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BISCOT - LE ROI DE LA PEDALE (1925)

 

MM. Paul Cartoux, Henry Decoin et Maurice Cliainpreux font penser tout naturellement à ces joueurs de cartes qui, ayant en main tous les atouts et tous les as, attendent l'heureux moment d'abattre leur jeu. Ces trois actifs et avisés collaborateurs se sont réservé, en effet, les trois plus beaux atouts capables d'assurer à un film le succès complet. Ces atouts ne sont autres que : 1° le premier comique de l'écran français "Biscot", roi du rire et de la pédale ; 2° la plus grande et plus populaire épreuve cycliste : "Le Tour de France", et, enfin, les magnifiques sites de notre belle France. Biscot prenant part effectivement aux passionnantes luttes, du Tour de France et gagnant la course et la fortune sous le nom de Fortuné Richard, voilà certes de quoi assurer le triomphe au film "Le Roi de la Pédale", réalisé par Maurice Champreux, d'après le roman de Paul Cartoux et Henry Decoin qui paraît dans le journal l' Auto.

 

Avant-Propos

 

Ce film a eu la rare fortune d'être célèbre avant même d'avoir paru. Dès qu'on a su que Biscot s'y montrait en coureur du Tour de France, suivant les dixhuit étapes du formidable circuit, la curiosité publique, l'attention des sportifs, puis leur enthousiasme ne l'ont plus abandonné.

Pendant un mois, la France en a été révolutionnée.

Sur toutes les routes qui vont du nord à l'ouest, de l'ouest au midi, du midi à l'est pour retourner au nord, des foules compactes ont vu passer, pavoisées des fanions du "Roi de la Pédale", les automobiles de l'artiste, du metteur en scène Champreux et de ses opérateurs. Un peuple entier, dans les plaines et sur les montagnes, a eu la constance d'attendre de longues heures, de s'astreindre même à veiller, pour assister à des prises de vues de ce film qui le passionnait déjà.

Ces diverses populations ont formé la masse des spectateurs de demain. Elles empliront les salles où le film sera projeté, comme elles envahissaient les campagnes où des scènes en étaient réalisées. Elles viendront revoir les paysages de leurs contrées servant de décors aux plus fortes péripéties de ce splendide ciné-roman.

Car si "Le Roi de la Pédale" contient, avec le Tour de France, un prodigieux documentaire jamais vu jusqu'ici à l'écran, c'està-dire les sites les plus caractéristiques du pays animés par la lutte des héros de la moderne épopée cycliste : les Bottechia, les Aymo, les Buysse, les Christophe, les Pélissier, etc.. ; s'il est, épisodiquement, un plein air magnifique, il raconte aussi une histoire captivante, d'un intérêt puissant, bien faite pour attirer et retenir pendant des semaines le grand public avide de gaité et d'émotion.

"Le Roi de la Pédale" est, le film attendu de la foule et de l'élite. Les millions de lecteurs de tous les journaux et, de tous les périodiques, qui se sont fait un d.evoir d'en entretenir le public comme d'un événement sensationnel, guettent l'annonce de sa. présentation.

Ce serait les décevoir que de ne pas leur en donner la vision, un des premiers. D'innombrables spectateurs, par leur empressement, tout d'abord, par une assiduité reconnaissante, dans la suite, montreront au directeur de "Printania" *, ayant "Le Roi de la Pédale" au programme, tout leur gré de leur avoir offert ce régal si fortement espéré.

 

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* salle de cinéma de Lille (voir publicité en bas de page)

 

 

 

Première Étape : LES AMOURS DE FORTUNÉ

 

A Nice, le jeune Fortuné Richard, après la mort de son père, est devenu le soutien de sa mère et de sa petite soeur Bouboule. Faisant un peu tous les métiers, il arrive, à être groom, au Négresco. Une seule passion le possède depuis l'enfance : l'amour du sport et, en particulier, de la bicyclette.

Sa passion sportive lui vaut maintes mésaventures, notamment, d'être renvoyé du Négresco. C'est alors la grosse gêne, du moins, pour lui, Fortuné, qui se prive de tout pour qu'on ne se doute de rien à la maison. Des escarpes essaient de l'enrôler dans leur troupe : il dédaigne leurs propositions. C'est pendant cette période de misère qu'il trouve sur son chemin, un portefeuille, bien garni. S'il ne le rendait pas ? Il repousse la tentation. Le portefeuille contient une enveloppe. Fortuné se rend à la villa indiquée que porte l'adresse. Il est, reçu par la fille de la maison, Simone, dont la beauté l'éblouit. Le père survient, remercie, félicite Fortuné et lui laisse en récompense un billet de 500 francs.

