publié en 1922

Les couleurs n’affectent pas seulement notre vue, elles produisent des impressions d’ordre intellectuel et moral indiscutables : elles agissent sur nous à la façon des sons musicaux déterminant des modifications dans notre état d’âime. Une longue expérience a révélé que les sentiments éveillés par la vue de telle ou telle couleur sont les mêmes chez les divers individus; ainsi le blanc produit chez tous l’idée de pureté, de probité, de joie candide, de sereine dignité. Le rouge donne à chacun une impression de force brave, de puissance ardente, d’audace, de progression.

Certaines couleurs nous donnent de l’entrain, d’autres nous dépriment et nous attristent. Ce lien mystérieux entre nos sensations de coloris et nos dispositions intérieures est si constant et si fort que des médecins ont songé à employer l’influence des couleurs dans le traitement des maladies psychiques.

Mais, bien avant les considérations de la science, les coquettes avaient déjà su utiliser ces remarques pour produire, à leur gré, diverses impressions au moyen des couleurs de leurs vêtements et de leurs parures : tissus, ombrelles, rubans, bouquets de corsage, colifichets multiples, papier à lettre, sont choisis d’après les règles de cet art des suggestions. Par les couleurs, il est possible de provoquer ou de laisser deviner mille sentiments variés par leur intermédiaire.

Ces impressions constantes causées par les couleurs ont été notées depuis longtemps par les humains; elles avaient même obtenu une consécration officielle chez les anciens qui assignaient aux divinités de l’Olympe des couleurs correspondantes à leurs caractères, à leurs rôles et à leurs attributs. Ainsi Junon, reine de l’espace, était vêtue de bleu; l’opulente Cérés, déesse des moissons, avait une draperie jaune ; la fraîche Hébé, pleine de fraîcheur et de grâce, était vêtue de rose; les prêtres, les magistrats avaient des toges blanches, signe de pureté.

Voici l’allégorie des couleurs généralement acceptée :