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Vêtus de leur maillot, les artistes répètent leur numéro entre la préparation du petit déjeuner et celle du dîner.

 

 

Le cirque, ce monde à part dans le domaine du spectacle, ce curieux mélange de comédie, de drôlerie, de tragédie et d'aventure dangereuse nous enchante et nous émerveille toujours. Malheureusement, les cirques - et surtout les petits – traversent actuellement une grave crise. Nous avons profité du séjour du cirque Olympia à Neuchâtel* pour poser quelques questions aux artistes, questions parfois embarrassantes. Nous avons cherché à savoir comment vit un petit cirque, de quels moyens il dispose, comment se déroule la vie d'artiste et quel avenir lui est réservé.


L'engagement de la troupe
L'hiver, pendant la saison morte, les artistes d'un petit cirque travaillent dans différents cabarets ou music-halls, ou bien répètent leur prochain numéro. A l’approche de la saison, le directeur ou attaché de presse consulte des agents spécialisés, des journaux professionnels ou encore l'I.A.L. (Internationale Artisten Loge) pour engager sa troupe. Dans certains cas, les artistes eux-mêmes emmènent les animaux nécessaires à leur numéro ; parfois ceux-ci sont loués dans des zoos (à Aachen, Landau ou Hagenbeck), ou dans d'autres cirques plus grands. En ce qui concerne les soins et la nourriture des bêtes, le propriétaire s'arrange avec le directeur. Ou bien les animaux sont nourris et soignés directement par le cirque, ou bien le propriétaire reçoit un cachet plus élevé et se charge lui-même de les nourrir.

 

 

Chaque matin, les gens du cirque attendent impatiemment la venue du facteur.

 

 

Le travail administratif
Les artistes engagés, le programme établi, c'est le travail administratif qui commence. Il faut écrire aux autorités des différents villages ou villes pour établir la tournée et  - ce qui est plus difficile - trouver une place suffisante dans ces endroits. Il faut ensuite composer les affiches, les faire imprimer et envoyer l'avant-courrier dans la première ville de la tournée. L'avant-courrier se compose en général du régisseur et de l'attaché de presse. Ils font passer des annonces dans les journaux, s'occupent de l'affichage et font un rapport concernant l'emplacement futur de la tente. Quelques jours plus tard, les artistes, les animaux et le matériel arrivent dans des caravanes. La première présentation peut commencer ! Fait curieux, il n'y a pas de répétition en commun avant la première. Chaque artiste s'engage dans le contrat à connaître sonnuméro à fond. Avant d’entrer en piste, certains font un signe de croix (il n'y a pas de gens plus superstitieux que les forains !).


Les femmes : avant tout des ménagères
Les femmes préparent les costumes et les repas. En général, tout le monde mange ensemble. Le cirque devient dès le premier jour de la tournée une grande famille : le "vous" est vite remplacé par le "tu", et le directeur est appelé "papa" ou "oncle". Nous avons pu jeter un coup d'œil dans les coulisses et nous avons constaté que les forains mènent une petite vie bourgeoise, contrairement à ce que l'on pense parfois. Les femmes, même celles qui travaillent en piste, sont avant tout des ménagères et des mamans.


Le problème des enfants en âge scolaire

Un problème se pose dans chaque famille : celui des enfants. Comment peuvent-ils recevoir une instruction suivie, alors que le cirque se déplace constamment ? Les parents les envoient, certes, dans chaque ville et chaque village traversés, à l’école, mais cela ne suffit naturellement pas. Aussi, les artistes eux-mêmes leur donnent des leçons quotidiennes. Dans les grands cirques, un professeur est engagé et une caravane aménagée en classe.

De quels moyens dispose un forain ? Dans les petits cirques, il peut gagner de 30 fr à 40 fr. par jour. Il doit payer sa nourriture, les impôts, la caisse-maladie. Par contre, il est dispensé du loyer, car le cirque met gratuitement une caravane à sa disposition pendant la tournée.

 

 

Conduit par un clown, un chameau se prépare à faire son entrée en piste

 

 

La concurrence des grands cirques
Les grands cirques, qui possèdent d'importants moyens financiers, engagent de plus en plus souvent des grands artistes de music-hall, dans le but d'attirer un public plus nombreux. Les petits cirques qui disposent seulement de moyens pécuniaires limités, ne peuvent se permettre d'en faire autant et sont actuellement dans une situation bien difficile. Néanmoins, quand nous avons demandé aux artistes du cirque Olympia avec quel sentiment ils envisagent l'avenir, et pourquoi ils continuent à exercer une profession - une vocation pourrait-on dire - si dure, ils ont été unanimes : "Nous aimons notre métier, nous ne pourrions jamais faire autre chose, et quoi qu'il arrive, le spectacle continue ! Notre récompense la plus chère, ce n'est pas le cachet, mais les applaudissements du public."

 

*ville de Suisse Romande

 

article publié en 1961 dans un quotidien suisse

 

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sur le même thème : affiche d'un film de 1960

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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