Quelques jours plus tard, les mêmes escarpes qui ont voulu, naguère, s'associer Fortuné, tentent de l'intéresser à. une entreprise de tout repos : "Une villa à piller, dont il connait sûrement les aîtres, puisqu'on l'y a vu". Fortuné feint d'acquiescer. Puis il prend son vélo avec l'intention d'aller avertir les habitants de la villa menacée. Sur la route, il rencontre, une automobile en panne. Il n'en croit pas ses yeux, c'est M. Pierrard lui-même, qui est là, attendant la fin de la réparation. La conversation s'engage. Fortuné lui fait part de ses ambitions sportives. Celui-ci tente de le dissuader, remonte dans son auto et 'repart.

Fortuné, qui va dans la môme direction, le suit sur sa bécane au train de 40 kilomètres à l'heure. Ils s'arrêtent tous les deux à la porte de la villa. M. Pierrard est étonné que Fortuné ait pu le suivre à une telle allure. Fortuné, lui, n'a qu'un souci, avertir le père de Simone.

Le soir, les cambrioleurs sont pris au piège. Le calme revenu, M. Pierrard, qui a admiré à la fois la performance et l'honnêteté du personnage, lui remet sa carte en lui promettant de lui donner du travail à l'usine, si jamais l'occasion s'en présente. C'est dans cet espoir que toute la famille Richard décide de quitter Nice, en chantant : "Nous irons a Paris, tous les trois".

 

Deuxième Étape: A PARIS

 

À peine arrivé à Paris, Fortuné se rend à l'usine et demande M. Pierrard. Il insiste pour être reçu. Aux détails transmis, M. Pierrard et le directeur se rappellent le brave garçon de Nice. Ils tiennent leur parole. Fortuné est embauché. La question du logement se pose tout de suite pour la petite famille. Sur la zone des fortifs, Fortuné ayant eu l'occasion d'obliger un vieux marchand de ballons, le père Anatole, la conversation s'engage. Justement, le père Anatole, a une villa à louer. Une villa... Une cabane en planches : voilà tout. C'est toujours un abri. Dès le lendemain, il est au travail. Ses tribulations commencent. Le surveillant, surnommé La Bonbonne, à cause de son embonpoint, prend aussitôt en grippe cet apprenti aux allures de protégé.

Cependant, il est désigné pour servir d'aide à Jacquemard, au vélodrome. Son bonheur est alors sans égal. Il coudoie les grands coursiers et la frénésie, du sport le reprend. Il s'entraîne, s'exerce au pusching ball, se douche, fait de la culture physique. Mais il ne se doute pas qu'à force de s'empresser auprès de Simone, l'amour est sournoisement entré dans son coeur. La déception qu'il éprouve, un dimanche, devrait pourtant l'éclairer. Il a suivi à bicyclette la petite auto de la jeune fille, coutumière de promenades à la campagne. Il l'a vue s'arrêter au coin d'une route, être rejointe par Jacquamard à qui elle a donné le bouquet de son corsage. La Bonbonne, le lendemain, envenime celte première blessure en lui révélant que Simone est la fiancée de Jacquemard. Depuis, Jacquemard n'a plus l'admiration du petit mécano. Celui-ci à ôté son portrait de la galerie des gloires sportives.

Une solennité approche pour le personnel de l'établissement. C'est l'époque où se dispute le championnat de boxe, de l'usine. Le grand jour-est enfin arrivé. La Bonbonne est favori. Il a d'ailleurs facilement raison de tous. Un uppercut, qu'il a malencontreusement lancé, déchaîne, néanmoins, les protestations de l'assemblée. Le surveillant a mis lmock-out son adversaire en frappant après le coup de gong annonçant la fin du round. Vociférations, tumulte, injures. Là dessus, La Bonbonne jette un défi collectif aux assistants. Fortuné n'y tient plus, relève le défi et s'élance dans le ring. La. Bonbonne., méprisant, accepte le combat. Le signal est donné. Les deux pugilistes se précipitent l'un contre l'autre.

