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On aime ou on n’aime pas le cirque ; c’est un goût qui ne se discute pas. Personnellement, je suis de ceux qui l’aiment et je ne doute pas que beaucoup d’entre vous partagent ma prédilection. Cette odeur tiède de cacahuètes, de limonade, de paille et de fauves qui vous accueille à l’entrée, ces lumières, ces roulements de tambours, tout ce rassemblement d’animaux étranges qui paraissent sortir de l’arche de Noé, n’ont pas fini d’enchanter les imaginations et d’attirer la grande foule !...  

 

Mais, vous êtes-vous déjà demandé d’où vient le cirque ?... Certes, il y eut jadis, dans la Rome antique, des jeux cruels, où l’on assistait aux combats de gladiateurs, où l’on les criminels et les martyrs aux bêtes féroces ! Mais entre ces manifestations barbares et nos spectacles forains d’aujourd’hui, il n’y a qu’une très vague analogie. Plus tard, au Moyen-Age, on vit paraitre des saltimbanques, des jongleurs, des bateleurs qui s’installaient sur la voie publique et se livraient devant les badauds émerveillés, à toutes sortes d’exhibitions fantaisistes. Le nom de l’un tout au moins de ces bateleurs est parvenu jusqu’à nous : c’est celui de Tabarin.

 

 

 

Pourtant, il fallut attendre plusieurs siècles encore avant de voir paraitre un cirque digne de ce nom. C’est un Américain, une sorte de génie dans son genre, qui eut l’idée de ce spectacle particulier et ambulant. Il s’appelait Barnum. Imaginez-vous un gros homme, alerte malgré son embonpoint, vaniteux au possible, toujours tracassé par le désir d’épater le monde et par le besoin invétéré de jouer de mauvais tours… et vous aurez à peu près le portrait de Phineas Taylor Barnum, citoyen du Connecticut !

 

Très jeune encore, il fut victime d’escrocs  de tout acabit. Il investit 5.000 livres dans une industrie destinée à la fabrication de graisse d’ours, qui ne vit jamais le jour. Son associé leva le pied avec l’argent, en ne lui laissant qu’un prospectus vantant les mérites de cette graisse miraculeuse. Une autre fois, il acquit très cher le droit d’exploiter un extincteur d’incendie qui possédait maintes qualités, sauf celle précisément de combattre le feu…

 

Ces mésaventures lui servirent de leçons. Il écrivit en 1880 un traité savant, intitulé : Comment gagner de l’argent (Art of money-getting or Hints and helps how to make a fortune) qui rencontra un succès considérable.

 

Ce n’est toutefois que vers la soixantaine qu’il monta son premier cirque. Il avait trouvé la formule de sa vie. Dès ce jour-là, la fortune lui sourit. Il devint pour toute l’Amérique et bientôt l’Europe, l’homme du Greatest Show on Earth.

 

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En dépit de la popularité de son nom, la personnalité de Barnum resta assez mal connue. Ce Yankee est demeuré toute sa vie un grand gosse. Les idées les plus saugrenues, les plus ahurissantes étaient celles auxquelles il s’arrêtait le plus volontiers. Savez-vous, par exemple, de quelle manière il fit connaitre sa ménagerie ?

 

A Bridgeport, où il vivait, il utilisait pour cultiver le champ attenant à sa maison, les services… d’un éléphant ; le pachyderme était conduit par un cornac vêtu de soie jaune et rouge. Comme un train express passait régulièrement à proximité du champ,  je vous laisse à penser avec quelle rapidité l’éléphant de Barnum devint célèbre. Plusieurs fois par jour c’était une ruée vers les portières des compartiments pour assister à ce spectacle inouï. La presse s’empara de l’événement et, en peu de temps, l’homme qui cultivait son champ avec un éléphant devint fameux dans tout le continent.

 

Barnum avait une manière toute personnelle de se moquer des gens. Un jour, il fit annoncer qu’il avait un cheval phénomène ayant la queue à la place de la tête et la tête à la place de la queue. La foule se précipita pour voir le monstre elle ne vit qu’un cheval tout à fait normal, qui tournait le dos au mur de son box et dont la queue avait été attachée à une litière remplie de foin. Ma ménagerie contient un chat au pelage couleur de cerise, clama-t-il, un peu plus tard. Toujours crédule, le public paya pour voir… Le chat était noir. C’est une imposture ! protesta-t-il – Comment, une imposture, répliqua Barnum ! Est-ce qu’il n’existe pas de cerises noires ?...

 

 

 

 

Bien entendu, depuis la disparition de ce précurseur, mort à la fin du XIX° siècle, les cirques ont fait d’incontestables progrès. Leurs locaux sont plus vastes, plus confortables, plus luxueux. Les spectacles ont gagné en diversité, en originalité aussi. Mais l’essentiel, c’est toujours au vieux Barnum qu’on le doit.

 

Peu importe que les gens du voyage se déplacent actuellement en trains spéciaux ou en colonnes de camions, qu’ils transportent dans leurs pérégrinations leur bureau de poste, leur infirmerie particulière, leur salon de coiffure et leur restaurant… Peu importe que ces villes ambulantes groupant des milers d’êtres humains et d’animaux, parviennent, comme les cirques américains d’aujourd’hui, à donner des représentations dans près de cent cinquante villes en une tournée de sept à huit mois !


Tout cela n’est qu’accessoire ! L’important, c’est la formule, ce sont les faces enfarinées, les équilibristes, les éléphants qui dansent, les clowns qui se donnent des claques, les fauves qui rugissent et les chevaux splendidement harnachés qui cabriolent sous le long fouet du dresseur… L’important, c’est cette magie particulière qui subjugue petits et grands ; cette magie grâce à laquelle nous nous sentons tous, une fois entrés au cirque, l’âme éblouie et candide d’Alice au Pays des merveilles !


Merci,  Barnum .

 

Adapté d'un article publié en 1949 dans le journal Tintin

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Par la suite P.T. Barnum lança ses Freaks Shows (spectacles présentant des "monstres humains"), s'associera James Anthony Bailey. Le cirque se déplace à travers les Etats-Unis et l'Europe en train, et passe d'une piste unique à trois pistes... Il en voulait toujours plus pour son spectacle !

 

 

 

 

A Paris, en 1901 (publication du samedi 30 novembre 1901)

 

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Martine au Cirque de Gilbert Delahaye & Marcel Marlier (Editions Casterman - 1956)

 

 

 

 

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