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Si moult rois daignent enfourcher une bicyclette, l'opinion publique est en émoi: les femmes portent des pantalons pour enfourcher ce drôle d'engin. Sarah Bernhardt trouve le tout immoral...

 

Vers la fin du siècle dernier, la société élégante se précipita avec enthousiasme sur la bicyclette. Grâce à l'Irlandais J. B. Dunlop qui inventa en 1888 le pneu gonflable, ce véhicule devint confortable et agréable à conduire. Lorsque le Duc de Sagan, homme très en vue, chevauche pour la première fois une bicylette, il fut suivi par le "Tout Paris". Parader sur la "Petite reine" - surnom que les Français donnèrent à la bicyclette - devint à la mode dans les cercles mondains. Le Roi d'Italie apprit à aller à bicyclette. Les Rois de Belgique, du Portugal et d'Espagne suivirent son exemple. Aussi bien d'ailleurs que le Tzar de toutes les Russies et l'Empereur d'Allemagne. Alors que les souverains ne pouvaient abandonner leurs uniformes pour faire du vélo, les snobs Parisiens, par contre, s'habillèrent confortablement. Au Bois de Boulogne, les Messieurs pédalaient en knickers et en vestes confortables, chemises non amidonnées, col mou, parfois colorées et - parbleu! - sans aucun gilet, ni cra-vatte.

 

SCANDALE

 

Cette mode courageuse ne fut rien en comparaison de l'audace des femmes qui, elles aussi, faisaient de la bicyclette. Au début et jusqu'en 1893 les courageuses conductrices étaient plus occupées à ramasser les longues et amples jupes flottantes des tenues de ville ordinaires, qu'à rouler. Et alors - comme on l'écrivit en 1894 - l'incroyable arriva : les femmes se mirent àporter des pantalons. Au début ce furent de longs knickers, sorte de pantalon turc, qui faisaient partie de la panoplie moderne du cycliste. L'opinion publique est en émoi, les mauvaises langues vont bon train. "Ce costume masculin est la négation de toute harmonie" juge le peintre Jean-Louis Forain. La grande cantatrice Nelly Melba est scandalisée, et Sarah Bernhardt trouve le tout immoral. L'écrivain et philosophe Karl Kraus craint que ceci ne soit un premier pas pour l'obtention des femmes du droit de port de barbe.

 

NAISSANCE DE LA JUPE CULOTTE

 

Jupe ou pantalon? Cette question divisa le monde pendant les années qui suivirent. A Copenhague, la femme porte une tenue de ville. En France, la cycliste opte pour le pantalon. En Angleterre, surtout à Londres, elle doit porter une jupe. Les Viennoises préfèrent les ensembles veste et jupe, bien qu'un tiers des cyclistes se reconnaissent le droit de porter le pantalon. En1897, les cyclistes américaines se réunirent en congrès: dans le nouveau monde le pantalon fut le gagnant. Il existe même une alternative pour les indécises: la jupe fendue ou la ju-peculotte, ou les deux en même temps: on superpose une jupe sur unpantalon. En 1900. la revue "Mode de Vienne" recommande: "voici une nouvelle invention qui réunit enfin les avantages de la jupe et du pantalon; ce vêtement n'est plus seulement une jupe ou un pantalon, mais les deux en même temps. Cette licence permet à la jupe-culotte de se transformer très facilement en l'un ou en l'autre." Mais la cycliste a un nouveau problème: le marron et le bleu marine ne sont plus à la mode. Lorsque la flanelle blanche fut à son tour à la mode les femmes cyclistes se mirent à craindre les chutes...

Les femmes d'aujourd'hui ont vraiment la vie facile. Déjà enfant, elles apprennent à faire de la bicyclette, car juste après le landau, vient le vélo. Les vêtements qu'elle porte, elle les choisit seule, sans que la société les lui impose. Le plus important, c'est le confort, surtout pour une balade. Une tenue de jogging souple et confortable est idéale pour faire du vélo, pour la vie quotidienne et même pour être à la dernière mode.

 

 

 

publié en 1986

 

 

 

 

publié en 1938

 

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