Le Gala de l'Union des Artistes est un spectacle de cirque qui existe depuis 1923 et dont le but est d'aider les artistes dans le besoin. les numéros sont assurés par des chanteurs et comédiens du théatre ou du cinéma. C'est une tradition qui se déroule au Cirque d'Hiver Bouglione de Paris. On retrouva des artistes qu'on ne s'attendait pas voir dans numero de cirque comme Serge Gainsbourg en illusionniste (1966) ou encore Louis de Funès en dompteur d'otarie (1963) et Juliette Gréco en dompteur dans la cage des tigres (1971).

ET POURTANT ILS TIENNENT
C'est ce que semble penser Jean-Claude Brialy en présentant son numéro d'équilibre au gala de l'Union des artistes samedi (13 mars 1965) soir. Mettre en équilibre cinquante verres à pied sur dix plateaux c'est assurément gagner le diplôme d'honneur des garçons de café. Elsa Martinelli, à droite, lui a donné un coup de main, ou au moins un coup de plume...

Le XXIIe gala de l’Union des artistes a remporté au Cirque d’Hiver son traditionnel succès. Lorsqu’à 1 heure du matin je retrouve chaque année ce spectacle unique à Paris, lorsque la lumière jaillit, mettant en valeur, dans leurs loges fleuries, tout ce que Paris compte de beauté et d’élégance... je ne puis m’empêcher d’applaudir cette vision dont je ne me lasserai jamais, car au cirque tout le monde se voit et aussi parce qu’au cirque nous retrouvons pour une nuit l’impérissable souvenir de nos joies d’enfant.

Chaque année aussi j’admire l’inlassable dévouement des organisateurs de ce gala : leur tâche est ardue aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. Les artistes sont des gens adorables, mais les vedettes ont leurs exigences, et le cinéma est le pire ennemi des galas de l'Union ! Tel comédien tourne à l’étranger, telle star n’a pas le temps de répéter un numéro d’acrobatie, et j’imagine la complexité des problèmes qui se posent pour les Jean Toulout, les Gaston Severin, les Guy Rapp, les Jacqueline Francell et les autres... lorsqu’ils sont dans l’obligation d’établir un programme.

Au tableau d’honneur de ce XXII e gala de l'Union des artistes, citons Brigitte Auber, étonnante d'audace à son trapèze, le brillant numéro de voltige de Dany Robin et Georges Marchal, l’autorité de Robert Pizani conduisant un orchestre de virtuoses et de maestros, de Tony Aubin à Bernard Hilda, de Gaston Poulet et André Cluytens à Aimé Barelli et Django Reinhardt.

Ce fut éblouissant de drôlerie.

Parmi les autres clous : Jean Marais dans des jeux romains, Micheline Presle en équilibre sur une échelle, Anne Vernon et Hélène Perdrière, si jolies, Gilles Margaritis et Jean Richard, si comiques, et les chansonniers se firent applaudir dans une pyramide humaine qui ne s’écroula que sous les rires !

Le XXIVe Gala de l'Union des Artistes s’est déroulé brillamment. Les belles étaient innombrables, et les bêtes eurent la vedette. C’était, en effet, la première fois que l’on voyait sous le chapiteau du Cirque d'Hiver les animaux savants présentés par des étoiles.

Suzy Carrier, avec 40° de fièvre ("38° dus à la grippe, le reste au trac", dit-elle) fit travailler les perruches. Jean Richard présentait les éléphants. Isa Miranda les phoques et Anne Vernon, les chiens.

Jacques Dumesnil présenta les chevaux Maximum et Minimum, en Monsieur Loyal ; Wera Korène et Jean Davy évoquèrent le manège 1830. Mais c’est le numéro de haute école de Fernand Gravey, présenté "à l’espagnole" avec accompagnement de guitare et le coup de talons de la danseuse Morenita Sauz, qui remporta tous les suffrages, même celui du monsieur portant l’unique complet gris de la salle : Firmin Bouglione, directeur du cirque.

Les gens de théâtre sont très superstitieux. C’est pourquoi l’attraction numérotée "13" etait, en fait, annoncée "12 bis". Mais cela n’empêchait pas certaines robes vertes de se montrer. Et le pourtour des loges était orné de la fleur maléfique : l’œillet !

Jane Renouard (Mme Gravey), enthousiasmée par Cora Camoin et Georges Galley dans leur numéro de trapèze, arracha les fleurs et les jeta sur la piste.

Dans une loge, Coquatrix (directeur de l’Olympia-music-hall) voisinait avec Pierre Descaves (administrateur de la Comédie-Française). Coquatrix dit à Descaves, en voyant la sensationnelle démonstration d’acrobatie de Robert Hirsch, le plus jeune sociétaire de la Maison de Molière :

— Eh bien ! "moi"», je suis sûr que je m’entendrais bien avec lui ! Il serait mieux chez moi que chez vous.

Il y eut un moment d’anxiété lorsque, ne pouvant se libérer du staff qui emprisonnait sa cheville, il fallut redescendre la perche.

— Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ? déclama Hirsch.

— Non, murmura Coquatrix, là il est mieux chez vous que chez moi !

Georges Guétary, pendant toute la première partie du spectacle, rit beaucoup, et particulièrement quand les trois filles à papa fil-de-ferristes furent présentées par leurs pères Souplex, Dorin et Gabriello.

Ensuite, il fit beaucoup rire dans un sketch avec Bourvil.

A la fin du spectacle, la tombola fut tirée par Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, assistés de la Vérité, incarnée par le mannequin Magali, des Folies-Bergère. Le gros lot jetait une montre d’un million, aussi précieuse que précise. Quelle heure était-il ? Exactement 4 h. 52 lorsque la retraite sonna.