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Cendrillon (Cinderella) est le 16e long-métrage d'animation et le 12e "Classique d'animation" des studios Disney. Sorti en 1950, il s'inspire de la version du conte de Charles Perrault, Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre paru en 1697, ainsi que de celle des frères Jacob et Wilhelm Grimm, Aschenputtel, publiée en 1812.
la publicité ci-dessus date de décembre 1950
WALT DISNEY : CENDRILLON HÉROÏNE SELON MON CŒUR
Parmi les plus merveilleux contes de fées qui existent ou monde, il en est trois que j'ai toujours désiré et projeté de faire depuis le premier jour où j'ai entrepris de réaliser des films sous forme de dessins animés : "Blanche-Neige et les Sept Nains", "Cendrillon" et "Alice au Pays des Merveilles". Deux d'entre eux ont été réalisés : "Blanche-Neige" et "Cendrillon". Le troisième, "Alice au Pays des Merveilles", est plus qu'à demi terminé.
Il est d'autres histoires impérissables qui ont fait les délices de millions de gens et les ont influencés depuis les jours lointains des troubadours et des fabulistes. Mais aucune avec autant de persistance et avec un enchantement toujours renouvelé, comme les trois que je viens de citer. La version de "Blanche-Neige", réalisée pour l'écran et qui était le premier dessin animé de long métrage, a, je suis heureux de le dire, plus que justifié son choix et sa présentation. Les demandes constantes de reprises et le fait qu'on l'utilise comme modèle de tous les dessins animés réalisés ultérieurement montre combien profonde est l'impression qu'il a produite et quelle vie a conservé ce beau drame classique.
"Cendrillon" contient peut-être un "ressort" sentimental plus puissant qu'aucune des autres grandes légendes. La version de Charles Perrault, où les vertus de la petite épave ménagère la font passer de l'esclavage à l'amour et à l'admiration adorante du Prince Charmant, reflète les rêves de tous les amoureux du monde. Dans la jeune héroïne, jolie, modeste et virginale, à la pantoufle de verre et au carrosse-citrouille qui l'emmène, en brillants atours, au bal du roi, presque toutes les jeunes filles, hormis peut-être les plus privilégiées, se retrouvent. La plupart de ces innombrables Cendrillons comptent aussi secrètement sur l'intervention de quelque marraine fée pour leur donner le bonheur dont elles rêvent. Ceci fait de "Cendrillon" le plus moderne et le plus universellement aimé des contes de fées, en dépit de son antiquité et de ses sources communes à plusieurs pays d'Europe et d'Asie. La légende de la célèbre petite souillon a tenté les auteurs dramatiques et les cinéastes de partout. Mais la beauté, l'esprit et le charme fragile de cette "grande dame" de la légende était difficile à saisir pour la scène ou l'écran. De nombreux essais ont été tentés.
Parmi les présentations les plus impressionnantes et les plus réussies, on compte le film en vingt épisodes successifs de Georges Méliès. Aujourd'hui, cinquante ans plus tard, en traduisant par un dessin animé, l'enchantement du conte de fées, nous avons ajouté quelques personnages de petits animaux et transformé quelques-unes des créatures de Perrault. Certains animaux, qui plaisent au public de certains pays, sont moins appréciés dans d'autres contrées, principalement à cause des différentes fables préférées. C'est ainsi que les rats de la version de Perrault sont devenus dans notre film, le peuple des souris : Gus et Jacques et toute leur bande de courageux auxiliaires, champions de Cendrillon durant ses moments difficiles avec sa dure marâtre et ses cruelles demi-sœurs. Quant au chat, Lucifer, eh bien, nous avons essayé d'en faire un personnage comique en même temps qu'une menace et un ennemi pour les souris et le chien !
Dans notre représentation graphique de Cendrillon, nous avons voulu mettre l'accent sur l'indomptable esprit de l'esclave malmenée plus que sur son physique lui-même, bien que, en accord avec tous ceux qui avaient voix au chapitre, nous en ayons fait une blonde aux yeux bleus à qui l'on peut donner environ dix-sept ans. Elle ne devait être ni une reine de beauté ni un modèle de toutes les grâces, mais une fillette adorable et sensible pleine d'un charme jeune qui embellirait les haillons de la pauvreté et du labeur aussi bien que les atours d'un bal royal. Dans le personnage d' "Alice au Pays des Merveilles »", nous avons une autre héroïne immortelle et charmante dont nous avons essayé de reproduire d'aussi près que possible dans le film les traits que nous ont rendus familiers deux vraies fillettes de l'ère victorienne : Alice Liddell, la petite amie très aimée de l'auteur, Lewis Carroll, et Mary Badcock, qui servit de modèle à Sir John Tenniel pour les illustrations du livre.
Si notre présentation d‘ "Alice" rencontre la même appréciation flatteuse qui accueillit "Blanche-Neige" et "Cendrillon", partout où celles-ci furent présentées, j’aurai, pour mon bonheur, réalisé mes trois vœux les plus chers en portant à l'écran les plus célèbres d'entre les fables, mythes, contes et légendes.
publié en 1950
Magiciens, enchanteurs, fées sont les meilleurs amis, les confidents les plus sûrs de nos années de jeunesse. On ne les a jamais vus, mais on les croit tellement attentifs à combler, ou à contrecarrer nos désirs les plus secrets que, pas un seul instant, on ne penserait à les considérer comme des mythes. La réalité serait trop dure si, au sortir de ces années merveilleuses, après l’écroulement des chimères qui ont bercé notre enfance, il n’en était pas une, au moins, qui existât réellement.
