L'annonce par Louis XVI de la convocation des états généraux, le 8 août 1788, avait fait naître de grands espoirs parmi les trois ordres, qui espéraient tous, à des degrés divers, en tirer parti. Mais des divergences étaient apparues très vite, notamment sur la représentation du tiers état: devait-elle être égale à celle de la noblesse et du clergé réunis, ou rester minotaire comme dans le passé. La monarchie ne voulut pas trancher: si le doublement des députés du tiers état fut ac -quise, rien ne fut dit avant l'ouverture des débats sur un éventuel vote individuel - et non plus par ordre - qui aurait seul rendu cette mesure efficace. La question ne fut pas davantage abordée lors de la séance solonnelle d'ouverture qui se tint à Versailles le 5 mai 1789, en présence du roi et de toute la cour.

Louis XVI invita les délégués des trois ordres à se préoccuper avant tout de la mauvaise situation financière du royaume, mais en les mettant en garde contre toute innovation imprudente. Le garde des Sceaux, Barentin, poursuivit par un discours très vague sur l'égalité devant l'impôt puis Necker prit la parole. Dans un discours très technique de plus de trois heures, il présenta le déficit budgétaire de l'Etat, mais en restant très prudent sur les remèdes à y apporter. La déception se lisait sur les visages des députés du tiers états, qui avaient espéré l'annonce de réformes politiques et en pemier lieu le vote en commun et par tête lors des délibérations qui allaient suivre: le 5 mai au soir, beaucoup se réunirent par petits groupes et déjà le conflit paraissait inévitable avec les ordres privilégiés.

________________________

Les États généraux se déroulèrent du 5 mai 1789 au 27 juin 1789.