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Dans Le Pèlerin du 26 mars 1939, on pouvait lire :


LA LOI DE LA JUNGLE


Avant tout, conseillait Napoléon, ayez un plan – bon ou mauvais – et suivez-le !... Une fois de plus, cette semaine, Hitler vient de prouver au monde abasourdi qu’il en a un et qu’il le suit… La Tchécoslovaquie – ou tout au moins ce qui en subsistait après les événements de septembre – a été purement et simplement rayée de la carte d’Europe, comme l’Autriche, et annexée à la Grande Allemagne. En vertu de quel droit ?... Le maître du Reich ne s’embarrasse pas de cette question. Foulant aux pieds le droit international reconnu, les plus solennels engagements, ce principe des nationalités dont il se targuait naguère, il taille et se sert, suivant son appétit pangermaniste, son besoin "d’espace vital"… C’est la raison du plus fort, la loi de la jungle… Ainsi place-t-il son pays qui, par tant d’autres aspects, ne manque pas de grandeur, au ban des nations civilisées. Il signifie aux peuples libres, qui conservent encore le sens de l’honneur et de la dignité humaine, qu’entre eux et lui l’ère de la force est ouverte. A-t-on jamais songé à domestiquer un loup, ou, comme l’écrit un confrère anglais, à apaiser un boa constrictor affamé ?

 

 

 

Après le coup de force d’Hitler, nos députés ont tout de même compris qu’ils avaient autre chose à faire que de se bagarrer autour du cas Marty*, où de discutailler sur l’installation défectueuse des latrines dans les camps de réfugiés espagnols… M. Sarraut a expliqué que le rapatriement ne dépendait pas uniquement de nous et que nous n’avions nulle envie de conserver la pègre. Après un vote de 150 millions, pour frais d’hébergement, le débat a été renvoyé sine die et M. Daladier a pu faire entendre la voix de la raison, en réclamant, devant la menace allemande, des pouvoirs spéciaux pour "consolider et accroitre les forces de la France".

 

 

* André Marty, responsable local et dirigeant national du PCF (1923-1939)

 

 

 

Le Pèlerin - 26 mars 1939

 

 

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en fin d'année 1938, on avait écrit :

 

On sait que le grand souci de chaque Allemand est de prouver qu'il est Aryen depuis trois générations au moins. Un de nos amis qui revient de Berlin nous raconte l'histoire suivante :

Le petit chaperon rouge rencontre dans la forêt le grand méchant loup.

— Heil Hitler ! dit la petite fille.

— Heil Hitler ! répond le loup fort poliment. Et où vas-tu comme ça ?

— Je cherche ma grand'mère, fait le petit chaperon rouge.

— Ah ! réplique mélancoliquement le loup, nous en sommes tous là...

 

 

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