ACCUEIL | LES CELEBRITES | TINTIN RACONTE PAR HERGE (1950)

 

 

Cet article est extrait du journal Tintin (édition belge - janvier 1950) - Notre célèbre Reporter venait d'avoir 21 ans (âge de la majorité en Belgique comme en France)

 

     

 

 

 

TINTIN, QUEL AGE AS-TU ?

 

 

Mais il n’as pas d’âge ! A le voir évoluer, il parait avoir une quinzaine d’années. Et pourtant notre ami vient d’atteindre tranquillement, façon de parler,  sa majorité. C’est, en effet, le 10 janvier 1929 dans le Petit Vingtième, supplément hebdomadaire du Vingtième Siècle, que notre petit reporter et son inséparable Milou faisaient timidement leur entrée dans le vaste monde.
Evidemment, ils n’avaient pas, à cette époque, l’allure qu’ils ont aujourd’hui. En vingt et un ans, on change, pas vrai ? a l’occasion de cet anniversaire, je suis allé rencontrer Hergé.

 


UN ANCETRE DE TINTIN

 

 

Savez-vous, m’a dit Hergé, que Tintin a un ancêtre ? C’est comme je vous le dis ! Il s’appelait Totor et il était scout, chef de la patrouille des Hannetons. Ses aventures ont paru dans le Boy-Scout Belge, en 1925-26. J’avais à peine 18 ans !

 

 

 

PARTONS POUR LA RUSSIE

 

De Totor à Tintin, il n’y avait qu’un pas : une petite mèche à changer et hop ! Tintin était né !
Qu’allait-il faire, ce curieux petit-bonhomme ?... je l’ai envoyé au pays des Soviets, dont les premières images ont paru le 10 janvier 1929. J’étais loin de me douter que, vingt et un an plus tard, il promènerait encore dans le monde, sa petite houppe et son petit nez, en compagnie de son espèce de fox à poils durs…  d’emblée, mes jeunes lecteurs  adoptèrent mon petit héros. Pourquoi ? Je me le suis toujours demandé et je me le demande encore ! en tout cas, lorsqu’il rentre de Russie, en mai 1930, et qu’il fut accueilli à la gare du Nord par une foule enthousiaste, ce fut pour moi une véritable surprise. Je me souviens qu’au milieu de la bousculade, quelqu’un me prit le bras et me dit : "Venez vite ! L’impératrice Zita est là avec ses enfants et désire que vous lui soyez présenté". J’étais tellement éberlué que je n’en revenais pas et que je n’ai pu bredouiller quelques vagues paroles.

 


L’AFRIQUE VOUS PARLE

 

A peine rentré, voilà Tintin qui repart. Pour le Congo, cette fois. Mais si Tintin était un reporter encore novice, j’étais, moi, un dessinateur inexpérimenté. Aussi, les dessins de Tintin au Congo ne sont pas ceux que vous avez découverts dans l’album en couleurs. Ils étaient vraiment trop mal dessinés, et je les ai recommencés. Le retour du Congo fut aussi homérique que celui de Russie. Des nègres, de vrais nègres, bien noirs et bien luisants entouraient notre héros et portaient fièrement les trophées – arcs, flèches, fétiches, lances, etc. – qu’il avait rapportés d’Afrique.

 

 

 

CHEZ LES PEAUX-ROUGES

 

Infatigable, Tintin s’embarque pour l’Amérique. Nous sommes en septembre 1931. Vous connaissez, n’est-ce pas ses démêlés avec les gangsters et les Peaux-Rouges. Dès l’annonce de son départ, une dame m’écrivait de Chicago, me disant qu’elle se mettait à la disposition de Tintin pour le piloter dans la ville ! Vous le voyez, on pouvait se montrer plus aimable. Tintin revint des USA en novembre 1932 et cette fois-ci, ce fut dans un grand collège de Bruxelles qu’on l’accueillit avec faste.

 

LES DUPONT S’EN MELENT

 

C’est dans Les Cigares du Pharaon, qu’entrent en scène les deux sympathiques Dupont et Dupond, policiers jumelés au jugement infaillible (je dirais même plus : infaillible). A cette époque, ils étaient, eux aussi, assez différents de ce qu’ils sont à présent, comme vous pouvez vous en rendre compte. Ils étaient loin de se douter, lorsqu’ils firent la connaissance de Tintin dans des circonstances plutôt désagréables, qu’ils deviendraient un jour ses amis.
- A ce propos, Hergé, l’album Les Cigares du Pharaon ?
- C’est simple. M’édition en est complétement épuisée. Mais rassurez-vous, il sera, lui aussi, réédité un jour. Patience !...
- Bon. Noté. Et alors ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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TEMPETE SUR L’ASIE

 

Le 9 août 1934, Tintin s’embarque pour l’Extrême-Orient. Les incidents qui le mirent aux prises avec les Japonais me valurent, de la part de l’Ambassade du Japon, de polis mais vifs reproches. Un général belge intervint même auprès du directeur du Petit Vingtième pour le prier d’interrompre cette histoire.
- Sans doute craignait-on des incidents diplomatiques entre les deux pays ?
- Peut-être… Quoi qu’il en soit, Tintin continua… Un petit détail en passant : les textes chinois qu’on peut lire – façon de parler ! – dans Le Lotus Bleu, sont authentiques, ceci grâce à la collaboration d’un amis chinois qui se nommait Tchang (comme dans l’histoire, le petit amis chinois de Tintin).
Et c’est un missionnaire de Kalgan, en Mongolie, qui écrivit de là-bas pour m’apprendre que Tin-Tin en chinois signifiait "doublement courageux", tandis que Mi-Lou se traduisait par "avoir perdu son chemin".
Tintin rentre en Chine en octobre 1935 et, cette fois, ce fut au Cirque Royal qu’ il se présenta devant des milliers d’amis réunis pour l’y acclamer.

