15e FESTIVAL  - 1 AU 5 FEVRIER 1990

Derrière le chapiteau de Fontvielle, au j ardin des Roses, les mimosas embaument. Cependant, un relent d'odeurs étranges, eh oui, ce sont les chevaux, les fauves et les éléphants. Quelques pas pour se trouver côté entrée où visons et jeans se côtoient, seul point commun l'écharpe du festival du cirque. D'où osmose entre tous. Directeurs de cirque, enfants, princes et princesses, fanatiques et tant d'autres se retrouvent pour cette passion... Le cirque.

Le Marche du Festival international du cirque, sous la baguette du Polonais Alexander Maliszewski, ouvre le spectacle de cinq jours.Grand maître des chevaux, Sacha Houcke junior suit les traces de son défunt père et nous présente un dressage en liberté où élégance, harmonie et précision se marient merveilleusement. Bien qu'ayant reçu deux prix, un clown d'argent eût été fort mérité. Toujours aussi gracieuse et aérienne, Marie-Pierre Bénac reprend le numéro de barre russe qu'elle présentait avec Franco Knie et David Dimitri sous le chapiteau suisse. Quant à ce dernier, il accumule les difficultés dans un nouveau numéro de fil de fériste en y ajoutant avec humour monocycle, corde à sauter et assiettes tournantes sur baguettes. Heureusement que le clown Francesco, qui comme les bons vins s'affine avec l'âge, par sa sensibilité et sa légèreté, relève la piètre prestation d'Alexander, Ivanov et Anatole, clowns russes dont on attendait beaucoup. Dans le comique toujours, l'excellent numéro de trapèze des Collins Brothers de RDA qui maîtrisent une technique irréprochable, cela avec des gags à vous faire frissonner.

Clown d'or, les Flying Vasques avec le quadruple saut périlleux au trapèze volant. Beauté, charme et précision. Le voltigeur, par la force de rotation, arrive à 100km/h environ, ce qui représente un poids de 180 kg que le porteur doit réceptionner. Ovation du public. Inattendus dans leur ballet aérien, ces deux jeunes Anglais, Andrew et Jacqueline, qui ont quitté leur travail d'employés de bureau pour se lancer dans l'arène. Ils se sont formés seuls ou presque . Ils ont affiné leur numéro au Cirque du Soleil (Canada) où la musique les accompagnant fut composée spécialement pour leurs jeux. Clown d'argent bien mérité. L'avenir n'est pasassuré que par les gens de la balle.

Deuxième Clown d'or, le Russe Pavlenko et ses tigres. Ballet de fauves dirigé d'une baguette hors pair. Le "Karajan" des dompteurs. Hélas, il y a un mais. Ces tigres "dégriffés", sans compter les coups de barre métallique aux répétitions, n'ont pas convaincu les professionnels. Louis Knie, juré, a sans doute sorti ses griffes lors des délibérations. Difficile de parler des Flying Espanas, Clown d'argent, après le quadruple des Flying Vasques, bien que leurs tricks soient excellents. Témérité sur fil à 10m de hauteur, les Guerrero offrent une descente inédite, le fil à 45°, Warner porte sa partenaire en double hauteur et rejoint ainsi la piste.

Placé sous le thème du cheval, nous avons vu peu de numéros équestres. Les présentations du Musée vivant du cheval de Chantilly laissent songeur et perplexe. Beaucoup trop de rigidité par rapport au monde du cirque. Toni Hochegger et son cheval comique nous font passer un bon moment de détente, cela dans un dressage tout en finesse. Grande nouveauté, le saut à la corde par le groupe russe Akichin. Qui aurait pu penser que le jeu de nos récréations à l'école puisse devenir discipline de cirque ? A deux, à trois, à cinq ou plus, les Akichin sautent, virevoltent, dansent. Debout, assis, à plat ventre ils continuent. Ils réussissent même l'exploit jusqu'en troisième hauteur. Cela dans un rythme endiablé de folklore russe. Les anabolisants entreraient-ils dans le monde du cirque ? A voir les Alexis Brothers (Portugal) dans leur numéro de main à main et leurs contorsions exceptionnelles, quelque chose gêne. Esthétiques certes, mais...

Hommage également à Sergio, ce grand Monsieur Loyal, qui pour la quinzième fois présente avec une grande prestance, et surtout avec humour, le festival international du cirque de Monte-Carlo. Merci Sergio.

article d'Arnaud Favarger publié en février 1990