ACCUEIL | LE BROL | LE CIRQUE PINDER |
Le cirque Pinder est un cirque français fondé en 1854 au Royaume-Uni par les frères William et George Pinder. Par la suite, Charles Spiessert, le modernise et devient plus connu grace aux émissions de télévision et de radio en association avec l’ORTF. En 1971, c’est l’acteur Jean Richard qui en devient le propriétaire. Malheureusement en 1983, ce sera le dépôt de bilan. C'est alors l'arrivée de arrivée de Gilbert Edelstein (décédé en novembre 2022) et de sa famille... mais avec les années 2000 la vie des cirques n'est pas toute rose...
______________________________________________
LES SALTIMBANQUES SONT VENUS
article publié en 1933
Paris, notre village n'y a point prêté attention, mais, "ils" sont là. "Ils" sont arrivés hier matin, de la commune voisine — Montrouge, en l'occurrence — où la veille "ils" campaient sur la place de la Mairie, baignée de lumière par leurs soins. Les gamins, en allant à l'école, ont fait cortège à la file de leurs roulottes. Et durant toute la matinée, nos gosses, indifférents à la géographie, à l'histoire, à toutes les sciences plus ou moins exactes, qui figurent au programme scolaire, n'ont rêvé que pirouettes, masques enfarinés, chevaux en liberté et lions féroces.
Les "saltimbanques" sont arrivés, les vrais saltimbanques, les vrais artistes de cirque, ceux qui s'endorment ici et se réveillent. vingt kilomètres plus loin. Ceux dont les nuits sont bercées du ronronnement d'un moteur ou du bruit cadencé que font sur les pierres des routes les sabots ferrés des percherons. Ceux qui connaissent le rire de l'homme sous toutes les lattitudes et savent le provoquer. Ceux qui "tournent" autour du monde pour la joie des humains, durant toute leur vie et ne s'arrêtent que pour mourir
Le cirque Pinder est à Paris.
Qui ne connaît, en province, ce vaste chapiteau. Depuis quatre-vingts ans, de "place de l'Eglise" en "place de l'Hôtel-de-Ville", il sillonne la France. Aujourd'hui, il est chez nous, et nos enfants auraient bien voulu "canner" l'école pour assister à son montage. Je les comprends. C'est un bien curieux spectacle, en vérité, que cette opération.
Dès la première heure du jour, dès la sortie du public de la précédente soirée et de la précédente étape, on a replié la toile, découpé la charpente en menus morceaux, attelé entre elles écuries, cages et magasins d'accessoires à roulettes, amarré le tout à de puissants tracteurs et mis le cap sur Parla.
Quelques heures plus tard, les éléments de la charpente de nouveau rassemblés dressaient vers la lune souriant entre deux nuages leurs grands bras noirs. C'est qu'il n'est point de vedette qui tienne. Chacun ici met la main à la pâte, le directeur comme le plus humble garçon de piste. Les rôles — ces rôles-là — ont été distribués une fois pour toutes en même temps que les autres et nul ne songe à s'en choquer. On est du cirque ou n'en est pas. Que ceux qui n'en apprécient point les usages, qui n'en comprennent pas la beauté, fassent du fonctionnarisme en quelque établissement sédentaire. Cela les regarde. Mais qu'ils n'aient point le front de se mêler aux vrais gentilshommes de la piste. Leur place n'est pas parmi ces gens qui ne pensent pas déchoir en plantant un clou et ne rougissent pas de le faire sans se meurtrir les phalanges.
Voyez le clown-parleur. Il a troqué son costume pailleté pour un "bleu" de mécanicien et, manches retroussées, en "met un coup".
Voyez le dompteur suer sang et eau sur un cric, lequel préfère mordre la terre que soulever la cage aux lions.
Et l'écuyer... Est-il assez peu séduisant sous son pyjama souillé de boue par trois heures dé travail sous la pluie.
Les femmes' elles-mêmes tiennent leur partie dans ce concert. Seuls les enfantsa dorment sous les toits demi-cylindriques des roulottes.
Car ces saltimbanques-là, grands artistes, tendres, époux et bons pères, élèvent leurs enfants bourgeoisement et ne volent point ceux des autres pour en faire des montreurs d'ours. ou les revendre à bon prix !
Marc Blanquet
______________________________________________
ACCUEIL | LE BROL | LE CIRQUE PINDER |
bachybouzouk.free.fr