 

 

 

 

Troisième étape : L'ACCUSATION

 

L'issue du combat est bien rincertaine. La Bonbonne est imposant par son volume et par son poids. Fortuné, que la colère rend plus léger encore, voltige autour des flancs, du colosse. Au troisième round, l'attention de La Bonbonne s'étant, détournée, un formidable swing s'aplalit sur sa figure ; le géant s'effondre. Fortuné est porté eiii triomphe. Selon l'usage, le nouveau champion va dîner le soir chez le directeur. A table, il en sort avec une pointe de vin et le coeur exalté. Le lendemain, il louche la prime attribuée au vainqueur. Avec un peu de cet argent, il compte faire cadeau à Bouboule du phonographe qu'elle désire depuis si longtemps.

A l'usine un des jours suivants, tandis qu'à l'atelier Jacquemard examine ses vélos pour la course Miilan-San-Remo, on vient avertir le champion qu'une dame le demande. Il sort et se trouve en faoe de sa maîtresse qui a le soupçon de son inconstance. Il l'éloigne, de peur d'une scène, mais ne l'évite pas. Simone le retrouve seul ensuite, l'air ennuyé. Elle le suit à l'atelier, où Jacquemard, d'humeur exécrable, rabroue le pauvre Fortuné, chez qui la rancune grossit. Les machines sont pourtant en excellent état. Et voilà que le lendemain, on trouve les machines faussées, cassées, inulilisaibles. Les soupçons se portent immédiatement sur Fortuné. Seul, le directeur hésite à prendre une sanction quand il entend Fortuné s'écrier avec l'accent de la bonne foi : 'Si, demain, vous me faites venir trois cadres de Saint-Etienne, à six heures, j'aurai remonté."

A l'heure dite, les machines sont prêtes. Fortuné, après la fermeture de l'usine, est entré furtivement dans la pièce par une fenêtre qu'il 'avait eu soin de laisser entr'ouverte. Tout, à coup, dans les demi-ténèbres, une ombre bondit sur lui... un marteau se lève... des coups de feu éclatent... Au bruit, le directeur, Simone, des veilleurs sont accourus. Et l'un aperçoit Fortuné gisant à terre, atteint d'une balle et tenant encore un marteau dans sa main crispée. La Bonbonne est devant lui et déclare devant la consternalion générale : 'Je l'ai surpris qui allait encore saboter les vélos".

 

Quatrième étape : L'ENVOLÉE

 

Cette fois, l'affaire est grave. Le commissaire et les parents de Fortuné sont avertis. La Bonbonne est précis. Attaqué par Fortuné dans l'atelier, il s'est défendu. A ce moment, arrivent Boutooule et sa mère. Le père" Anatole n'a pas voulu laisser partir les pauvres femmes seules dans la nuit et les a accompagnées. Elles sont atterrées,car rien ne peut prouver l'innocence de Fortuné. Si, pourtant. L'arme de l'attentat, ce marteau, le vieux marchand de ballons le reconnaît. Lesurveillant veut s'esquiver : deux agents l'arrêtent. Le docteur, survenu, constate que la blessure de Fortuné n'est pas extrêmement sérieuse ; elle nécessite néanmoins son transfert à l'hôpital. Mais ce brave garçon a été blessé a l'occasion de son devoir ; il entend le soigner chez lui.

La guérison a été plus rapide qu'on ne pensait. Fortuné a reçu comme récompense une belle bicyclette. En cachette, le jeune mécanicien essaie sa pédalée. Un jour, il gagné une petite épreuve, et l'ambition première renaît en lui... Le Tour de France approche et il est dans les visées de Jaoquemard d'être marié avec Simone avant la grande randonnée. Un journal a même annoncé celle union. L'écho est tomté sous les yeux de la maîtresse du champion. Elle n'hésite pas, elle se rend chez Simone et lui montre, lettres et photographies à l'appui, les promesses et l'indignité de son fiancé.

Quelque temps avant la grande course, M. Pierrard, qui cherche un auxiliaire débrouillard, a jeté son dévolu sur Fortuné. Fortuné s'excuse, il a besoin, dit-il, d'un mois de congé, car il prétend prendre part au Tour de France, comme isolé. Les grands "as" n'en reviennent pas.. Seul, Jacquemard prend la chose au sérieux ; il s'oppose au congé. Mais Jacquemard n'a plus son autorité d'antan. Le directeur lui signifie qu'après ce qu'il a, appris sur sa conduite tout projet d'alliance entre eux est rompu. Alors Jacquemard déclare qu'il ne courra pas. Malheureusement, son contrat l'y oblige. Il a pourtant son idée de derrière la tête. Le père Anatole le sait, car il a surpris une conversation entre La Bonbonne, sorti de prison, et un certain coureur énigirnatique nommé Cassoès... Fortuné, an V&sinet, prend le départ d'une course dont Simone est .peut-être le prix.

