Une pin-up est une représentation de femme, dessinée ou photographiée, dans une pose "sexy", d'où l'expression anglo-saxonne de "pin-up girl" qui pourrait se traduire en français par "jeune femme épinglée au mur". Le mot est employé pour la première fois en 1941.

LA PIN-UP GIRL RIVALE SANS DANGER

Une barrière blanche, une pelouse en pente, une bouteille de lait sur le perron. Entrons dans la maison de l'Américain moyen avec laquelle les productions d'Hollywood nous ont familiarisés. Nous sommes tout de suite au cœur du foyer. Une carte de la Rhénanie nous apprend que le mari se bat pour la liberté. Le mari, c'est ce petit drapeau de papier à rayures et à étoiles piqué du côté de Cologne. La femme, écroulée dans un fauteuil die cuir, pleure... Elle pleure parce qu'elle se trouve laide. Sur ses genoux, des photos. C'est elle de profil... c'est elle de face. Charmante, les yeux cernés par la solitude, les "épreuves" d'une femme qui attend... Il rédlame des photos. Elle voulait lui en envoyer. Maintenant elle a peur que son image le déçoive. Pourquoi ?

Parce que les services de propagande ont inventé la pin-up girl... La pin-up ginl ("la fîllle à épingler") c'est la rivale de toutes les épouses et fiancées américaines. Les plus jolies filles d'Hollywood ont été mobilisées — ou plutôt immobilisées — sur papier bromure. C'est une photo déshabillée que les journaux du front — imprimés pourtant sur papier bible (pour être plus légers-à l'avion qui lies transporte) — prodiguent aux G.l. pour l'agrément des cantonnements. Leur sex appeal est d'ailleurs essentiellement le fait dles photographes. Si le contemplateur de la pin-up la rencontrait dans la rue — et même sur la plage — il serait incapable de la reconnaître. L'objectif truqueur en a fait une chimère aux jambes démesurées, bien loin de la réalité.

Mais rien n'est plus perfide qu'un rêve, pensent les délaissées et elles se plaignent amèrement de cette concurrence déloyale et artificielle qui hante les nuits du "no woman's land"... Elles ne savent pas que, transfigurées par l'absence, ce sont elles les vraies pin-up girls des combattants... Et elles seules qu'ils reconnaîtront.

article publié en 1945