En 2011, "La crèche des Diablotins" en Suisse fêtait ses 125 ans. Voici l'Histoire d’un lieu d’accueil né avec le Coca-Cola et Mercedes-Benz.

 

En 1886, Coca-Cola commençait tout juste à faire ses premières bulles, Carl Benz filait à 12 km/h sur son tricycle à mo- teur et les femmes commençaient à se sentir à l’étroit dans leurs corsets. D’où l’idée de fonder une crèche au Locle, une initiative des dames de la Fédération abolitionniste, créée en 1875 à Genève, pour lutter contre la prostitution et les abus faits aux femmes. "C’étaient des féministes acharnées!", explique Christine Chapuisat, directrice des Diablotins, qui fêtait hier les 125 ans de cette crèche privée subventionnée.

 

Le 8 novembre 1886, la première crèche du Haut – la plus ancienne du canton est celle des Bercles, à Neuchâtel, ouverte dès 1873 – ouvrait donc ses portes dans un appartement loclois, et était gérée par une directrice laïque, assistée d’une aide. "Ces dames recevaient respectivement, en plus de leur entretien – 20 fr. et 15 fr. par mois – trois bouteilles de vin par mois, et de la viande deux fois par semaine", peut-on lire dans l’historique. A l’époque, la crèche n’accueille que quatre enfants. La fréquentation quadruple deux ans plus tard. La direction est alors assurée par des diaconesses et ne redeviendra laïque qu’en 1954.

 

La petite histoire de la crèche est rythmée par la grande. En 1904, l’épidémie de rougeole fait neuf morts parmi les 42 bambins de la crèche. Dix ans plus tard, c’est la déclaration de la guerre. Les locaux et le personnel de la crèche sont mis à disposition des autorités communales pour les enfants dont les pères sont mobilisés et les mères occupées hors de chez elles. Bientôt, les soldats remplacent les enfants... Cinquante hommes sont hébergés à la crèche, qui devient ensuite une infirmerie. Durant ce temps, les enfants, eux, sont reçus aux Billodes, puis au Cercle des Travailleurs. La crèche deviendra également école, lorsque le Nouveau Collège est la proie des flammes, en 1915. Suit ensuite la grande crise des années 1930, qui voit l’effectif descendre jusqu’à trois enfants. Et c’est de nouveau la guerre. Rebelotte, la crèche est à nouveau occupée par une infirmerie militaire, ainsi que par la DAP (Défense aérienne passive). Durant les années 1960, la fréquentation explose, la crèche doit installer le jardin d’enfants aux Billodes. On compte alors quelque 70 gamins chaque jour encadrés par sept jeunes filles, une femme de chambre, une nurse, une cuisinière, une directrice en plus de volontaires.

 

Le 10 novembre de l’année 1969, les industriels loclois décident d’agrandir la crèche en construisant un nouveau bâtiment au nord de l'ancien. Autorisée dès 1972 par le Dé- partement cantonal des finan- ces à recevoir 110 enfants, la crèche enregistre des pointes jusqu’à 120 petits pensionnaires. Arrive ensuite la récession de 1975, entraînant chômage, cas sociaux et une nette chute de la fréquentation de la crèche.

 

Les effectifs ne remonteront sensiblement qu’à compter de 1988, mais seront plombés par la nouvelle récession de 1995, la dénatalité, le départ d’habitants du Locle... Entre temps, l’accueil des enfants s’est décomposé en journées, demi-journées et garderies.

 

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paru dans un quotidien suisse (2011).