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article publié en 1950

 

FILM PARLANT AVEC SON SUR DISQUE

 

Des amateurs réalisent, aujourd'hui, de véritables petits chefs-d'œuvre qui pourraient rivaliser avec les réalisations professionnelles s'ils n'étaient pas muets. Or, avec le son enregistré sur disques, il est possible de réaliser des films parlants. Personnellement, j'ai éprouvé une bien grande émotion, il y a peu de temps, en réussissant à faire parler, d'une façon normale, une personne cinématographiée en gros plan et de face. Je crois que, sur disques, ce résultat n'avait pas encore été obtenu. J'y suis parvenu en procédant de la façon suivante : Les paroles prononcées pendant la prise de vues sont soigneusement notées afin qu'il soit possible aux acteurs de les répéter, au moment de l'enregistrement, en suivant le mouvement de leurs lèvres sur l'écran. Après plusieurs répétitions, il est aisé d'obtenir un bon synchronisme et de procéder à l'enregistrement. Si le principe est très simple, la réalisation pratique est assez délicate car, pour obtenir le synchronisme nécessaire il faut résoudre deux principaux problèmes : 1° Le démarrage des disques à la lecture et à la gravure. 2° Le synchronisme film-disques.

 

DÉMARRAGE DES DISQUES

 

— Sur un plateau de tourne-disques animé de son mouvement de rotation est déposé un rond en zinc de même diamètre. Ce rond est muni d'un petit ergot venant buter contre un doigt qui l'immobilise et l'empêche de tourner avec le plateau (fig. 2). Sur le rond en zinc est placé le tapis de liège ou de caoutchouc et enfin le disque à auditionner sur lequel l'aiguille est posée au début du premier sillon. Le doigt qui immobilise le rond en zinc s'écartant au moment voulu, sous l'action d'un électro-aimant, libère l'ergot et le rond en zinc entraîné par le plateau démarre ainsi que le disque à auditionner dont ce dernier est solidaire. Le contact laissant passer le courant électrique nécessaire au fonctionnement de l'électro-aimant est établi au passage d'une encoche faite sur le bord du film. Cette encoche permet le mouvement d'un levier qui, en fin de course, réalise le contact désiré. Ce dispositif représente, en quelque sorte, un couloir supplémentaire placé, à l'entrée du projecteur, entre la bobine débitrice et le débiteur supérieur (fig. 3). Il est ainsi possible d'obtenir le départ rigoureusement exact et automatique des disques. Pour que le départ, à la lecture, soit le même, par rapport au film, qu'à la gravure, il est nécessaire que la descente du graveur sur le disque vierge soit commandée également par le film. Si ce dernier raffinement n'est pas utile pour les commentaires qui tolèrent, sans dommage, un certain décalage, il est obligatoire pour le parlant. La descente du graveur sur le disque vierge est obtenu par le déplacement d'un levier commandé par un électroaimant. Cet électro-aimant reçoit le courant électrique nécessaire à son fonctionnement par l'intermédiaire du dispositif employé pour le démarrage des disques dont il a été question plus haut.

 

 

 

 

Fig. N° 1. — Ensemble permettant d'avoir le projecteur, le double-plateau, le répétiteur, le rhéostat d'extinction et toutes les commandes rassemblées.

 

 

 

SYNCRONISME FILM-DISQUES

 

— Ayant cherché à éviter les inconvénients des différentes méthodes connues et à en réunir les avantages, je suis parvenu à mettre au point le procédé suivant qui nécessite un projecteur à vitesse fixe et un double plateau à vitesse variable ou inversement. Mes essais ont été faits avec un projecteur Cinéric à moteur asynchrone et un double-plateau Discographe à moteurs asynchrones également mais, pour ce dernier, avec une possibilité de réglage de 77 à 79 tours environ, ce qui est plus que suffisant (fig. 1). Au centre du disque à auditionner est déposé un petit rond blanc portant une aiguille rouge allant de l'axe vers le bord. Cette aiguille rouge tourne donc avec le disque au-dessus duquel, à quelques millimètres, une aiguille verte tourne, dans le même sens, en recevant son mouvement d'un des débiteurs du projecteur (fig. 2). La transmission du mouvement étant assurée par un flexible et des engrenages dont le rapport est calculé de façon à transformer la vitesse du débiteur à 78 tours. Il ne reste plus qu'à maintenir, en jouant très légèrement sur la vitesse variable, les deux aiguilles l'une au- dessus de l'autre, pour que le synchronisme soit réalisé d'une façon parfaite. Ce procédé offre le grand avantage de pouvoir obtenir un bon synchronisme tout en ayant le double-plateau indépendant du projecteur. Si un petit décalage se produit entre les deux aiguilles, il est facile de les ramener l'une au-dessus de l'autre. Alors, non seulement le synchronisme de déroulement est retrouvé, mais le décalage produit est rattrapé. On peut se faire une idée de l'ordre de grandeur de précision du synchronisme qu'il est possible d'obtenir, en constatant qu'un décalage de 45 degrés entre les aiguilles représente moins d'un dixième de seconde d'avance ou de retard. Or, les deux aiguilles se détachant parfaitement sur le rond blanc, il est aisé de les maintenir superposées continuellement. Il est bien évident que ce procédé de synchronisation doit être employé, non seulement pour la lecture, mais également pour la gravure des disques.

 

Avec le matériel qui vient d'être décrit, il est possible de passer la sonorisation d'un film sans regarder l'écran, même pour le départ du premier disque. Si les disques sont bien enregistrés, l'illusion du film parlant est aussi complète que la satisfaction du producteur.

 

 

 

 

Fig. No 2. — Au centre du plateau, le petit rond blanc avec l'aiguille rouge. Au-dessus, l'aiguille verte avec les engrenages démultiplicateurs
et le flexible transmettant le mouvement de rotation du débiteur supérieur. L'aiguille verte peut passer d'un plateau à l'autre par déplacement de son support.
Dans le fond et sur le bord du plateau, le doigt qui immobilise le rond de zinc.

 

 

 

 

Fig. N° 3. — Au milieu du couloir contacteur, on distingue l'extrémité du levier reposant sur le bord du film.
Au passage de l'encoche faite sur le film, l'interrupteur à mercure culbute et réalise le contact nécessaire au démarrage des disques.

 

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finalement l'achat d'un projecteur sonore sera l'avenir du cinéma parlant !

 

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