Peint par Gustave Courbet en 1866, "L’Origine du monde" : c’est le nu le plus célèbre et pourtant le plus mystérieux de l’histoire de l’art occidental. Le plus provocant aussi.

 

Il est nécessaire de replacer le tableau dans le contexte de sa création. Notre regard sur cette œuvre n’est pas le même que celui de Courbet et de son commanditaire, le collectionneur Khalil-Bey. Le peintre a fait un tableau de cabinet, destiné à rester caché. Même en mains de propriétaires privés, la toile fut toujours dissimulée sous un voile ou recouverte d’une autre peinture de Courbet, puis, chez Lacan, d’une œuvre d’André Masson. Et tout d’un coup, par le biais de la succession de son dernier propriétaire, Jacques Lacan, l’œuvre entre dans les collections françaises, elle devient publique dans tous les sens du terme. D’où l’effet de sidération face au réalisme de cette toile.

 

EN QUELQUES DATES :

 

1866 Ancien ambassadeur de l’empire ottoman, Khalil-Bey commande "L’Origine du monde" à Gustave Courbet.

 

1868 Ruiné au jeu, Khalil-Bey vend sa collection à l’antiquaire Antoine de la Narde. "L’Origine du monde" fait alors l’objet d’acquisitions successives par des propriétaires qui restent très discrets.

 

1910 On retrouve la trace du tableau à Budapest dans la collection du baron François de Hatvany où il demeure jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La toile est alors cachée par une autre peinture de Courbet, "Le Château de Blonay", œuvre qui sera découpée pour être cédée au Musée des beaux-arts de Budapest.

 

1955 Acquisition du tableau par Jacques Lacan. Le psychanalyste demande à son beau-frère, l’artiste André Masson, de peindre une autre œuvre en cache, soit une version surréaliste et beaucoup plus suggérée de l’original.

 

1988 Le tableau est pour la première fois exposé à l’exposition Courbet du Brooklyn Museum de New York.

 

1995 A la mort de Lacan en 1981, les droits de succession de la famille sont réglés à l’Etat français par dation de l’œuvre au Musée d’Orsay.