 

 

 

 

Cinquième étape : LE TOUR DE FRANCE

 

Fortuné est désormais le 333 dans la troupe des engagés. A moitié de la première étape, Jacquemard simule un accident et abandonne. C'était la fameuse idée de derrière la tête pour se venger du directeur. Fortuné suit obscurément. Cherbourg, Rennes, Les Sables passent, et tout à coup, à Bordeaux, il arrive le premier des isolés. Jacquemard, furieux, décide de faire intervenir Cassoès pour lui nuire. Par de constants menus services, celui-ci s'insinue dans les bonnes grâces de Fortuné ; puis, à Bayonne, il l'entraîne dans un dancing. Un commissaire impérieux, surgissant au cours de sa ronde, fait échouer la machination.

Dans les Pyrénées, à la surprise générale, le 333 se révèle comme un grimpeur remarquable. Luchon le voit un des premiers. Le directeur, lui adresse télégraphiquenient ses compliments et une prime, lui promettant une forte gratification s'il conserve son avance. Il fait mieux que de conserver son avance, il gagne du terrain et arrive à Perpignan, gagnant l'étape. Pour comble de bonheur, il y reçoit une lettre de Simone dont les encouragements ont des nuances de tendresse. C'est que la jeune que, dans une visite faite à Bouboule et sa mère, a découvert l'amour de Fortuné. Cassoès a trop d'intérêt, stimulé par les envois de fonds de Jacquemard, à ce que Fortuné n'accentue pas ses avantages pour l'abandonner en si bon chemin et il cherche toutes les occasions de lui créer une embûche.

Il en trouve une à Nice. Là encore, Fortuné est arrivé premier de l'étape, au milieu des hourras. Il est descendu au Négresco. Les anciens camarades, les grooms lui font fête et le choient. On lui prépare une belle chambre. Cassoès a couru partout, dit-il, sans trouver à se loger. Fortuné, apitoyé, lui fait donner la chambre voisine de la sienne. Cassoès a son plan. Lorsqu'il est sûr que Fortuné dort d'un profond sommeil, il pénètre chez lui à pas de loup. Au réveil électrique, la sonnerie est marquée pour 2 heures. Il change la fiche de trou et la place à 8 heures : Fortuné ne partira pas.

 

Sixième et dernière étape : LE MAILLOT JAUNE

 

Le départ, en effet, va être donné à l'heure fixée: Tout le monde est là, sauf Fortuné. Le starter donne le signal. Un groom du Négresco, redoutant un malheur, saute la barrière et accourt à l'hôtel. Il réveille Fortuné, lui montre l'heure, l'aide à s'équiper. Le contrôle, heureusement, n'est pas encore fermé. Il signe et s'élance. Sur la route, il rejoint Cassoès,- dont la félonie, lui paraît, à présent, évidente. Il va l'en châtier. Dans, les cols, Fortuné maintenant a des ailes. Il arrive à Briançon, premier cette fois, du classement général. Au Galibier, cependant, une défaillance le prend. Il se sent terrassé, les nerfs lâchent, la volonté enfuie. Mais, miracle d'amour, Simone lui apparaît. Sa vision le fait renaître et l'a entraîné.

La Bonbonne attend à son tour le champion qui, dans son maillot jaune, descend vers Paris au milieu des acclamations. Il ne faut pas qu'il triomphe. Au dernier ravitaillement, l'ancien surveillant profite des embarras de la foule pour changer le bidon préparé pour le 333 et le remplacer par un bidon contenant un narcotique. Il va ensuite à bicyclette semer des clous sur la route. Mais deux cyclistes, en avant du peloton, l'ont aperçu. Pendant que l'un ramasse les clous, l'autre lui donne la chasse. Entre temps, Fortuné, au ravitaillement, a préféré" une canette au bidon qui contient le narcotique.' Cassoès, pressé, prend- le bidon resté là. Quelle rage pour La Bonbonne de voir passer, quelques instants après, Fortuné en pleine forme, puis la masse des coureurs et Cassoès, recru de fatigue, qui s'arrête devant lui.

