ACCUEIL | LE BROL | 10 DOWNING STREET, LOND0N SW1

 

 

 

 

 

 

C'est l'adresse la plus prestigieuse et la plus convoitée qui figure dans les carnets des hommes politiques de Grande-Bretagne. C'est la résidence du premier ministre, depuis 1735, et que d'histoire a été écrite entre ses murs !

 

Dans cette impasse s'ouvrant sur la grande artère de Whitehall, et qui aboutit par des marches sur le parc de Saint-James, l'entrée de Downing Street  fait face à une autre entrée plus célèbre encore, celle de Scotland Yard. Or, l'origine de ce dernier nom n'a rien de mystérieux : au XVe siècle, c'était une terre appartenant aux rois d'Ecosse. A la même époque, le site de Downing Street était occupé par une brasserie, et on est tenté de trouver dans cette circonstance un symbole bien anglais. Mais qui donc était ce Downing ?


Un bien vilain monsieur

 

Ce fut un bien vilain monsieur. Fils d'une famille aisée mais puritaine jusqu'au fanatisme, il accompagna ses parents, désespérés devant les répressions de Charles I, dans l'émigration massive en Amérique qui précéda de quelques années la révolution cromwellienne. Il fut admis parmi les premiers étudiants à l’Université de Harvard, qu'il quitta en 1642.  La guerre civile en Angleterre ayant eu des répercussions néfastes sur la vie économique des colonies américaines, Downing s'en fut aux Antilles, où il semble s'être intéressé à la traite des Noirs, mais dès qu'il entendit parler des victoires de Cromwell, il repartit pour l'Angleterre. En très peu de temps, âgé tout juste de 26 ans, Downing fut chargé du « service des espions et des correspondances secrètes », charge dont il s'acquitta à la pleine satisfaction de Cromwell. Homme prudent, il eut soin de ne laisser aucune trace de ses activités pendant cette période. En 1654, il épousa une fille jeune, noble, belle et riche, et l'année suivante partit en mission pour protester contre le massacre des Vaudois par les soldats du duc de Savoie. En cours de route, il vit le cardinal Mazarin, qui lui "envoya son propre soupe" avec vaisselle et domestiques et son capitaine de garde.

 

Un an plus tard, il fut nommé ambassadeur à la Haye, capitale de Guillaume d'Orange, beau-frère de Charles II d'Angleterre, et foyer de complots royalistes. Downing fit son possible pour les faire échouer, se servant de toutes les astuces malhonnêtes si bien connues de nos jours. Mais après la mort de Cromwell et l'abdication de son fils Richard en 1659, Downing prit une première précaution en prévenant Charles de son arrestation imminente, et peu de temps avant la restauration de la monarchie, il lui fit des protestations de fidélité. Charles II, un peu naïvement dirait-on, répondit à  ce geste d'une sincérité douteuse en le faisant chevalier.


Anobli grâce à un singulier exploit


Or, avant de partir pour la Haye, Downing avait acheté le terrain qui porte maintenant son nom. Mais c'était une propriété royale qui avait été confisquée par les républicains et, à la Restauration, la vente fut annulée. Pendant un an, Downing travailla d'arrache-pied à se la faire attribuer de nouveau par le roi. Ce fut en vain. Pour toute faveur, Charles le renvoya à son ambassade de la Haye, et ce fut là que sa fourberie toucha au fond de l'abîme.


Les monarchistes rentrés chez eux, c'était le tour des rebelles de se réfugier sur le continent, et Downing mit tout son réseau d'agents en œuvre pour les traquer. Bientôt, un Hollandais nommé Kicke réussit à prendre contact, et Downing lui promit deux cents livres pour chaque réfugié qu'il pourrait attirer en Hollande. Trois d'entre eux se laissèrent leurrer, dont l'un était un ancien camarade de régiment de Downing. Celui-ci, grâce à ses relations avec le gouvernement hollandais, obtint un mandat d'arrêt et se mit en devoir de les arrêter lui-même. Il les expédia sur un navire anglais, malgré les protestations des Hollandais, et après un procès sommaire, ils furent  décapités à la Tour de Londres.


Fort aise de cet exploit honteux, le roi exprima sa gratitude en élevant Downing au rang de baronnet et, enfin, en lui cédant un bail de 99 ans sur la terre convoitée. Tout cela se passait en 1663, mais à cause de diverses servitudes, Downing ne peut construire ses maisons qu'en 1682, deux ans avant sa mort. Il n'y vit donc jamais le moindre premier ministre, car ce n'est qu'en 1735 que sir Robert Walpole s'y installa. Le roi George II lui avait proposé les deux maisons de Downing Street qui forment l'actuel No 10 comme don personnel, mais Walpole insista pour qu'elles soient  attribuées comme résidence au premier lord de la Trésorerie, qui est en fait toujours le premier ministre. Quarante-sept de ses successeurs en ont profité.

 

Enfin, pour prouver encore une fois que le bien peut résulter même des actes les plus néfastes, le petit-fils de sir George Downing mourut sans laisser d'héritier, et sa fortune assura la fondation de Downing Collège à l'Université de Cambridge.

 

 

 

George Downing (1623 - 1684)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  ACCUEIL | LE BROL | 10 DOWNING STREET, LOND0N SW1

 

 

bachybouzouk.free.fr