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article publié en 1976

 

Le pain d’épices, si apprécié de nos parents et de nos grands- parents, revient à la mode. Car il y a des modes pour la gourmandise comme pour la coquetterie. Encore faut-il les lancer. C'est pourquoi, afin de mieux vous convaincre de l'éminente noblesse du pain d'épices, des chercheurs en ont suivi la piste en remontant les siècles. Penchés sur la Bible (Livre de «L'Exode», chapitre XVI), ils ont lu que les enfants d'Israël, au cours de leur traversée du désert (en 1491 av. J-C, paraît-il...) reçurent du ciel la manne: or la description de cette mystérieuse manne blanche, ayant le goût de la plus pure farine mêlée de miel, répond exactement à la recette du pain d'épices ! Lequel serait, en somme, un authentique don de Dieu...

 

LA PASSION DE MARGUERITE DE BOURGOGNE
La thèse est ingénieuse. On la rapprochera de celle qui veut que les galettes, emportées par les Pharaons dans leur ultime voyage, aient été composées de la même façon. Plus sérieusement, on retiendra que les Romains, eux, ont réellement connu le pain d'épices et plusieurs manières de le fabriquer, dont certaines ont été conservées. Le Moyen Age les redécouvrit. Et comme, grâce aux Croisades, on pouvait à nouveau se procurer toutes les épices de l'Orient, on se mit bientôt à en faire à Chartres, à Reims, à Dijon, en Hollande, en Flandre, en Allemagne. Sans d'ailleurs qu'aucune de ces villes, aucun de ces pays, ne puisse s'enorgueillir d'être le berceau de la délicieuse trouvaille; en fait, il s'est trouvé répandu un peu partout à la fois pour avoir été élaboré dans le grand secret des couvents.
Pendant donc que les hommes "gerroyaient", les dames croquaient des pains d'épices. Agnès Sorel, et plus tard Marguerite de Navarre, sont connues pour en avoir été si friandes qu'elles en exigeaient à toutes leurs collations. Mais avant elles, Marguerite de Bourgogne en faisait, dit-on, une telle consommation que les comptes de son hôtel scandalisèrent son époux, Philippe le Hardi. Il en fût "moult fasché" – ignorant encore qu'il allait avoir bien d'autres sujets de colère du côté de la tour de Nesles...

 

UN CADEAU DE REINE
Vers 1400, le seigle progressivement se mit à remplacer le froment, dans la préparation du pain d'épices (qui alors se présente sous forme de galettes) parce qu'il avait l’avantage de ne pas durcir. Seul Dijon restera fidèle à la formule originale, à la farine de blé. Chose curieuse, la vogue du pain d'épices subit une brusque éclipse sous Henri III, à la suite d'une méchante rumeur: les Italiens qui en exportaient beaucoup en France y auraient mêlé du poison ! Nul ne sait d'où venait le bruit: en tout cas, le 2 août 1571, les pains d'épiciers français reçurent, à Reims, leurs règlements corporatifs les constituant en communauté, avec ses statuts, ses jurés, ses garanties. Les apprentis, notamment, devaient, pour parvenir à la maîtrise, confectionner un chef-d'œuvre de six livres. Il ne semble pas, en dépit de ce "label", que le redressement fut aussi rapide qu'on eût pu l'espérer. L'essor reprit toutefois de plus belle aux XVIIe et XVIIIe siècles.

L'exemple, parfois, venait de haut : Louis XV avait coutume de s'en gaver littéralement. Et lorsque Marie Leczinska traversa la Champagne avant son mariage, des notables, soucieux peut-être de plaire au Roi, vinrent à sa rencontre lui offrir douze coffrets d'osier "contenant du pain d'épices de douze à la livre et des croquants pliés"...


Aujourd'hui, le pain d'épices se fabrique industriellement, mais chaque fabricant, tout comme jadis, conserve jalousement le secret de sa recette, de son mélange, du temps de maturation. Et l'on confectionne toujours,  en pain d'épices, des bonhommes et des petits cochons pour la joie des enfants.

 

 

 

 

 

 

Image collée sur le pain d'épices à la silhouette de Saint-Nicolas, qui était recouvert de glaçage au sucre. Ce pain d'épices était une tradition offerte aux enfants pour la fête de leur patron, le 6 décembre.

 

Les pains d'épices sont déclinés de différentes recettes et formes, comme le P'tit biscuit (comme on le voit dans le film d'animation Shreck), le cœur décoré d'un message qui est accroché au mur des maisons alsaciennes, ...

 

 

P'tit biscuit (Gingerbread man) dans Shreck

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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