l'histoire le sinistre réputation d'une Walkyrie.
article publié en 1949
_________________
Ilse Koch, née Margarete Ilse Köhler le 22 septembre 1906 à Dresde et morte le 1er septembre 1967 à Aichach, surnommée "la chienne de Buchenwald" oula sorcière de Buchenwald", est l'épouse de Karl Otto Koch, le premier commandant du camp de concentration de Buchenwald.
DISCRETE PROTESTATION : un ancien déporté avait mis sa tenue de Buchenwald.
Au match de football gagné hier par la France à Colombes (3 à 1) il y avait 5.000 Allemands venus à Paris pour la circonstance et, dans une tribune, parmi des milliers de spectateurs français en civil, un ex-déporté de Buchenwald "en tenue".
publié en octobre 1952
______________________________________________________________
ACCUEIL | L'HISTOIRE | LIBERATION DES CAMPS (1945) |
bachybouzouk.free.fr