Le froid

L'hiver, à la faveur de certaines circonstances atmosphériques, et notamment lorsque le mercure du thermomètre descend au-dessous de zéro, il arrive souvent que le tempe se met au froid.

Alors, les liquides insuffisamment alcoolisés commencent à se solidifier, les fontaines publiques, privées et autres présentent dessignes manifestes de rétention, les cours d'eau çouverts de glice sont des chemins qui ne marchent plus et il est prudent d'empailler les pêcheurs à îa ligne pour éviter de les voir geler

D'autre part, le nez du pauvre monde devient spontanément rouge, ce qui permet à tout un chacun de se livrer aux pires excès de boissons fortes saris risquer de se voir tester d'ivrognerie.

Enfin, il y a suffisamment de verglas un peu partout pour que les amateurs de belles chutes puissent se livrer à leur plaisir favori tout en s'épargnant la peine de parsemer les trottoirs d'éoorces d'oranges ou de pelures de bananes.

Les personnes avisées profitent généralemeni de ces basses températures pour se chauffer un peu soit en brûlant dans leurs cheminées le charbon, le bois, le coke et toutes les autres saletés qui, dans les caves, tiennent indûment la place d'excellentes bouteilles de vin. soit d'une façon plus économique, en mettant le feu à la cheminée elle-même.

Jadis, les gens-peu fortunés essayaient également d'obtenir une légère élévation de la température, en battant la semelle, mais cette antique coutume tend à disparaître - vous pensez, au prix où sont les semelles !

La pluie

D'ailleurs les jours d'hiver ne sont pas tous froids, ce serait vraiment trop monotone ! Parfois, le temps, qui était à la gelée passe à la pLuie d'une manière si résolue qu'il ne faut pas beaucoup d'imaginatlon à l'heureux Citadin pour se croire revenu en plein mois d'août, à l'époque bénie des villégiatures balnéaires.

Mais cette précieuse illusion n'est pas le seul avantage que peut procurer une pluie abondante et tenace. Exemple: quand il pleut, il est Impossible à quiconque de trouver un taxi, dans les rues de Paris ou des autres grandes villes; comme, d'un, autre côté, les tramways et autobus sont rigouresement au complet, rien ne vous empêche de voyager à pied, selon les prescriptions de tous les hygiénistes, et de réaliser, ce faisant, de notables économies.

Ces économies, si vraiment vous ne savez quoi en faire, nous vous conseillerons vivement de les consacrer à l'achat d'un parapluie.

Ou encore un imperméable.

Toutefois, le parapluie vaut mieux. Parce qu'il est pourvu de baleines rigides et acérées grâçe à quoi, cela devient an jeu d'enfant de se frayer un passage au sein des fnu|es les plus compactes.

Lorsque votre parapluie se trouvera usé d'un côté, ne le faîtes pas retourner par un coup de vent sous prétexte que l'envers vaut l'endroit. Placez-le plutôt dans un porte-parapluie, au café ou au restaurant et attendezz patiemment que quelqu'un se trompe. Il paraît que cela se produit...

La boue

D'une façpn générale, et à moins qu'il n'y ait vraiment du monde dehors, la pluie finit, toujours par tomber par terre. ,

Dans ces conditions, le sol de nos rues serait perpétuellement couvert de répugnantes mares de boue, notait l'admirable dévouement avec lequel les automobilistes procèdent aux menus soins de voirie. Aperçoivent-ils sur la haussée quelque flaque de fâcheuse apparence, ils se font un devoir de passer dedans un peu vite et de façon à projeter toute la boue qui s'y trouve sur les piétons environnants.

Quitte à passer ensuite sur les piétons pour les nettoyer par le même procédé.

Le vent

Le vent est un météore éminemment hygiénique. Êtes-vous obèse, désirez-vous maigrir, votre médecin vous a-t-il prescrit les exercices viotents, alors, allez vous promener les jours de grand vent. Vous aurez bientôt l'occasion d'esquisser un petit pas de course salutaire derrière votre chapeau roulant sur le sol à vive allure.

Et si vous ne parvenez pas à rattraper le fugitif, ne vous-désolez pas, le vent est rempli de complaisance, bien qu'un peu brouillon: il aura tôt fait de remplacer sur votre tête le couvre-chef disparu par quelque autre objet une tuile, un pot de fleurs, une cheminée, la moindre des choses.

La neige

Sous nos climats dits tempérés, la neige est plutôt rare et par conséquent précieuse. Aussi. dès qu'il en est tombé une certaine quantité, s'empresse-t-on de la couvrir de sel,. dans l'espoir de la conserver, sans doute. Mais çà ne l'empêche pas de fondre, au contraire.

Changements de temps

Il existe des êtres singuliers qui tiennent absolument à savoir de façon certaine qu'ils seront mouillés le lendemain par des pluies diluviennes, qu'ils-auront froid aux pieds ou que les ardoises de leur, maison se trouveront arrachées par un venti impétueux Ces maniaques utilisent, pour prévoir les changements de temps, toutes sortes d'engins et de systèmes dont les plus connus sont:

Le baromètre, sorte de boite métallique munie d'une aiguille tournant autour d'un cadran gradué. Malgré ses prétentions scientifiques, le baromètre fait, souvent preuve d'une regrettable imprécision il vous fournit par exemple des indications telles que ce fameux Pluie ou Vent qui laisse l'amateur dans l'indécision et incapable de savoir s'il doit sortir avec son parapluie ou avec son paravent.

Le cor-au-pied, que l'on peut se procurer dans toutes les bonnes cordonneries, et aussi dans les mauvaises.

Le vieil oncle rhumatisant, qui vous déshérite quand il y a de l'humidité dans l'air.

Etc etc.

Sans compter, naturellement, les communiqués de l'office météorologique, dont l'exactitude et l'infaillibilité sont bien connues.

paru en janvier 1926