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La rentrée scolaire correspond au retour à l'école pour une nouvelle année ou à l'entrée en scolarité pour les petits. Auparavant elle avait lieu le 1er octobre jusqu'en 1960, progressivement la date fut avançée en début septembre*, en compensation de vacances à la Toussaint et en Février. Cette rentrée est synonyme de retrouvailles, de changement de camarades, de changement d'établissement, de changement d'instituteur ou de professeur.

C'est également l'occasion d'avoir de nouvelles fournitures et de vêtements.

 

 

* En raison des travaux des champs dans les campagnes, la fin de l'année scolaire avait lieu mi-juillet et donc la rentrée mi-septembre.

 

 

à droite : couverture du journal Pilote (début des années 1960)

 

 

Comme on peut le voir ci-dessous, en 1931, les vacances scolaires d'été étaient en août et septembre. C'est ce qui explique que les usines fermaient presques toutes en août. Plus tard, la fin d'année scolaire coïncida avec le 14 juillet, puis ce fut fin juin. Cela en fonction du tourisme des vacances. Si les vacances s'adaptaient avec le travail agricole (récoltes, vendanges,... l'appât de l'argent finit par tout changer.

 

dessins et extrait de presse de 1931

 

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Ecoliers d'autrefois (publié en 1918)

 

Les dernières feuilles tombent ; le soleil nous quitte un peu plus tôt chaque soir ; la bise aigre et froide qui commence à souffler nous fait mieux aimer la tiédeur du foyer. C’est l’automne, c’est la fin des vacances!... Les enfants remettent dans la gibecière les livres délaissés et s’acheminent vers l’école. Si accueillante qu’elle soit, elle paraît bien maussade, après les longues semaines de liberté. Mais l’habitude, bien vite, colore tout de douceur. Puis quelle joie d’apprendre, de savoir, de sentir approcher l’heure où l’on sera grand !

 

De nos jours, écoles, lycées et collèges ne se comptent plus. Papas et mamans ont souvent peine à choisir parmi eux. L’instruclion à ses divers degrés est accessible à tous. En était-il de même dans les vieux temps de notre France ? Que non ! Les premiers rois mérovingiens ne savaient pas écrire. Charlemagne ne les surpassa guère que par sa bonne volonté. Ilplaçait au chevet de son lit des modèles d’écriture et des tablettes et s’exerçait, sans succès d’ailleurs, à former des lettres, durant ses heures d’insomnie. Les écoles qui s’ouvrirent sous son règne disparurent lors de l’invasion des Normands, et ce n’est qu’au XIIe siècle qu’un vif désir d’apprendre agita de nouveau les esprits. Des professeurs, entourés d’auditeurs de tout âge et de toute condition, parcoururent le pays, donnant des leçons ; puis le haut enseignement se concentra à Paris, qui rayonna sur toute l’Europe.

 

L’enseignement élémentaire était donné dans les Petites Ecoles. A Paris on en comptait douze en 1292 et soixante-trois cent ans plus tard. L’instruction y était pas gratuite. L’enfant qui en sortait sachant lire, écrire, compter et comprendre un peu de latin, avait droit au titre de clerc et pouvait prétendre à beaucoup de situations honorables. Il pouvait aussi pousser plus loin ses études dans les divers collèges.

 

Au début, ces collèges ne ressemblaient en rien aux nôtres. C’étaient principalement des asiles où les étudiants pauvres trouvaient le vivre (la nourriture) et le couvert (le logement). Le mot bourse représentait la dépense occasionnée par un élève, dépense que supportaient les bienfaiteurs de l’établissement. Les maîtres autorisés par l’Université donnaient leurs leçons chez eux, où le "principal" conduisait les collégiens. Mais comme de ces sorties continuelles résultaient perte de temps et dissipation, les maîtres finirent par aller professer dans les collèges. La nourriture y laissait fort à désirer. A Montaigu, réputé du reste par son austérité, les jeunes élèves ne devaient jamais boire de vin ; le menu invariable de leurs repas comprenait un demi-hareng ou un œuf. On accordait aux grands le tiers d’une pinte de vin, la trentième partie d’une livre de beurre, un plat composé de légumes communs cuits sans viande, un hareng ou deux œufs et un petit morceau de fromage.

 

Dans la plupart des collèges, voici comment était partagée la journée :

4 heures du matin, lever.

De 5 à 6 heures, leçon.

6 heures, messe suivie du premier repas (petit pain).

De 7 à 8 heures, récréation.

