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Charlie Chaplin, de son vrai nom Charles Spencer Chaplin est né le 16 avril 1889 et mort le 25 décembre 1977. Connu comme acteur (principalement pour le personnage de Charlot), il fut réalisateur, scénariste, producteur et compositeur de musique.

 

 

 

 

article publié en 1952

 

C'est le 16 avril 1889 que naquit, dans une petite maison de Kennington, Charles Spencer Chaplin. Son père était chanteur et sa mère comédienne et mime. Il vécut avec ses parents, cinq ans, dans l’alignement monotone des maisons toutes pareilles de ce quartier populaire. C’est après la mort de son père qu’il habita avec sa mère, Hannah Chaplin, dans la sordide mansarde d’un misérable quartier de Londres : Lambeth. Lambeth... avec ses terrains vagues et ses sombres ruelles... tout le décor de la misère et de la pauvreté, celui de l’enfance de Charles Chaplin.

Deux visages de femmes — les deux visages de l’amour — ont éclairé les brumes et la grisaille de sa jeunesse et de son adolescence. Le visage de sa mère qu’il adorait et dont, déjà célèbre, il écrivait : "C’est la mime la plus prodigieuse que j’ai jamais vue. Et c’est en la regardant que j’ai appris non seulement à traduire les émotions avec mes mains et ma figure, mais aussi à étudier l’homme..."

Charles Chaplin n’a jamais oublié la chambre délabrée qu’il occupait avec sa mère. Sa mère, cette admirable comédienne, passait ses journées penchée sur les humbles travaux de couture qui devaient assurer les maigres repas et le plus souvent les "soupes populaires". Mais la misère eut raison d’Hannah. Un jour que le jeune Chaplin revenait chez. lui, on lui apprit que sa mère avait été conduite à l’hôpital. Ce fut un choc terrible pour le petit garçon qui, privé de tout ce qui lui restait de chaleur familiale, dut mener l’existence des vagabonds. Il dormait sur les bancs des jardins publics et se nourrissait çà et là jusqu’au jour où les lourdes portes d’un orphelinat se refermèrent sur l’enfant abandonné. Privé d’amour et de liberté, l’enfant ne vivait que dans l’espoir de s’échapper et de retrouver sa mère. Hannah sortit de l’hôpital et le jeune Chaplin retrouva avec elle le refuge d’un foyer. Et il continua à errer dans les rues de Londres à la recherche de nouveaux emplois.

Enfant, il amusait ses voisins par ses séances d'imitations singeant tel propriétaire ou tel cocher de fiacre. Il dansait sur la musique d’un joueur d’orgue et rapportait à sa mère les quelques pièces d’une petite collecte. C’est à ce moment-là qu’il découvrit les plus émouvants spectacles de la rue (qu’on va retrouver dans chacun de ses films) et qu’il découvrit le cinéma avant le cinéma : les spectacles de la lanterne magique. Le spectacle ne coûte qu’un penny et le jeune Chaplin, tout en buvant sa tasse de thé chaud, s’émerveille de voir passer sur l’écran, des verres coloriés qui racontent des récits fantastiques et des légendes merveilleuses. Puis il fut successivement garçon de courses, commis, vendeur de journaux, ouvreur de portières, avant d’être engagé dans une troupe de clowns ambulants où il apprendra la danse, l’acrobatie et la pantomime. L’expérience qu’il y acquerra fera de lui un clown accompli et lui permettra de passer du music-hall au cirque et du théâtre à la pantomime. Charlot est maintenant un adolescent. "C’était un jeune garçon chétif, pâle et triste..." dira de lui Fred Karno, directeur d’une troupe de pantomime qui venait d’engager Charlie Chaplin.

 

A cette époque apparaîtra le deuxième visage de son amour, le visage d’Hetty Kelly, jeune comédienne de seize ans. C’est sur un banc de Kennington Park, jardin public du quartier de son enfance, que Charlot, timide adolescent de dix-neuf ans, attendit avec une impatience fébrile la petite danseuse blonde aux yeux gris et au sourire mélancolique. Il devait garder un souvenir douloureux et vivace de son premier amour et lorsqu’il revint à Londres, riche et célèbre, il voulut revoir Hetty. Mais Hetty était morte depuis deux ans. Alors Charlie Chaplin entreprit tout seul le pèlerinage de Kennington Park pour retrouver le spectre du jeune garçon guettant la douce apparition de celle qui mourut sans qu’il ait pu la revoir jamais. Et les tramways continuaient de rouler et plus jamais il ne verrait en descendre Hetty qui lui apportait sa fraîcheur et sa gaité. Peut-être fut-ce la nostalgie de cet amour sans lendemain et le souvenir de la belle Hetty qui devait pousser plus tard Charlot, le petit vagabond, à essayer d’atteindre la blonde jeune fille de tous ses premiers films.

Le "jeune garçon chétif " est devenu un des meilleurs comiques de la troupe Karno. Il commence à devenir riche et célèbre. Pourtant, lors de son premier et décisif voyage aux Etats-Unis, il retrouvera, sur le bateau qui l’emporte, toute la misère et tout le drame des "émigrants".

