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Il y a plus de vingt ans, exactement le 13 août 1914, les premiers contingents britanniques débarquaient à Boulogne (1). Il y avait neuf jours que la Grande-Bretagne s’était rangée à côté de la France.
Boulogne vivait dans la fièvre. Des milliers de Boulonnais étaient déjà partis pour le front. Une affiche du maire placardée le matin disait : Aujourd’hui même, les vaillantes troupes britanniques arrivent dans notre ville. Pavoisez, accueillez dignement nos héroïques camarades… Et les premiers soldats anglais foulèrent le sol de France sous les vivats (2) et gagnèrent la colline qui domine la ville.
Cette journée n’a pas été oubliée ni en Angleterre, ni surtout à Boulogne, où elle va être commémorée au cours d’une cérémonie fixée aux premiers jours de septembre et où on verra le Président de la République et le Représentant de la Grande-Bretagne, qui sera probablement le Prince de Galles, inaugurer un imposant mémorial (3).

Sait-on que ce fut ce jour-là, à Boulogne, que les soldats chantèrent pour la première fois It’s a long way to Tipperary, chanson écrite par Jack Judge et Harry Williams, qui allait devenir mondiale, la plus célèbre chanson de guerre avec La Madelon ?
It's a long way to Tipperary,
It's a long way to go.
It's a long way to Tipperary
To the sweetest girl I know!
Goodbye Piccadilly,
Farewell Leicester Square!
It's a long long way to Tipperary
But my heart's right there.
Un journaliste britannique se trouvait là et regardait passer ces milliers d’hommes, ses compatriotes, qui s’en allaient en chantant vers les mâchoires de la mort, comme dit Tennyson (4). Il était sur les marches d’un hôtel, près d’une femme en grand deuil : une des premières veuves de la guerre. Silencieusement, tous deux regardaient, l’interminable défilé des Ecossais, des Gallois, des Anglais et des Irlandais. Leurs chansons consistaient dans les classiques marches militaires anglaises comme Good bye, Dolly ou Soldiers of the Queen.
Soudain on entendit un air plaintif chanté par des chaudes voix irlandaises. La femme en deuil parut émue.
- Oh ! dites, monsieur, quel est cet air ?
- C’est une chanson irlandaise que je ne connais pas, madame. Mais je puis vous traduire les paroles : Elle est longue, bien longue, la route qui mène à Tipperary…
- Ah ! murmura-t-elle, portant la main à sa gorge, c’est en effet bien loin qu’ils s’en vont, si loin, si loin…
Gagné par l’émotion, le journaliste, quand il fit son papier parla surtout de Tipperary. Son article fut câblé partout. Le lendemain, son journal, le Daily Mail, et les Evening News reproduisaient les paroles et la musique.
Et tout le monde chanta désormais cet air.
1 - Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais
2 - "Qu’il vive !", acclamations
3 -
4 - extrait d'un poême de Alfred Tennyson, La charge de la brigade légère

Photos : La statue Britannia qui fut érigée à Boulogne en 1938. Elle fut détruite en juillet 1940 par les Allemands. Elle devait leur rappeler de "mauvais souvenirs" - L’insigne qui fut mis en vente, le 19 mai 1935, pour permettre à tous de collaborer à l’érection du monument.

19 JUILLET 1938 :
Sur les photos : Le yacht royal vient d’accoster, le Roi et la Reine, sur la passerelle s’apprêtent à débarquer – Le Monument Britannia recouvert du drapeau anglais, quelques instants avant l’inauguration – M. Georges Bonnet, Ministre des Affaires Etrangères, présentant les personnalités officielles aux Souverains britanniques après leur débarquement à Boulogne.
Avant leur départ pour la France, des milliers de personnes s’étaient rassemblées devant Buckingham Palace et le long du trajet de la voiture royale, pour acclamer les souverains.
A leur arrivée à Boulogne, ils furent accueillis par la musique du 43e Régiment d’Infanterie. Un important service de sécurité et l’armée avaient été déployés. Le port de Boulogne avait été vidé de ses bateaux de pêche. La foule s’était rassemblée principalement sur les falaises, quai Gambetta. Les alentours du monument, qui avait été recouvert d’un vaste Union Jack, étaient noirs de monde. Une grande tribune avait été dressée à droite du monument. Les musiciens du 43e, les grenadiers de la Garde Royale Britannique formaient le carré à droite du corps consulaire…
A 11 heures, Le Maréchal Pétain arrive. Sur la butte, les drapeaux des sections d’anciens combattants s’inclinent au passage du grand soldat. Ce sera ensuite les allocutions. Le maréchal Pétain et lord Cavan rappelèrent la grande fraternité d’armes des champs de bataille, la réalité de l’Entente Cordiale basée sur la solidarité acquise dans les souffrances communes pour la même cause, le même idéal de défense du droit, de la liberté.
A 12 h 30 entre dans le chenal l’escadre et le yacht Enchanteress. Leurs majestés se tiennent à l’arrière du navire et alors que celui-ci passe devant Britannia, le Roi se découvre. A ce moment-là, le drapeau anglais qui recouvre la statue tombe. Britannia est à jamais franco-anglaise.
Après avoir rejoint la gare maritime, à 12 h 50, les souverains foulent la terre française. Une brève cérémonie a lieu et les Souverains rejoignent leur train spécial qui les emmènera à Paris qui fera au Roi George VI et à la Reine Elisabeth un accueil digne d’un peuple ami, accueil fervent et spontané, auquel s’est associé le pays tout entier.

Photos : l’arrivée du Yacht Royal Enchantress à Boulogne - La Musique de la Garde Royale, suivie des Anciens Combattants britanniques, arrivant au Monument, passent entre deux haies de soldats et marins français.
Texte adapté de plusieurs articles publiés en 1935 dans un quotidien du Nord de la France.
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