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Vlad III l'Empaleur

 

 

 

Mais qui est donc le vrai Dracula?

 

article paru dans un quotidien en 1995

 

Pus prosaïquement, les organisateurs du premier congrès mondial sur Dracula ont pour ambition d'attirer les touristes surles terres du "Prince des ténèbres" dont la légende a inspiré plus de 150 films. Une telle publicité était inimaginable à l'époque de Ceausescu qui avait bien trop peur que sa poigne de dictateur n'inspire des comparaisons avec le monstre assoiffé de sang. Après leurs retrouvailles à Bucarest, les "vampirologues" américains, britanniques, canadiens, italiens et roumains partiront en "pèlerinage" pour la Transylvanie, sur les traces de Vlad Tepes (Vlad l'empaleur). En chemin, ils visiteront son château de Bran, perché sur un piton rocheux dans le centre du pays.

 

Le vrai Dracula

C'est ce prince roumain du XVe siècle qui a inspiré, il y a presque 100 ans à l'écrivain irlandais Bram Stoker, le personnage de "Dracula". Ce best-seller mondial n'eut aucun succès à sa parution en 1897. Tepes était le fils de Vlad Dracul (Vlad le Diable), surnom dont il a égalemen thérité. Bon guerrier, puiqu'il réussit à contenir momentanément l'invasion turque en Europe, Vlad était aussi attaché au respect de la loi et de la morale.- C'est un très grand personnage de l'histoire roumaine qui a mené une politique d'indépendance nationale. Il a été le symbole de la justice et du courage mais également de la cruauté, souligne l'ethnologue Silviu Angelescu, l'un des intervenants à ce congrès de cinq jours. Outre le clou qu'il enfonça dans le crâne d'ambassadeurs turcs pour faire tenir les turbans qu'ils avaient refusé d'enlever en sa présence, Vlad s'était spécialisé dans l'empalement de ses victimes, notamment celui d'un régiment entier de soldats de l'empire ottoman. Si l'on en croit une gravure allemande del'époque, le prince aimait à dîner entouré de cadavres fichés sur des pieux.

 

Composite de figures mythiques

A ce personnage hors du commun, Bram Stoker ajoutera des éléments du folklore roumain que lui aurait racontés une amie hongroise rencontrée à Vienne. L'écrivain lui-même n'a jamais mis les pieds en Roumanie, ce pays de forêts sombres aux sortilèges inquiétants. Son Dracula est cependant composé de plusieurs figures mythiques du folklore roumain: le "strigoi", un fantôme-vampire, le "zburator", incube qui se glisse dans les lits des femmes et le "pricolici", le loup-garou.

- Le vampire à la roumaine a pour fonction rituelle de chasser le mal. Il fonctionne comme un régulateur des normes sociales et religieuses et incite au respect des rites anciens. Bram Stoker a totalement ignoré cet aspect pour faire de Dracula, un personnage qui recherche le mal pour le mal, gratuitement, critique Silvia Chitimia, une spécialiste du folklore.

 

Mise en valeur du folklore roumain

- Stoker a fait de Dracula un personnage répugnant. Le cinéaste Francis Ford Coppola, qui a donné dans son film une dimension tragique au comte Dracula, est beaucoup plus proche de la vérité, ajoute le professeur Angelescu. La richesse du folklore roumain et de ses rites de magie, totalement occultés sous le communisme, devrait également être mise en valeur lors de ce congrès. La croyance dans les vertus thérapeutiques de l'ail n'a pas totalement disparu des Carpates.

 

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Mystère et confusion

 

article paru dans un quotidien en 1997

 

Le mystère qui entoure la viedu personnage historique Vlad l'empaleur et sa réputation sanguinaire l'apparentent au personnage du roman et servent la confusion de genres. Ainsi, les conditions et la date exactes de sa mort, estimée aux alentours de 1475, sont inconnues. Mais les rumeurs affirment que le corps décapité du prince aurait été enterré, par quelques-uns de ses partisans, sous une dalle du monastère orthodoxe construit au XIVe siècle sur la presqu'île du lac de Snagov, à une vingtaine de kilomètres de Bucarest. Habité aujourd'hui par de bien pacifiques moines dans leur longue robe noire, le monastère fut, à une autre époque, une prison où des boyards récalcitrants étaient exécutés. Vlad l'empaleur n'aurait pas fait mieux. Dracula, qui fuyait les croix, n'aurait pas supporté le côté religieux. "Dracula éprouvait un plaisir immense à empaler les gens de façon que la mort soit lente, car une mort rapide lui aurait gâché son plaisir", affirme Radu Florescu, professeur d'histoire à l'Université de Boston et auteur d'un livre de référence sur Dracula. L'historien américain voit en Dracula l'un des grands monstres de l'histoire, de l'envergure d'un César Borgia ou Jack l'éventreur. Cette perspective peu réjouissante sur le personnage historique gêne bon nombre d'intellectuels roumains. Tant pis: la confusion entre le mythe et l'histoire ne fait que perdurer.

Une chose cependant semble certaine: la vie de Vlad a commencé à 300 kilomètres plus au nord, dans la ville de Sighisoara, "la perle de Transylvanie". Cette petite cité médiévale, située dans le département de Mures, est sans doute l'une des plus pittoresques du pays avec ses rues étroites, escarpées, bordées de maisons colorées, marquées par leur origine allemande et l'influence austro-hongroise. Chaque année en juillet, la ville renoue avec son passé en organisant un festival international des arts médiévaux. Les ruelles appartiennent alors aux jongleurs. Des habitants en costumes traditionnels se transforment en acteurs le temps de quelques représentations, pendant lesquelles ils retracent le procès d'une sorcière, au pied de la tour de l'horloge. Dracula y trouve toujours une place privilégiée.

