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Une frontière a été franchie quand le Vilaphone a donné une voix au film "muet". L’art exagéré de la pantomine devenait inutile et l’acteur était émancipé... Ainsi s’exprime le jovial et corpulent Edward Arnold devant la salle remplie à craquer du Warner Bros-Theater, où, l’on commémore la nuit qui, il y a deux décades, révéla pour la première fois le son à l’écran. Tout ïe parterre de la salle géante est réservé aux personnalités de l’industrie du fiim.

 

Dehors, les projecteurs rendent la nuit plus éblouissante que le jour. Hollywood Boulevard, l’avenue de la gloire cinéma, tographïque étincelle de lumière. Une queue, quj bat tous les records, s’allonge sur les trottoirs de deux "blocs" pour disputer les dernieres places qui restent disponibles, à 100 francs pour le public des amateurs... On se désigne les grands noms de l’écran qui arrivent, un à un, sous le dais illuminé de l’entrée, pour rendre hommage aux pionniers du "son". Bette Davis, Rudy Vallée, Mary Pickford, Paul Henreid, Laurell Lee Donnell, Georges Murphy, Fanny Brice et d’innombrables autres stars.

 

Déjà le Président de la Society of Indépendant Motion Picture Producers a ouvert la soirée en déclarant :

— ... L’introduction du son a été une révolution qui a électrisé l’industrie et l'art cinématographiques.

Après un message du général Marshall remerciant Hollywood de sa part importante dans le maintien du moral des troupes pendant la guerre, Jean Hersholt, l’acteur danois qui est devenu Président de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, conclut en félicitant les frères Warner de "leur audace clairvoyante d'il y à vingt ans" et ajoute :

— ... Souhaitions que jamais ne se perde le courage d’innover.

 

LE CHIFFRE MAGIQUE

 

Et, un documentaire retiraçant l’histoire du "cinéma parlant" passe sur l’écran. Il est curieux de constater l'importance du 6 du mois dans cette étonnante époque. Le 6 octobre 1889, Thomas Edison fait la démonstration d’un court film synchronisé mécaniquement avec un disque phonographique. Le 6 août 1926 le premier film "sonore" qui réussira commercialement est lancé sur le marché. Et le 6 octobre de l’année suivante sort le premier film acceptable "partiellement parlant".

 

Pendant toute cette période, de nombreux essais furent tentés dans divers pays, notamment en France avec Gaumont, mais sans parvenir à satisfaire le public. Le film présenté à New-York le 6 août 1926 éclata comme une bombe atomique, bouleversant l’industrie entière, démodant tout le matériel existant. Contrairement à ce qu’on croit généralement en France, ce film historique n’était pas le Chanteur de Jazz, mais Don Juan, interprété par le grand John Barrymore avec un accompagnement sonore comprenant la musique de l’Orchestre Philharmonique de New-York, ainsi que le ferraillement des épées et le claquement des sabots des chevaux... Ce n’est qu’un an après qu’Al Jolson parla dans le Chanteur de Jazz. Les autorités ne sont pas d’accord sur ses premières paroles. Si nos souvenirs sont exacts, assis à son piano, il se tournait vers sa mère et disait 6 mots "Come on, ma... listen to this" (Viens, Maman, écoute ça). Cependant tout le monde est d’accord pour dire qu’ensuite il chantait "Blue Skies" et le clou du film était sa chanson célèbre dans le monde entier, "Mammy" qu’il interprétait le visage noirci, les lèvres blanches et les mains gantées de blanc.

 

On retrouve le chiffre 6 quand le 6 juillet 1928, les Warner Bros présentèrent le premier film "entièrement parlant", "Les Lumières de New-York". Comme l'explosion atomique, le "parlant" fit des ravages et beaucoup de vedettes du "muet" dont la voix ne convenait pas disparurent dans la commotion. Notamment la jolie Française d’Amérique, Renée Adorée, dont on se souvient dans La Grande Parade. Par contre, d’autres comme Adolphe Menjou, Maurice Chevalier et Charles Boyer allaient profiter du charme de leur accent quand l’écran sut mieux parler...

 

Mais, revenons au Warner Bros Theater, le documentaire a montré la scène fameuse où. Al Jolson tient son bébé sur ses genoux et chante "Sonny Boy", ainsi que des extraits des "Lumières de New-York" le premier "parlant" qui coûta 40.000 dollars à la production et en rapporta 4 millions... Maintenant, c’est en grande première mondiale, le plus récent film musical en technicolor "Nighiï and Day" (Nuit et Jour) dont la vedette est Cary Grant incarnant Cole Porter, le célèbre compositeur de "50 millions de Français", "Paris", et bien d’autres succès. Parmi les interprètes de ce "parlant" très "chantant" de 2 heures, on remarque Victor Francen dans un rôle relativement court mais fort intéressant. Et on lit pour terminer un télégramme des frères Warner retenus à un Congrès à Miami, "Il y a vingt ans, les progrès de l'art et de la science donnèrent une voix à l’écran. Libéré des chaînes du silence, le film a avancé d’un pas assuré vers son ultime destin comme le plus puissant moyen d’éducation humaine de toute l’Histoire.

 

publié en 1947

 

 

 

 

Le Vitaphone était un procédé de cinéma sonore utilisé pour les longs métrages, et pour près de 2 000 courts métrages produits par la Warner Bros de 1926 à 1930. Commercialisé par les frères Warner qui risquèrent tous leurs avoirs dans ce coup de dés, l'exploitation de ce procédé fit de leur société l'une des plus puissantes maisons de production américaines.

 

. Le système Vitaphone propose de coupler chaque galette de film de 10 minutes (durée maximale à l'époque du film nitrate, dit "film flamme") avec un disque gravé de dix minutes et d’utiliser deux phonographes pour accompagner chacun des deux appareils de projection installés dans les cabines des cinémas.

 

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Don Juan

 

 

Le Chanteur de Jazz (The Jazz Singer)

 

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