Le magicien moderne a le privilège d’enchanter autant les adultes que les enfants. Devant les merveilles qu’il nous présente, les petits battent des mains et les grands retrouvent une naïveté et une spontanéité tout enfantines. Ce magicien moderne, c’est Walt Disney. Sa dernière œuvre, pleine de grâce et de poésie nous fait entrer dans ce monde, qui lui est cher, peuplé d’êtres fantasmagoriques qui ne sont ni hommes, ni bêtes.
Dans Cendrillon, nous faisons connaissance avec Lucifer, Jacques et d’autres petits personnages. Mais celui que l’on ne pourra manquer de remarquer, celui qui sera bientôt aussi célèbre que Mickey, son parent éloigné, c’est Gus, petit raton dodu, jovial, gai luron tout dévoué à la douce Cendrillon. Gus est un petit rat des champs, sauvage, frondeur, amoureux du beau et du bien. Il s’est joint à la bande du "Trou dans le mur", que commande Jacques. Tout ce petit monde loge dans le château de la vieille marâtre. Avec de tels compagnons, Gus a trouvé sa vocation, car ils sont les seuls alliés de Cendrillon. Grâce à eux, la jeune fille triomphera de sa belle-mère et de ses sœurs, elle rencontrera le Prince Charmant et gagnera son amour. Gus n’est pas seulement un chevalier servant au grand cœur. C’est aussi un clown extravagant, qui a trop confiance en sa petite personne. Si ses exploits courageux nous font trembler, sa cocasserie déclenche notre hilarité. En compagnie de Jacques, capitaine de la bande, Gus participe à tous les événements capitaux de l’aventure de Cendrillon. Avec ses camarades, il prend la forme de fringants destriers blancs, et mène sa charmante protégée jusqu’au bal du roi.
Son audace nous ravit et nous fait frémir, lorsqu’il livre un combat sans merci à Lucifer, le cruel matou aux yeux verts. Lucifer est, bien entendu, l’allié de la belle-mère. La mégère a enfermé sa belle-fille pendant la visite de l’émissaire du roi. Tandis que ses sœurs essayent, avec la rage du désespoir, d’entrer dans la minuscule pantoufle de verre, Cendrillon est enfermée et pleure amèrement. Tout semble perdu, jamais plus elle ne reverra son beau Prince. Mais c’est bien mal connaître ses petits amis de la bande du "Trou dans le mur" ! Gus essaie, d’abord par la ruse, de subtiliser la clef de la chambre où est enfermée la jeune fille. Mais la tâche est ardue car c’est Lucifer qui garde jalousement ce trésor qui représente le bonheur et la liberté de Cendrillon. On ne peut pas jouer de ruse avec un vieux chat comme Lucifer. Gus doit donc dévoiler ses batteries et attaquer l’ennemi de front.
Nous manquons de mots pour célébrer l’astuce, la bravoure et aussi la hardiesse de Gus, de Jacques et de leurs compagnons dans ce Cendrillon dont l’héroïne est évidemment la jeune fille aux petits pieds. Les personnages annexes ont une importance considérable. Ce sont toujours les petits animaux qui apportent à l’histoire qui, sans cela, serait trop humaine, la note de fantaisie et de fantasmagorie qui nous est chère et qui est le propre des œuvres de Walt Disney.
Rien n’est plus joli que la façon dont les animaux aident Cendrillon à faire sa toilette et à s’habiller le matin. Les oiseaux trempent un linge dans l’eau, s’envolent avec et le tordent au-dessus de la jeune fille pour lui donner ainsi, de la façon la plus jolie, sa douche matinale. Ce sont encore des oiseaux qui l’aident à s’habiller et qui notamment lui nouent sa ceinture, mettant ainsi une dernière touche à la toilette de la jeune vedette dessinée. Ce sont encore tous ces petits animaux à l’allure quelquefois délurée, à la force considérable, tout au moins proportionnellement à leur taille, qui aideront Cendrillon à faire cette robe de gala dans laquelle elle attirera l’admiration de tous et spécialement celle du Prince qui la remarquera et qui deviendra son mari.
Il y a une fée dans Cendrillon et cette fée fait des prodiges, mais pour une fée, faire des prodiges n’est, après tout, que chose normale : si nous osons dire, c’est son métier. Les petits animaux, eux, font aussi des prodiges presque aussi considérables que ceux réalisés par la fée et ils n’étaient pas nés pour cela, c’est pourquoi ils retiennent tant notre attention. Après avoir suivi leurs ébats, après avoir admiré leurs évolutions d’oiseaux, nous ne pouvons souhaiter qu’une chose, c’est que Gus, Jacques et Compagnie ne soient pas des personnages de création éphémère et qu’après les avoir vus dans Cendrillon nous les revoyions bientôt sur l’écran dans d’autres aventures tout aussi captivantes et tout aussi jolies.
publié en 1950
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quelques croquis de travail
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La Cendrillon, dessinée par Walt Disney, a beaucoup plus de grâce que Hélène Stanley qui, plateau sur la tête et panier au bras, a posé pour le film
La scène mimée par des acteurs "en chair et en os"» a servi de modèle aux dessinateurs de l'équipe Walt Disney, qui ont ajouté à leur composition leur charme et leur esprit habituels
Les trois mégères iront au bal et laisseront la pauvre Cendrillon à la maison où la jeune héroïne, malgré ses travaux pénibles, se consolera grâce à ses petits compagnons : les animaux
Le roi... c'est tout simplement le futur (et heureux) beau-père de la jolie Cendrillon, mais pour l'instant, il ne veut pas entendre ce que lui dit son majordome, pourtant éloquent
Grâce à sa marraine, la bonne fée, Cendrillon aura une belle.robe, et son carrosse, mais elle doit rentrer avant minuit, sous peine de perdre son bonheur... et sa belle allure de grande dame
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publié le 31 décembre 1950
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