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NOTRE HYMNE DE HAINE (1)
Je vous hais, Allemands ; c’est d’une âme sereine,
Fière d’un sentiment pour elle si nouveau,
Que je veux, répondant à votre Hymne de haine,
Dire l’horreur dont elle est pleine
Pour votre peuple de bourreaux.
Je vous hais, Allemands, pour votre folle rage
A vouloir supplicier notre vieux sol français,
Dans cet espoir, ô Huns, que, suivant votre adage,
Où campaient vos hordes sauvages,
L’herbe ne croîtrait plus jamais.
Je vous hais, Allemands, lorsque je songe aux pères
En présence des fils, par vous assassinés,
Aux femmes, aux vieillards expulsés des chaumières,
Morts de faim, de froid, de misères,
En route ,au revers des fossés.
Je vous hais, Allemands, pour les champs de carnage
En quoi sinistrement vous avez transformé
Mainte ville prospère et maint riant village,
Marquant partout votre passage
Par les incendies allumés.
Je vous hais, Allemands, qui violez les femmes ;
Et ce crime de brute aux autres ajouté
Me fait demander, tant il vous rend infâmes :
Est-ce que vous avez des âmes,
O, rebut de l’humanité ?
Je vous hais, Allemands, dignes fils des Vandales,
Iconoclastes fous que ne pouvait toucher
Le legs d’art et de foi clos dans l’âme ancestrale
Des plus augustes cathédrales
Et du plus modeste clocher.
Je vous hais, Allemands, premiers pillards du monde,
Tous, du dernier soldat jusqu’à Guillaume II,
Encouragés au vol par vos "Gretchen" trop blondes...
Car ils ont, vos soldats immondes,
Des femmes qui sont dignes d’eux.
Je vous hais, Allemands, j’espère, je souhaite
Qu’à travers tous les temps et par tous les pays,
Votre nom d’Allemands, exécrable épithète,
Soit la plus dure injure faite
Aux plus odieux des bandits.
Je vous hais, Allemands, et mon âme latine
Veut qu’un fossé profond me sépare de vous ;
A le combler jamais elle n’est pas encline,
Sachant que courent à la ruine
Les brebis qui hantent les loups.
Je vous hais, Allemands, et ma haine tenace
Est devenue pour moi la seule religion ;
Nos fils vous haïront, et après eux, leur race,
Pour vous tenir à votre place,
Au ban de toutes les nations !...
Paul Samain
Le 1 er Janvier 1915, au milieu des troupes anglaises, devant La Bassée (Nord).
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(1) En réponse à l'Hymne de Haine, écrit par l’Allemand Ernst Lissauer, sur l’ordre de Guillaume II à qui il conféra l’ordre de l’Aigle rouge, 4e classe, avec couronne royale.
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“Haßgesang gegen England” (A Chant of Hate Against England) par Ernst Lissauer
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dessin de Louis Raemaekers, "Thrown to the Swine: The Martyred Nurse" (1915)
Dans ce dessin, des porcs portant le casque à pointe s'attroupent autour du corps d'une femme aux pieds ligotés. Sa blancheur rend éclatante la grande quantité de sang s'échappant soit de son ventre, soit de son dos, sur le sol pâle de la porcherie. Les animaux s'empressent de se délecter de la mare rouge vif, comme en témoigne le mouvement des trois au fond ainsi que leurs visages visiblement enjoués. Le porc faisant dos à l'observateur montre, au bout de sa queue, une Croix de fer – la plus haute décoration allemande décernée pour la bravoure. Le monocle de l'un d'eux évoque la respectabilité (un officier?); les lunettes que porte un autre, l'érudition. Raemaekers attribue à l'infirmière – et, par conséquent, à son sacrifice – une beauté qui détonne vis-à-vis de la laideur des Allemands-porcs qui se jettent sur son corps encore chaud. Ce dessin est un cri du cœur en réaction à l'exécution d'Edith Cavell, infirmière britannique œuvrant à Bruxelles, condamnée à mort le 9 octobre 191591.
"Miss Cavell", 55 ans, a reconnu avoir organisé la fuite de prisonniers alliés vers les Pays-Bas – à l'encontre des règles de la Croix Rouge et des lois concernant l'espionnage de l'armée allemande.
assassinée par les "Huns"
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dessin de Louis Raemaekers
Ce dessin présente plusieurs éléments révélateurs du prix à payer pour refuser de choisir le "bon côté" dans un monde où il faut prendre parti; dans ce cas, le Hollandais ayant accepté de se soumettre en ne combattant pas l'Allemagne est déchu au rôle de chien ("living dog"), en étant contraint de porter une muselière.
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