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Lorsqu’on se retourne vers le passé, on serait tenté de décerner à la Grèce un brevet de propreté. Eh bien, aussi surprenant que cela puisse paraître, les Grecs ne connaissaient pas le savon ! Ils se baignaient souvent, certes, se frictionnaient avec des feuillages. Leur linge, ils le lavaient avec de l'argile, de la pierre, et de la saponaire qui produisait une mousse blanche. Le mot savon vient d'ailleurs de ce nom.

Déjà, en Egypte, les pharaons portaient des voiles de coton, lavés avec de la soude végétale tirée des cendres, et du sel sorti de la mer. Les marchands phéniciens toujours aux aguets de bonnes affaires vendirent fort cher cette recette aux Gaulois. C'est pour cette raison que les riches Celtes s'enorgueillissaient de leurs cheveux. On les leur lavait avec des cendres, du suif, ce qui leur donnait un éclat incomparable.

 

Une savonnette fatale
Charlemagne, lui, utilisait un savon confectionné à Marseille avec de la cendre et de l'huile d'olive. Mais en séchant, il prenait une telle odeur de rance que l'on pensa à lui adjoindre un parfum violent, essence de citron ou de roses.
Pendant tout le Moyen âge, on lavait le linge en le faisant bouillir avec des cendres dans des cuveaux. Pour la toilette, les ménagères avisées et économes fabriquaient, dans leur cuisine, une sorte de pâte avec des cendres et du lard de porc.
Au XVIe siècle, apparurent, enfin, les premières savonnettes de luxe. Un Italien installé à Grasse, les fit payer fort cher aux dames et aux seigneurs de la cour. Mais de grands personnages les boudèrent. Ils craignaient que la reine Catherine de Médicis ne les fît empoisonner par ce moyen. D'autant que si elle en offrait à ses amis, Catherine, comme Elisabeth d'Angleterre, du reste, n'éprouvait guère le besoin d'être elle-même tellement nette : elle ne prenait qu'un bain par mois.


Du négligé sous les joyaux
Personne n'ignore que les XVIIe et XVIIIe siècles furent plus propices à l'esprit qu'à la propreté. Louis XIV éprouva une grande aversion pour le bain. On prétend que le seul qu'il eût pris le fut par accident, dans le bassin de son parc, où il tomba. Par contre, il avait une véritable passion pour toutes les eaux de toilette, ce qui prouve que, malgré tout, il soignait sa personne.
Un certain Pierre Rigat, après beaucoup de démarches, obtint le monopole pour la France, de la fabrication du savon. Mais seulement pour vingt ans. C'est la révolution qui amena le goût des ablutions. On employa davantage de savon. Mais, on ne sait trop pourquoi, sa fabrication fut interdite durant certains mois de l’année...
Un peu plus tard, le savon, tel que nous le connaissons, apparut dans les épiceries : le chimiste Nicolas Leblanc venait d'extraire du sodium du sel marin. Il ne restait plus qu'à exploiter la chimie des corps gras pour apprendre à chacun à être réellement propre.

 

 

 

paru dans un quotidien suisse (1971).

 

 

 

la saponaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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