De 8 à 11 heures, leçon, discussion, argumentation.

À 11 heures, dîner, accompagné d’une lecture pieuse.

De midi à 2 heures, révision de leçon, travaux divers.

De 2 à 3 heures, récréation.

De 3 à 6 heures, leçon, discussion et argumentation.

A 6 heures, souper.

6 heures 1/2, examen du travail de la journée.

7 heures 1/2, complies (dernière prière chrétienne du jour).

A 8 heures en hiver et 9 heures en été, coucher.

Les élèves avaient une demi-journée de liberté le mardi et le jeudi. Les vendanges (c’est ainsi qu’on appelait alors les vacances) duraient avant le XVe siècle du 29 juin au 25 août ; plus tard, du 1er au 30 septembre.

 

Un certain nombre d’élèves se bornaient è suivre les cours, c’étaient les martinets. D’autres, qui avaient de trente à quarante ans, semblaient les fréquenter par profession ; on les appelait les galoches. Le tout formait un ensemble fort turbulent, bien que peu nombreux. En 1436, on ne comptait à Paris "tant maistres qu’écoliers" que 4.000 personnes.

 

Une constatation frappe, lorsqu’on parcourt cette partie de l’histoire du moyen âge: la précocité de beaucoup d’enfants. Par exemple, Henri de Mesmes est placé au collège à dix ans. Dix-huit mois après il savait "disputer et haranguer en public". A dix-neuf ans, il était docteur en droit. Robert Estienne, à dix-huit ans, dirigeait seul toute l’imprimerie de son beau-père, corrigeait les ouvrages grecs et hébreux qui s’y publiaient. Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, parlait parfaitement le latin, l’italien et l’espagnol. Marie Stuart parlait le latin ; elle l’avait appris entre dix et onze ans, ainsi que le prouve un cahier de thèmes que conserve aujourd’hui précieusement la Bibliothèque nationale.

 

Vous allez penser peut être que ces brillants résultats étaient dus à des méthodes parfaites, perdues depuis... Détrompez-vous ! Pour stimuler le zèle de leurs élèves, les maîtres usaient avec libéralité d’un seul moyen : les coups. Roturiers, nobles ou princes, tous étaient égaux devant lui. Marguerite de Valois dit elle-même que ses précepteurs ne lui épargnèrent pas le fouet. Montaigne écrit, à propos des collèges : "Vous n’y entendez que cris, et d’enfants suppliciés et de maîtres enivrés de colère... C’est un bel agencement sans doute que le grec et le latin, mais on l’achète trop cher."

 

Le collège de Navarre, fondation royale, avait pour premier boursier le roi de France. Savez-vous à quoi était employé le revenu de cette bourse? "En achat de verges, pour la discipline scolastique !" Et c’est un recteur de l’Université qui recommandait à ses subordonnés de ne pas ménager les verges à leurs élèves, même de les rouer de coups et de ne tenir aucun compte de leurs supplications! Ce qui nous révolterait, aujourd’hui, laissait alors presque tout le monde insensible.

 

II faut ajouter que de très bons esprits s’accommodaient fort bien de ce système. Au XIIe siècle, par exemple, Guibert de Nogent montre à sa mère ses "petits bras tout noircis et la peau de ses épaules toute soulevée et bouffie de coups de verges qu’il avait reçus". Hors d’elle à cette vue, elle s’écrie : "— Je ne veux plus que tu deviennes clerc, ni que pour acquérir de l’instruction tu supportes un pareil traitement !" Mais Guibert de répondre : "Quand je devrais en mourir, je ne cesserais pour cela de m’instruire afin d’être clerc."

 

C’est qu’en effet le désir d’apprendre transformait en lieux de délices ces pédagogies et ces collèges où l’on mangeait si mal et où l’on recevait tant de coups. Puis, si les méchants tremblaient, les bons étaient tout rassurés...

 

Henri IV, qui avait été fort fouetté dans sou enfance, écrivait, en 1607, â la gouvernante de son fils, le futur Louis XIII : "Je veux et vous commande de le fouetter toutes les fois qu’il fera l’opiniâtre ou quelque chose de mal, sachant bien par moi-même qu’il n’y a rien au monde qui lui fasse plus de profit que cela. Ce que je reconnais par expérience m’avoir profité..."

 

Henri IV meurt et Louis XIII est proclamé roi, à l’âge de neuf ans, le 15 mai 1610. Il se rend au Parlement, prononce un discours, rentre au Louvre, reçoit une députation, etc... Mais cela ne lui évite pas d’être fouetté le 17 septembre...

