"Moi, je suis raciste, j 'ai pas peur de le dire". On l'entend de plus en plus en plus, cette petite phrase. Elle ne choque même plus. Avant, on aurait eu honte de l'avouer. Maintenant, on ne s'en cache pas, on s'en vante. Facile de trouver des têtes de Turc quand le temps tourne au noir. Un espoir quand même, en forme de main tendue: touche pas à mon pote.

SOS Racisme, c'est moins connu que le slogan "Touche pas à mon pote", mais c'est la même chose. Le mouvement a spontanément pris naissance à Paris, en octobre 1984, dans les milieux estudiantins, puis dans les lycées. On a commencé à vendre le badge qui représente une main ouverte. Succès phénoménal. Maintenant, la France compte 570 comités, et Paris en a 170 à lui seul. Les militants sont très jeunes: de 15 à 18 ans en moyenne. Pas de politique, pas de récupération: l'anti-racisme, c'est avant tout un état d'esprit. Laissant les discours aux tribuns de droite et de gauche, les potes et copains des potes préfèrent le concret. A l'intérieur des comités, on trouve plusieurs commissions: une commission juridique - il y a même des avocats qui y travaillent gratuitement - pour aider ceux qui ont des problèmes avec la police ou la justice; une commission de formation, quit rouve des possibilités de stage; une commission lycéenne, qui travaille dans les lycées et dans les écoles primaires, etc.

...

La musique, c'est encore le meilleur moyen de faire passer un message.

...

Aux slogans haineux, aux poings fermés, SOS Racisme répond par une main tendue. "Touche pas à mon pote" c'est quand même plus chouette que "Touchepas à mon peuple".

extraits d'un article paru dans un quotidien suisse (1985).