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Chacun de nous aime à se remémorer, aux heures de retour sur soi-même, les chansons qu'il chantait aux jours de son enfance. Les chansons sont pareilles à des créatures légères tour à tour gaies, charmantes ou tristes, exquisement éphémères, qui emportent dans leur sillage un parfum de souvenirs. Lequel d'entre nous ne se souvient avec émotion de la fameuse complainte de Malbrough ? (1)
Il m’a semblé intéressant de retracer l’origine et l'histoire de cette vieille chanson française puisqu'elle a pris naissance au Quesnoy (Nord), pays des jolies gens.

 

MALPLAQUET - 11 SEPTEMBRE 1709

L'incapable courtisan et maréchal de Villeroy avait perdu, trois ans auparavant, la bataille de Ramillies contre le général anglais Malbrough. La France était aux abois quand Villars arrêta l'ennemi à Malplaquet, petit hameau français sis à la frontière belge, vers Bavay. C'est alors que Malbrough qui perdit trente mille hommes dans ce combat, prononça ces paroles : "Encore deux pareilles victoires et nous sommes perdus."

C'est aussi à Malplaquet que se place l'anecdote suivante : La comtesse Le Danois, ancêtre des princes d'Aremberg, qui habitait le château de Raismes, apprit que son fils, jeune officier de l'armée française, venait d'être tué à Malplaquet. Elle se rendit sur les lieux, avec sa femme de chambre, en carrosse, pour y rechercher le corps de son fils, qu’elle retrouva nu et dépouillé sur le champ de bataille. La mère en pleurs fit transporter son fils dans son carrosse pour le ramener aussitôt à Valenciennes. Mais, ô surprise ! le mort revint à la vie en cours de route. Le jeune officier n'était que blessé. Sa mère lui prodigua immédiatement des soins dévoués et lui sauva la vie.

 

AU BIVOUAC DU QUESNOY

Une partie de l'armée française bivouaquait au Quesnoy, le soir, après la bataille de Malplaquet. Les routes étaient encombrées de troupes, de convois d'armes et de munitions. On voyait au loin les feux des bivouacs. Des hommes çà et là chantaient. On entendait le roulement lointain des derniers coups de canons. Après toute une série de défaites, l'ennemi était fixé et l'on se reprenait à espérer. Les exploits militaires du duc de Malbrough étaient exaltés outre-Manche, où la Reine et le Parlement lui avaient fait construire le château princier de Bleinheim. Un chansonnier badin que l'échec des Anglais avait mis en verve, chansonna, ce soir-là, au Quesnoy, non sans esprit, le général anglais.

C'est au pied de l'antique beffroi, ressuscité aujourd'hui, de sa grande misère de 1918, que devait éclore en l'an de grâce 1709, la vieille chanson française que nous chantons encore présentement. Les brunes quercitaines (2) d'alors, vraies types d'Espagnoles, durent s'endormir, bercées par la chanson que les soldats chantaient en chœur, aux feux des bivouacs :
Monsieur Malbrough est mort, est mort et enterré.
J' l'ai vu porter en terre par quatre z’officiers…

 

MADAME POITRINE

Cette chanson populaire fit, en un clin d'œil, le tour de l'année française. Puis, comme tant d'autres, la chanson de Malbrough fut oubliée. Seuls, quelques vieux soldats la conservèrent dans leur mémoire et la transmirent à leurs enfants. Elle ne devait reprendre sa vogue qu'en 1781, à la naissance du dauphin, fils de Louis XVI. Sa belle et fraîche nourrice, qui s'appelait Mme Poitrine, endormait l’enfant au destin mystérieux, avec la fameuse complainte qu'elle avait apprise de sa grand'mère. Par snobisme, la cour de Marie-Antoinette, chanta bientôt la vieille chanson qui parcourut le monde. Le jeune Capet, dont la mort reste encore aujourd'hui une énigme, dut bien souvent, dans sa prison du Temple, sous la garde du cordonnier Simon, la fredonner en rêve :
Beau page ! ah ! mon beau page,
Quelles nouvelles apportez ?
Aux nouvelles que j'apporte,
Vos beaux yeux vont pleurer

...

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1 - voir plus bas un extrait des paroles

2 - quercitain : de Le Quesnoy (ville du Nord de la France)

3 - premier dauphin Louis Joseph, fils du Roi de France Louis XVI et de la Reine Marie-Antoinette. Il meurt à l'âge de sept ans et demi, en juin 1789.

 

extrait d'un article de 1937

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Malbrough s'en va-t-en guerre (extrait de la chanson)

 

Malbrough s'en va-t-en guerre,
Mironton, mironton, mirontaine,
Malbrough s'en va-t-en guerre,
Ne sait quand reviendra,
Ne sait quand reviendra,
Ne sait quand reviendra.

Il reviendra à Pâques,
Mironton, mironton, mirontaine,
Il reviendra à Pâques,
Ou à la Trinité,
Ou à la Trinité,
Ou à la Trinité.

...

 

 

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publication de 1960

Malbrough est en fait Lord Churchill, duc de Marlborough (1650 – 1722), ancêtre de Winston Leonard Spencer Churchill

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