Le temps des femmes plates semble révolu. La haute couture, lors de ses dernières collections, a d'ailleurs relancé la mode des décolletés vertigineux : on pouvait apercevoir un sein, ou même la naissance des deux. Aussi, si les femmes veulent suivre la mode, elles devront veiller à une bonne tenue de leur poitrine afin que les "petits coquins" ne deviennent pas, comme disait Voltaire à une vieille marquise trop coquette, "de bien grands pendards".*

Si chaque âge, chaque peuple, chaque race a défini au cours des âges, différents canons de la beauté des seins (menus et écartés ou hauts placés, sacrés ou nourriciers, maternels ou érotiques...) aujourd'hui la contrainte fait place à la liberté. Il n'est plus tant question de volume ou de forme que d'une préoccupation d'ordre plastique: conserver la fermeté et la tenue de la poitrine, en un mot les attraits de la jeunesse.

Mais après les planches à pain et les nounous genre Rubens, où est la vérité ? Des spécialistes tentent de la cerner: normalement, le sein pèse approximativement 200 grammes, Il mesure 10 centimètres de hauteur, 10 centimètres de largeur et cinq centimètres d'épaisseur.

Ces dimensions constituent, selon ces experts, ce que l'on pourrait appeler une moyenne idéale, mais elles sont susceptibles de variations en fonction de la morphologie, c'est-à-dire du développement des épaules de la femme. Le corps étant une harmonie, il est lié par des rapports de dimensions, différents d'une femme à l'autre en fonction de son système musculo-osseux. Il existe aussi très fréquemment un développement plus important d'un des deux seins.

Quant aux formes des seins, le critère éthique joue un grand rôle, ajoutent ces spécialistes: le sein en pomme est courant, en globe il est très commun, en forme de cône on le rencontre surtout chez les noires et les Asiatiques, et en poire il est fréquent chez les Américaines.

Pour éviter la chute du buste, ils recommandent de porter un soutien-gorge, même dans le cas de seins normalement développés, et à plus forte raison lorsqu'ils sont un peu lourds.
Mais ce soutien-gorge doit correspondre exactement à la taille de la poitrine, laisser toute liberté de mouvement, et ses bretelles ne doivent pas laisser de marques trop prononcées sur les épaules ni sur le dos.

Quelques conseils pour garder une belle poitrine, faire des exercices qui entretiendront le tonus des muscles pectoraux, stimuler la circulation sanguine par des exercices physiques et par des douches fraîches alternées avec des douches tièdes, éviter une exposition trop prolongée au soleil, et se rappeler que la natation est excellente pour la poitrine.

paru dans un quotidien - février 1979

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* Voltaire et Mme De Villemenue :

- Comment, Monsieur Voltaire, est-ce que vous songeriez encore à ces petits coquins-là ?
- Petits coquins ? Petits coquins ? Madame, ce sont de bien grands pendards

Elle revient.II paraît d'ailleurs qu'elle n'était jamais partie. De l'avis d'un fabricant de soutien-gorge,les seins de Jane Birkin ne sont qu'un accident de l'histoire. On ne fait pas plus faux-cul. Cela fait plus de vingt ans qu'on nous prend pour des nourrices de province dès que nos charmes n'entrent plus dans un 75 B. L'avènement des mannequins sous-alimentés et des sportives sur-vitaminées a sonné le glas du sein depuis belle lurette...

A une époque, pas si lointaine, les athlètes de pointe étaient tellementp lates qu'il fallait vérifier qu'elles n'avaient pas de zizi pour être certain qu'elles avaient des lolos. Bon.Il faut admettre qu'une généreuse devanture n'est pas franchement hydrodynamique. Et lorsqu'on plonge, elle doit être fermement arrimée. Mais tout de même, au niveau du sein, le sport nous a fait du tort. Et ça continue. Les déesses d'aujourd'hui sont minces et musclées. Or, une Baigneuse de Renoir serait trop bien équipée de pare-choc pour courir Morat-Fribourg. Pour flamber à la course à pied, il faut choisir entre le muscle et la chair.

Alors, quand on me dit que la mode des seins revient, je me méfie. A mon avis, elle rapplique à propos pour doper l'industrie du soutien-gorge. Mais pour enfiler ce qu'on nous propose par-dessus, des robes décolletées jusqu'au nombril devant et jusqu'à la naissance des fesses derrière, il faut pouvoir se passer d'armature. II faut qu'ils tiennent tout seuls. Autrement dit qu'ils soient solidement siliconés ou pas plus gros qu'une clémentine.

S'il y a plus menteur qu'un balconnet pigeonnant, c'est bien un fabricant de soutien-gorge.

article de Christiane Favre publié dans un quotidien suisse en 1994