Toy Story : film historique, puisqu'il s'agit du premier long-métrage réalisé entièrement en images de synthèse. La série Toy Story a débuté en 1995 avec un premier film du même nom, qui a été suivi de Toy Story 2 (1999), Toy Story 3 (2010) et Toy Story 4 (2019).

Avec Toy Story, premier dessin animé cinématographique entièrement réalisé par ordinateur, les studios Disney annoncent tambour battant l'avènement d'une nouvelle ère de l'histoire du cinéma. Tout a été dessiné, vectorisé, programmé et animé de manière électronique: les personnages et les jouets bien sûr, mais aussi l'intégralité des décors (appartements, lieux publics, arbres, routes, véhicules, etc.). Cette expérience totalement révolutionnaire allie à la fois le savoir-faire technologique de Pixar, une société californienne spécialisée dans l'image de synthèse, et la bonne vieille tradition Disney, pour élaborer un conte fascinant sur l'univers mystérieux des jouets. Outre-Atlantique, le public a fait un triomphe à cette débauche de technologie de pointe: le film, qui a déjà rapporté plusieurs centaines de millions de dollars, s'est hissé rapidement dans le groupe de tête des plus grands succès du cinéma et a été couronné par un Oscar.

Joujoux stars

Tous les enfants le savent bien, et depuis longtemps: les jouets vivent! Evidemment, ceux de la chambre d'Andy aussi. Dès que le môme a le dos tourné, ou dès qu'il ferme la porte de sa chambre, ses jouets s'animent, parlent, se disputent et jouent. La pièce d'Andy, c'est l'univers de Bayonne, le cochon-tirelire, du grincheux Monsieur Patate, de Rex, le tyranosause en plastique, ou de l'extensible Zigzag, le chien à ressort. Le leader de ce petit monde merveilleux, c'est Woody, le cow-boy de bois et de tissu: le jouet préféré du petit garçon. Le jour de l'anniversaire d'Andy, la vie quotidienne de ce petit monde va être boulversée par l'arrivée de Buzz l'Eclair, un "ranger de l'espace" équipé des derniers perfectionnements du jouet: voix synthétique, rayon laser et ailes escamotables. En un instant, ce jouet de rêve va devenir le compagnon favori du môme et le cauchemar de Woody. Evidemment, ce dernier n'apprécie pas du tout et ne manque pas une occasion d'embrouiller ce brave Buzz, qui lui, est persuadé d'être un véritable héros galactique en mission, qui s'est écrasé» avec son vaisseau de carton dans la chambre d'Andy: il aurait été envoyé là pour sauver la galaxie du terrible empereur Zurg!

C'est le début d'une incroyable odyssée, au cours de laquelle Buzz découvrira sa véritable condition, alors que de son côté, Woody déploiera des trésors d'énergie et de stratégie pour retrouver son statut de leader des jouets, pour les "siens" et surtout dans le coeur d'Andy. Un enchaînement de circonstances va amener les deux poupées à s'unir pour affronter les multiples dangers du monde des humains, dont le plus effroyable se révèle être Sid. Ce gamin sans scrupule, véritable petit Frankenstein, passe son temps a casser du joujou pour créer une race abominable de jouets mutants.

Film "computérisé"

A partir de cette trame originale dans sa forme, mais plutôt classique sur le fond (pur style "buddy-movies": films centré ssur deux personnages alliés, mais aux caractèresdiamétralement opposés), les scénaristes ont écrit un conte fantastique (dans les deux sens duterme) qui - à l'image d'une salade qui ne se raconte pas - est bourré d'idées et de détails, et dans lequel la tendresse, l'amitié, l'amour et la jalousie sont arrosés d'une sauce féerique et virtuelle qui dégage un humour subtil et frais. Le tout servi parle réalisateur-animateur John Lasseter (vice-président du développement créatif de Pixar, ceci expliquant cela). L'esthétique des personnages peut sembler douteuse, les extraits présentés à la télévision peuvent installer le doute, mais, après quelques minutes de projection, on est sous le charme: on oublie les prouesses techniques et scotché sur son fauteuil, on se laisse embarquer dans ce récit émouvant, souvent drôle, mais jamais niais. L'expédition des soldats en plastique pour espionner le déballage des cadeaux d'anniversaire d'Andy, l'apparition des jouets mutants de Sid (là, les plus petits changent de couleur et ferment les yeux), et la scène délirante au cours de laquelle, dans un distributeur de jouets, Buzz croît rencontrer un peuple d'extraterrestres, sont trois des plus belles séquencesde "Toy Story".

Les artistes de Pixar et de Disney ont utilisé à outrance la magie de l'informatique pour pratiquer une généreuse ouverture dans le coeur et l'esprit des spectateurs: les adultes auront rêvé les yeux ouvert durant 80 minutes, et certains enfants regarderont leurs jouets à travers le trou de serrure, des fois que...

article de Pascal Tissier - avril 1996