Fortuné, dans le,délire de la foule, et dans la clameur des ovations, fait son entrée au Parc des Princes. Il a gagné le Tour de France. Le directeur, Bouboule, petite mère, le père Anatole, le serrent dans leurs bras. Simone, à son tour, s'approche. Avec quel enthousiasme elle embrasse le vainqueur, son vainqueur, car c'est bien un baiser d'amour qu'elle lui donne.

 

PETITS ECHOS

 

— Subséquemment, on ne passe pas !

C'est un agent péremptoire, qui arrête la voiture de Biscot. La scène se passe à X..., terminus d'une étape que nous ne nommerons pas.

Du fond des coussins, une voix gouaille :

— De quoi, on ne passe pas ?... Vous allez pa, des fois, me faire tare mon arrivée.

— D'abord, c'est moi qui gagne le Tour de France, affirme-t-il !

L'agent n'est pas impressionné, il cherche sur le journal "L'Auto" le nom de l'es qui porte le matricule 333 sur son dossard. Il n'y a pas de 333. Plus de doute, il a affaire à quelque fou dont le Tour de France a brouillé la cervelle. Il en a tant vu, dans sa carrière, de ces éléments atteints de la folie des grandeurs, et qui se prétendent le Président de la République ou le capitaine des pompiers. Et il médite un moyen d'emmener son homme au poste, sans l'exciter.

Mais le temps presse. Champreux, là-bas, au contrôle, fait des signes d'impatience. Les coureurs sont signalés , on va manquer la scène !... Biscot use d'un dernier argument:

— Voyons, l'ami, je suis Biscot. Biscot !... c'est pourtant vrai ! Le représentant de l'autorité le reconnait maintenant, sous ses macules jaunatres. et le voilà qui court au kiosque de journaux voisin. Il en revient avec une carte postale du fameux comique pour que celui-ci y appose sasignature. Pendant qu'il s'exécute de bonen grâce, Biscot lui crie :

— Va vite en chercher une autre, que je te la signe pour ta bonne amie !

Ah ! il peut bien passer, à présent, aller où il voudra, la consigne n'est pas pour lui.

 

Un peu après le contrôle de ravitaillement de Labouneyre, Mottiat, le joyeux Belge, toujours à l'affût, d'une facétie, a des conciliabules discrets avec quelques copains. Ce doit être assez drôle, car les copains sourient, dodelinent de la tête, approbateurs.

— Alors, ça y' est, conclut Mottiat, on leur fait la blague."

Il était convenu avec Champreux et toute une équipe, de réguliers qu'on allait, tourner, avec leur concours, une scène de route où Biscot et le traître Delly's figuraient parmi les véritables coureurs du Tour de France.

Biscot et Deliy's en tête, le peloton roulait à paisible allure. Un clignement de paupière de Moltiat avertit ses compères que le moment était venu de rigoler. Et les voilà tous, à coups de pédale précipités, qui d'émarrent vertigineusement.

Biscot et Delly's, d'abord surpris, ne se laissent pas semer : la voiture de même, naturellement. Ils se mettent à la poursuite des fugitifs, rejoignent et collent, pour rester dans le champ de l'objeclif. Mottiat les entraine; à plus de 40 kilomètres à l'heure. Biscot et Delly's sont, loujours là. Il est- vrai que celui-ci est champion des Caf' Conc' de la catégorie cycliste. Quant à Biscot, il a la forme d'un sprinter de premier ordre et ce n'est pas qu'au ciné qu'il est le "Roi de la Pédale". La scène n'en est que mieux réussie.

 

Peu avant Lorient, Biscot tournait en compagnie d'un autre acteur environ deux heures, après le passage de la course. La scène terminée, tous deux regagnaient la ville tranquillement, en vélo. Comme un paysan les regardait avec une insistante curiosité, Biscot l'interpelle :

— Est-ce qu'ils sont, passés depuis longtemps ?

— Dame oui, mon gars, tu vas arriver bon dernier. Alors Biscot, ss tournant vers son partenaire :

— On abandonne ?... Allez, tant pis, nous abandonnons. Mais, dites-moi, mon brave homme, où est la gare de Compiègne que je prenne le train... Notre, paysan n'en est pas revenu. Si pourtant il lui avait été donné d'assister à la triomphale arrivée du Roi de la Pédale au Parc des Princes, il aurait pu juger quelle erreur de pronostic il avait commise.

 

 

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le cinéma Printania se trouvait 5, rue d'Amiens à Lille

 

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