 

Aux Etats-Unis, il travaille inlassablement et commence sa fulgurante carrière. Alors, s’avancera vers nous un petit homme à mine de chômeur, portant canne et chapeau melon, semant sur son passage les rires et les larmes. Charlot est né. Le petit homme est venu, une fleur à la main, qui usera toute la force de son rire à ridiculiser la grosse dame riche ou le policeman. Charlie Chaplin est maintenant très célèbre. Il a pu enfin réaliser tous ses rêves au-delà même de ses espérances. Il a trouvé le bonheur près de sa délicieuse jeune femme Oona O'Neill et près de ses quatre adorables enfants*. Il possède gloire et fortune.

Toute sa vie, il fut le frère de millions d’hommes frappés par le chômage et menacés de perdre avec leurs moyens d’existence, leur dignité, leur foyer, leuy amour. C’est lui qui dénonça, dans son film "Le Dictateur", le fascisme et la cruauté dévastatrice du régime de Hitler. Jamais voix ne fut plus émouvante que celle du petit barbier juif qui lancera à la fin du"Dictateur", un pathétique appel aux hommes : "... J’armerais aider chacun si possible, les chrétiens comme les juifs, les noirs comme les blancs. Nous avons le désir de nous entraider. Les gens civilisés sont ainsi. Nous voulons vivre de notre bonheur mutuel et non pas de notre malheur mutuel... En ce monde, il y a de la place pour chacun... Le chemin de la vie peut être libre et magnifique, mais nous avons perdu ce chemin ... En ce moment, ma propre voix atteint des millions d’êtres à travers le monde. Je dis à ceux qui peuvent m’entendre : ne désespérez pas. Le malheur qui a fondu sur nous n’est que le résultat de l’appétit féroce, de l’amertume des hommes qui redoutent le progrès humain. La haine des hommes passera et les dictateurs périront. Et le pouvoir qu’ils ont usurpé retournera aux peuples... ... Vous, le peuple, vous avez le pouvoir de créer une vie libre et splendide, de faire de la vie une radieuse aventure. Alors, au nom de la démocratie, utilisons ce pouvoir ! Unissons-nous tous ! Combattons pour un monde nouveau, pour un monde propre, qui donnera à chaque homme la possibilité de travailler, qui assurera à la jeunesse son avenir, qui mettra les vieillards à Vabri du besoin. ... Combattons pour un monde équilibré, un monde de science où le progrès mènera au bonheur de tous."

C’est lui qui, en 1952, alors que le gouvernement des Etats-Unis s’est rendu coupable de la plus monstrueuse et de la plus impitoyable des guerres en Corée, développe la haine, le racisme, la terreur contre son propre peuple, déclarait à un journaliste, venu l’interviewer : "Je crois au pouvoir du rire et des larmes comme contre poisons de la haine et de la terreur. Les bons films constituent un langage international, ils répondent au besoin qu’ont les hommes d’humour, de pitié, de compréhension. Ils sont un moyen de dissiper la vague de suspicion et de crainte qui envahit le monde aujourd’hui. Nous avons eu trop de films gratuitement remplis de violence, de sexualité morbide, de guerre, de meurtres, d’intolérance. Ils rendent encore plus insoutenable la tension mondiale. Si seulement nous pouvions échanger entre les nations, sur une grande échelle, les films qui ne constituent pas une propagande agressive, mais qui parlent le langage simple des simples hommes et femmes !... Cela pourrait contribuer à sauver le monde du désastre..."

C’est pourquoi le gouvernement américain attaque Charlie Chaplin et ne lui pardonne pas d’être toujours resté du côté des travailleurs et des opprimés. Mais Chaplin n’est pas seul. Comme la voix du barbier juif, "sa propre voix atteint des millions d’êtres à. travers le monde". Et ce sont ces millions d’êtres qu’on retrouve à la gare de Londres comme à la gare de Paris venus acclamer le grand Charlie Chaplin. Charlot a rangé sa canne et son chapeau et Charlie Chaplin, le visage nu et souriant, est revenu près de nous chercher la confiance et l’amitié. Il est venu nous présenter "Limelight" comme un témoignage et évoquer ses souvenirs, ses pensées et ses sentiments les plus chers dans le climat des misérables faubourgs où il vécut.

Georges Sadoul le salue dans son livre comme nous le saluerions : "Vous avez derrière vous, vous le savez maintenant, plusieurs centaines de millions d’hommes qui saluent très respectueusement en vous, du fond de leur cœur, l’artiste de génie, le grand citoyen, l'honnête homme."

 

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* l'article date de 1952, Oona O'Neill a eu huit enfants avec Chaplin : Geraldine Chaplin (1944) ; Michael Chaplin (1946) ; Josephine Chaplin (1949-2023) ; Victoria Chaplin (1951) ; Eugène Chaplin (1953) ; Jane Chaplin (1957) ; Annette Chaplin (1959) ; Christopher Chaplin (1962).

 

 

 

Charlie Chaplin dans "Le Cirque" (1928)

 

 

Charlie Chaplin dans "Les temps modernes" (1936)

 

 

Charlot devant la caméra...

 

 

... et Charlie Chaplin derrière la caméra

 

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En 1953, le journal Tintin publiait une bande dessinée de 4 pages sur "La jeunesse de Charlie Chaplin" (ici la couverture de l'édition en néerlandais)

 

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publicité de 1931

 

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En France, Le Dictateur sort en salles en 1945 (aux Etats-Unis, le film est sorti en 1940)

 

 

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