Les Marx Brothers sont des comédiens américains (musc-hall et cinéma) dont les films les pluscélèbres furent tournés entre 1929 et la fin des années 1940.

Adeptes de plusieurs registres d'humour, les Marx Brothers sont parvenus à réaliser une parfaite synthèse de "nonsense" britannique et de burlesque américain. Leur verve inimitable fait dire parfois à de petits rigolos: "Je suis marxiste, tendance Groucho."

Pour tout le monde aujourd'hui, les Marx Brothers sont Harpo, le harpiste muet à la tignasse blonde; Chico, le pianiste aux doigts élastiques qui jouait le migrant italien ; et enfin, Groucho, le plus célèbre, le grincheux misogyne, beau parleur et virtuose de l'absurde. Nés dans le quartier le plus glauque de New York, à la fin du siècle dernier, les Marx Brothers tournent pendant longtemps dans les troupes de vaudeville. Avant d'acquérir son nom définitif, le groupe s'intitule d'abord "Les trois rossignols", "Les quatre rossignols", "Les six mascottes"... Les Marx proviennent d'une famille nombreuse.(1)

Ils se produisent enfin à Broadway dans deux pièces, dont "Cocoanut"* dont ils tireront un film, le premier d'une série de quatorze. Souvent réalisés par des tâcherons, ces films très inégaux sont toujours sauvés par des sketches musicaux étonnants. Citons "Monnaie de singe", "La soupe au canard" (leur fleuron !), "Une nuit à l'opéra", "Un jour aux courses", "Une nuit à Casablanca"...

Après la dissolution du trio en 1948, seul Groucho persistera à faire du cinéma et à s'illustrer dans des shows radio/TV dans un registre d'humour unique. Prenant par exemple le pouls d'un cadavre, Groucho s'exclame: "Ou cet homme est mort, ou ma montre est arrêtée !"

En affrontant chaque soir le public réel, pendant plus de vingt ans, sur les planches du music-hall, les Marx Brothers ont développé l'improvisation, affiné leur comique gestuel. Dès lors, ils n'en méprisent que plus la machine hollywoodienne. Pour le spectateur, le dédain sarcastique qu'ils affichent provoque une intense jubilation.

Rigolards, les Marx se meuvent à l'aise au milieu de personnages fantoches, dames du monde, soubrettes, jeunes premiers gominés interprétés la plupart du temps par des acteurs limités... et décontenancés par la verve burlesque de ces partenaires!

Agressifs, cyniques, gloutons et farceurs, Groucho, Chico et Harpo semblent prendre un plaisir immense à détruire le décor toc et la structure rikiki de leurs propres films. Ce faisant, ils parviennent souvent à les sauver de l'insignifiance.

Le délire verbal supporte-t-il la citation? Osons cette réplique de Chico, détective improvisé rapportant sur une enquête ("La soupe au canard"): "Lundi, on a surveillé la maison de Firefly, mais il n'est pas sorti. Il n'était pas là. Mardi, on est allé au bal, mais il nous a eus. Il n'y était pas. Mercredi, il y est allé, mais on l'a eu, on n'y était pas. Jeudi, tout le monde s'est fait avoir, personne n'y est allé. Vendredi, il a plu toute la journée. Il n'y a donc pas eu de bal, alors on est resté à la maison et on l'a écouté à la radio."

article publié en 1988 

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1 - famille de cinq frères : Groucho, Harpo, Chico, Gummo et Zeppo.

2 - Noix de coco (1929)