Dans un luxueux trois pièces du quatrième étage surl'avenue Montaigne à Paris, une vieille dame vit en reclu-se. Après les deux accidents qu'elle a eus en scène en1973 à Washington et en 1975 en Australie et au coursdesquels elle a eu par deux fois la jambe droite cassée,elle a renoncé à sortir dans la rue.

Cette vieille dame de 87 ans, c'est Marlène Dietrich, la divine, dont le seul prénom a fait rêver et continue à faire rêver plusieurs générations d'adolescents et d'hommes. Marlène dont la carrière s'étale sur une soixantaine d'années puisqu'elle a donné encore deux galas à l'Espace Cardin en 1978 au profit d'une œuvre de bienfaisance.

Cette extraordinaire longévité professionnelle, elle la doit certes à sa beauté et à son talent, mais surtout à cette espèce de charme éblouissant que les anglo-saxons nomment "gla-mour. Avec l'espoir d'entrer dans la troupe de théâtre de Max Reinhardt, la jeune fille débarque à Berlin en 1920. Mais Reinhardt n'est guère séduit par cette inconnue dont la beauté ne correspond pas aux canons, de l'époque. Alors, pour vivre, Marlène va lever la jambe (qu'elle a superbe) dans les revues. Devant son acharnement, Reinhardt va finir par céder et la jeune fille débute avec un minuscule rôle dans "Le songe d'une nuit d'été" de Shakespeare. Dans cette troupe de réputation mondiale, elle cherchera à apprendre son métier avec une véritable frénésie. Dès 1923, elle tourne son premie rfilm, "Le petit Napoléon". Sur le plateau, elle s'amourache d'un assistant, Rudolf Sieber, qu'elle épouse. Il est le père de sa fille Maria. Marlène est restée mariée 52 ans (jusqu'à la mort de Rudolph survenue en 1975).

Elle a joué déjà dans une vingtaine de films lorsque, en 1930, Josef Von Stemberg lui offre le rôle, capital dans sa carrière, de Lola-Lola, l'entraîneuse perverse du cabaret "L'Ange bleu" qui mène à la déchéance le professeur Unrath. La première berlinoise est un triomphe mais, le lendemain même, la comédienne quitte la capitale allemande pour Hollywood où l'attend Stemberg. Là, le réalisateur façonne sa nouvelle image: il lui fait perdre 15 kg et creuser le visage en lui faisant supprimer ses molaires. Il lui offrira ses plus beaux rôles, de "Shangaï Express" à "L'impératrice rouge"» en passant par"Agent-X27". Repoussant les avances des nazis qui lui offrent un pont d'or, Marlène acquiert la nationalité américaine et va chanter sur le front des soldats. Sa carrière semble alors décliner mais à 47 ans, elle ne fait qu'entamer une nouvelle carrière de chanteuse. Cette femme-là est indestructible...

article publié en 1988