 

AU PAYS DES ARUMBAYAS

 

Mais vous n’imaginez pas Tintin restant longtemps chez lui, au coin du feu. Dès le 5 décembre 1935, il repart pour l’Amérique du Sud où l’attendent de nouvelles aventures. C’est L’Oreille Cassée où le général Alcazar fait son apparition.

 

UN AIR DE CORNEMUSE

 

Que vous dire de L’Ile Noire ? C’est là que Tintin se trouve aux prises avec le docteur Muller qu’il a retrouvé, il y a quelques temps, en Arabie, sous le nom du professeur Smith. Mais vous savez tout cela…

 

EIH BENNEK – EIH BLAVEK

 

Août 1938. C’est l’époque des événements de Tchécoslovaquie et de l’agitation des Sudètes.
- L’actualité vous a donc servi, Hergé ?
- Un peu… je me suis inspiré de ces incidents pour composer Le Sceptre d’Ottokar, dont l’action se déroule en Syldavie, un petit pays d’Europe Centrale où, soit dit en passant, on parle une langue très curieuse…
C’est ici qu’intervient pour la première fois la signora Bianca Castafiore, la célèbre cantatrice de la Scala de Milan, que l’on reverra – et surtout que l’on réentendra – plusieurs fois par la suite.

 

L’OR NOIR INTERROMPU

 

Octobre 1939 : drôle de guerre… Début de L’Or Noir, que la guerre, la vraie, interrompt brusquement le 10 mai 1940. Cette histoire, vous la connaissez. Tintin l’a reprise en septembre 1948, et c’est elle que vous suivez encore aujourd’hui et qui touche à sa fin.

 

TONNERRE DE BREST

 

C’est dans Le Crabe aux Pinces d’Or (ce titre si difficile à prononcer !) qu’apparait pour la première fois un nouveau personnage que vous aimez tous et qui est devenu très populaire, aussi bien que son inépuisable répertoire d’injures (un lecteur en a relevé récemment, quatre-vingt-douze !), que par ses colères homériques : le capitaine Haddock ! Il faut avouer que, lorsqu’on le vit pour la première fois, ivrogne incorrigible, il n’avait pas une attitude très édifiante. Mais, par la suite, grâce sans doute à la bienfaisante influence de Tintin, il est devenu beaucoup plus raisonnable.

 

LE METEORE

 

C’est le capitaine Haddock (Président de la Ligue des Marins Antialcooliques) qui prendra d’ailleurs le commandement de L’Aurore, le navire qui emmène une expédition européenne vers les régions polaires où est tombé un météore. Rappelez-vous la troublante histoire de L’Etoile Mystérieuse.

 

UN VRAI COMBAT NAVAL

 

L’histoire suivante, Le Secret de la Licorne,  voit Tintin découvrir au Vieux Marché un modèle de vaisseau de haut bord : La Licorne.  La maquette et les plans de ce navire furent exécutés par un spécialiste de marins. Quant aux phases du combat naval, qui opposa La Licorne au petit vaisseau des pirates, elles furent reconstituées avec l’aide, et sous contrôle, d’un ancien capitaine au long cours.

 

PLUS A L’OUEST

 

Le Trésor de Rakham le Rouge fait suite au  Secret de la Licorne et nous montre, pour la première fois, un personnage qui nous est, également, devenu familier : ce bon  M. Tournesol (Tryphon), savant très gentil, très distrait, toujours armé de son pendule et sourd comme un pot ! De m’être servi, sans malice, de cette infirmité, m’a valu, un jour une lettre furibonde d’un véritable sourd qui, non content de m’injurier, me souhaitait de devenir sourd comme lui !

 

UNE HISTOIRE DE MOMIE

 

Ce fut dans les derniers mois de 1944 que je conçu cette histoire qui parut sous le titre Les Sept Boules de Cristal. On y retrouve, en plus de mes personnages habituels, le général Alcazar et Mme Bianca Castafiore. Comme certaines scènes se déroulaient dans un music-hall et comme je désirais soigner les détails, je suis allé avec un de mes collaborateurs dans un vrai théâtre de Bruxelles pour y prendre des croquis.

 

AU PAYS DES INCAS

 

C’est dans le premier numéro de Tintin daté du 26 septembre 1946, vous vous en souvenez, que commença cette fameuse histoire que vous connaissez tous. Une grande documentation m’a été nécessaire pour présenter ce récit au pays des Incas. Les costumes, notamment, je les ai découverts dans une revue américaine : National Geographic Magazine où ils étaient reproduits par un dessinateur qui s »appelait, comme par hasard, Herget ! Curieuse coïncidence, n’est-ce pas ?

 

GOODBYE, MISTER HERGE !

 

Voilà ce que notre grand ami Hergé m’a confié à l’occasion des vingt et un ans* de Tintin et Milou. J’espère qu’il vous aura été aussi agréable qu’à moi d’apprendre ces détails sur ses nombreux ouvrages.

 

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Tchong Jen Tchang

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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