 

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Dracula: le vampirea cent ans et toutes ses dents

 

article paru dans un quotidien en 1997

 

Il a 100 ans et une carrière dégoulinante d'hémoglobine. Dracula est né en 1897, de la plume d'un obscur Irlandais, Bram Stoker. Depuis les productions hollywoodiennes sur le thème du vampire, la Transylvanie, "berceau" duvampire situé à l'ouest de la Roumanie, est devenue un Disneyland orné de canines ensanglantées et d'ailes de chauves-souris. "Tout ce que l'on peut imaginer existe". Ce slogan généreux résume la philosophie de la société transylvaine Dracula, qui s'efforce, depuis 1991, d'exploiter l'immense potentiel touristique hérité du vampire. "Dracula est inépuisable, explique le directeur de la société, Nicolae Paduraru. Dans ce personnage unique, on retrouve de l'histoire, du folklore, de la religion ou bien de la psychologie. C'est un excellent prétexte touristique pour faire connaître la Roumanie." Les tours de la société Dracula s'adaptent au mythe. Un "certificat de survivant" atteste l'initiation, tandis que les plus fidèles se voient octroyer des titres d'ambassadeur, consul ou chevalier de l'ordre de Dracula. Cette société, qui compte environ 1500 membres, prospère également du commerce de souvenirs qui vont du vin "La pleine lune" jusqu'aux minuscules coffrets contenant un morceau de la terre natale du vampire.

 

Un commerce à pleines dents

Dracula rapporte. Mais en commerce, comme à la guerre, la victoire n'est jamais définitive. Malgré les efforts de la société transylvaine Dracula d'imposer son exclusivité sur le label, d'autres entendent exploiter le créneau. Après la rougeâtre vodka Dracula, le marché roumain est envahi par la liqueur Draculina, un alcool au nom féminisé et au goût douteux de cerise. "C'est très mauvais, explique un de ses fans, mais c'est chouette." Dracula a également laissé des traces dans les médias roumains. L'hebdomadaire homonyme, créé en 1992, tire aujourd'hui à 100.000 exemplaires pour les assoiffés de toutes bizarreries paranormales. "Avec ce journal, affirme le rédacteur en chef, Oana-Maria Savin, nous avons réalisé le rêve américain." Stefan Brandes Latea, ancien cascadeur et prétendant à la descendance directe de Dracula, a créé l'hippodrome Dracula à côté de Bucarest et gère les intérêts d'un groupe de rock du même nom. Comme lui, une soixantaine d'autres "descendants directs du vampire" sont éparpillés dans le monde, de Roumanie jusqu'en Afrique du Sud et aux Etats-Unis.

 

Prince de Valachie

A part le terrible vampire, il y a aussi l'autre Dracula, le "héros national" du XVe siècle, prince de Valachie (une région au sud de la Roumanie), connu sous le nom de Vlad l'empaleur Dracula. Ce défenseur de la foi chrétienne gagna dans les chroniques de l'époque son surnom de "l' EmpaIeur" pour avoir soumis au supplice bon nombre de brigands et encore plus d'infidèles ottomans de la Sublime porte, qui déferlaient alors sur les Balkans après avoir conquis Constantinople. Partir sur les traces de Dracula, c'est parcourir la Roumanie, du sud au nord, des riches plaines de Montenie aux montagnes de Bucovine. Dracula - littéralement le "fils du dragon" —, c'est le patronyme hérité par le prince Vlad en tant que chevalier de l'ordre des dragons. Il n'y aurait pourtant pas confusion entre les personnages si, en roumain, Dracula ne se traduisait pas également par "fils du diable". Peu importe que le "fils du dragon" ait vécu à une autre époque et très loin des lieux décrits dans le roman de Stoker. Les historiens se demandent encore si Vlad l'empaleur s'est réellement arrêté au château de Bran, qui revendique aujourd'hui l'appartenance au vampire.

 

Le vampire est contesté au nom du "héros national"

Sous le communisme déjà, les tour-opérateurs roumains,alléchés par l'odeur des devises, proposaient un détour par le château de Bran. Les agences privées, apparues depuis la chute de Ceausescu, ont repris le flambeau. Par ailleurs, plusieurs châteaux revendiquent aujourd'hui l'appartenance à Dracula. Celui de Bran est fortement contesté par le château de Pasul Birgaului, sur les contreforts des Carpathes du nord. Un autre, plus célèbre encore, se trouve près de Tirgoviste, au sud du pays. Un sinistre nid d'aigle, aujourd'hui en ruines, où les habitants de la région hésitent à monter, persuadés que l'esprit de Dracula hante toujours ces pierres. "Les événements liés à Dracula sont généralement des clichés rejetés par les intellectuels roumains, même si les bénéfices économiques sont considérables", explique le sociologue Mircea Chivu. "Par ailleurs, les Roumains sont assez gourmands de para normal. C'est une réaction excessive au matérialisme prôné par l'idéologie communiste", ajoute-t-il. Les Américains, eux, ont compris: le centenaire de Dracula a été organisé à la mi-août aux Etats-Unis, en présence de nombreux historiens, ethnologues, psychologues, vampirologues... Pourvu que le commerce sanguinaire fleurisse.

 

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Nosferatu le vampire de F. W. Murnau avec Max Schreck (1922)

 

 

 

Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers) de Roman Polanski (1967 )

 

 

 

Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog (1979) avec Isabelle Adjani et Klaus Kinski

 

 

 

Dracula de Francis Ford Coppola (1992)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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