 

Louis XIV fut assez facile à élever; c’est la seule raison pour laquelle il fut assez peu fouetté. Ni lui ni ses frères ne furent cependant épargnés. Un jour, Anne d’Autriche voulut faire donner le fouet au duc d’Anjou, alors âgé de dix-sept ans. Son gouverneur, heureusement, n’osa pas, car le prince dit à sa mère que, s’il l’avait touché, il lui "aurait donné de sa pique-épée au travers du corps".

 

Notons que, si une instruction de 1708 déclare la verge nécessaire. Elle ajoute : "Il ne faut jamais donner de coups de pied, ni de poing, jamais de férule à la tête ni dans l’estomac. Il ne faut point tirer les oreilles avec violence." "Les soufflets sont dangereux", écrit de son côté la princesse Palatine.

 

Avec le temps, les collèges traitèrent moins mal leurs écoliers; la nourriture fut plus soignée et plus abondante. En 1764, le collège louis-le-Grand servait à chaque repas une bouillie, une entrée, un dessert, un huitième de litre de vin; en plus , les dimanches et fêtes : un roti et une salade. A Cette époque, la livre de viande se payait 8 sols !

 

Pendant les repas, une lecture était faite à haute voix par un des élèves. Lecture en latin le plus souvent, car, dans les collèges, on ne pouvait parler que latin. Les professeurs faisaient leurs cours et les élèves leur répondaient en même temps dans cette langue. Même en dehors des classes, il ne fallait prononcer aucun mot de français. C'est au point qu'on enseignait en latin la prononciation française.

 

A leur entrée, boursiers et pensionnaires devaient fournir un trousseau. Le collége Mazarin, exclusivement composé de gentils hommes, demandait : 2 habits neufs complets, 2 redingotes, 12 chemises, 12 cols, 12 coiffes de nuit, 12 mouchoirs, 12 serviettes et 12 paires de chaussons. L’emploi du temps était minutieusement réglé. Les élèves travaillaient tous les jours. Seule, l’après-midi des dimanches et jours de fête était consacrée aux sorties.

 

Une coutume curieuse était la suivante : lescours étaient gratuits en principe, mais les professeurs étaient autorisés à recevoir de chaque élève cinq ou six écus d’or par an. En conséquence, au mois de juin, l’écolier offrait à son régent un citron sur l’écorce duquel brillaient les fameux écus. Le citron lui-même se trouvait, au fond d’un vase de cristal plein de dragées. L’offrande s’appelait le lendit.

 

Rappelons que, le 16 décembre 1661, Charlemagne fut choisi comme patron des écoliers; il n’a cessé, depuis, de le demeurer.

 

Quelques années après, naissait une institution d’esprit magnifique et qui devait prendre, avec le temps, un grand développement. Jean-Baptiste de la Salle, chanoine de Reims (il était né en 1651), avait souffert de constater l’ignorance des classes pauvres. Il résolut de fonder une congrégation dont les membies se consacraient spécialement à leur instruction. Pour commencer, il ouvrit des classes, en 1679, dans deux paroisses de Reims. Il était riche de naissance et de par son canonicat. Voulant donner l’exemple, il se démit de ce dernier en faveur d’un prêtre pauvre et distribua son patrimoine aux malheureux. Il en fut réduit à denmander l’aumône dans les rues de sa propre ville. Mais les sacrifices portent toujours leurs fruits. J.-B. de la Salle assista au triomphe de son oeuvre. La congrégation des Frères des Ecoles chrétiennes était solidement fondée.

 

A Paris pourtant, elle ne s’établit pas sans efforts. Les "Petites Ecoles", dont le but était analogue, lui firent une rude guerre. Un jour deux commissaires se présentèrent à l’école faubourg Saint-Antoine, saisirent les plumes, les encriers, les cahiers, les modèles d’écriture et l’enseigne apposée au-dessus de la porte. Huit jours après, La Salle était condamné à l’amende. Durant quelques mois, il en fut de même, puis l’opposition se lassa...

 

Revenons au présent... Octobre commence. Chaque coin de France possède au moins sa petite école; elle se rouvre aux enfants, au hommes de l'avenir...

 

 

 

rentrée de 1937

 

 

 

 

 

 

enfant sur la route de l'école (gravure publiée en 1894)

 

 

publié en 1938

 

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publicité d'un grand magasin belge : Innovation (1963)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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