Un lieu commun est une banalité. Cette locution péjorative désigne des idées reçues, une réflexion sans originalité aucune. On peut trouver des lieux communs dans toutes les formes d'expression : littérature, discours, cinéma, etc.

Pour les gens qui ont mission décrire, le fin du fn, c’est le mot qui fait image. Or, cette expression toute faite, ou, pour mieux dire, ce lieu commun : le "mot qui fait image"», devait nous amener, tout naturellement au cinéma, puisqu’en somme, le cinéma parlant est un assemblage d’images, compréhensibles, hélas, à l’aide de mots.

Mais ce n’est pas ici le lieu (commun) de jouer sur les mots. Contentons-nous donc de jouer avec les images, ce qui est la mission d’un hebdomadaire de cinéma. Dans les films, il y a ce qui est volontaire et ce qui ne l’est pas. C’est, d’ailleurs, avec ce qui est involontaire que l’on fait des chefs-d’œuvre. C’est, en somme, le caractère inattendu de l’inspiration. Quand les critiques cherchent ensuite, dans des articles circonstanciés, à traduire la pensée de l’auteur, et à rechercher pour quelles raisons il a fait ceci, plutôt que cela, ces plumitifs apprennent souvent au metteur en scène lui-même ce qu’il y a dans son œuvre. Cela rappelle la tristement célèbre explication de textes des lycées, où, avec un peu l’habileté, on montre que Corneille avait prévu l’aviation, et Voltaire le radar.

Nos ambitions sont plus modestes, et nous avons simplement fouillé dans nos archives pour donner l’illusion que les metteurs en scène avaient choisi des images destinées à l’illustration des lieux communs. La plaisanterie pourra paraître irrévérencieuse à certains. Mais nous sommes persuadés qu’il faudrait peu de chose pour que les intéressés prétendent que cette illustration involontaire était... minutieusement préparée. Cela est, à la fois, l’excuse et la justification de la plaisanterie que nous vous présentons. La seule chose que nous souhaitons, c’est qu’elle vous amuse autant à lire; qu’elle nous a réjouis au moment de sa fabrication.

(article paru en 1948)