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HUMILIATION - Le tourniquet de La Neuveville, aboli en 1798, à l'arrivée des Français. Lithographie Charles Baillif

 

 

Dans un manuscrit datant de 1760, il est question du supplice du tourniquet pratiqué à la Neuveville et supprimé en 1798:

— Au bas de l'escalier qui mène à la plate-forme de la maison de ville, était placée une cage en chêne à clairervoie, montée sur deux pivots de grandeur à y enfermer facilement une personne pour pouvoir la faire tourner.

 

Le condamné était enfermé et exposé à la risée du public et des gamins. Ainsi, peut-on lire en 1677:

— Il a été arrêté que pour arester les friponneries qui se commettent par les jeunes enfants, tant sur le fruitage que d'autres biens du prochain, l'on fera faire un viret ou tourniquet, sur le contour de la Fontaine Dessus pour y enfermer ceux que l 'on trouvera faisant dommage au bien d'autrui.

 

Il y avait trois sortes de punitions au tourniquet: on était conduit devant letourniquet, ou bien on y entrait pour un temps limité sans être tourné, ou enfin, on y était tourné. La punition était déshonorante; dans une requête datant de 1767, des enfants demandent grâce pour leur père "condamné à subir l'ignominie du tourniquet". Ils déplorent "les suites fâcheuses qu'il y a pour eux d'avoir un père au tourniquet".

 

C'est qu' il ne fallait pas grand chose pour "mériter" le tourniquet: secouer les pommes avant six heures du matin, grapiller dans les vignes avant le son de la cloche, voler du raisin, une hache ou du linge valait la peine du tourniquet. En 1752, deux filles sont mises dans le tourniquet pour avoir fait uneseillette de raisins derrière le faubourg.

 

Pourtant, à cette époque déjà, on accordait le sursis ou encore les circonstances atténuantes, parfois en raison de convulsions. Et à Noël, le tourniquet restait vide, ou presque: la bise, le soir venu, jouait alors a s'engouffrer dans cette manière de carrousel, le faisant vibrer par saccades. Une plainte lugubre s'élevait soudain dans la nuit, la cage gémissait sur ses pivots, réclamant son écot de pauvres bougres. Seules, les cloches de Noël parvenaient à faire taire l'odieuse mélopée..

 

article publié dans un quotidien suisse (1990)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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