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BOSTOCK ZOO-CIRCUS

Romuald Figuier, Georges Nachtney, Willy Zavatta, Rodolphe Figuier, Achille Zavatta et Jean-Claude Figuier.

 

 

Les enfants qui accomplissent un numéro de cirque avec leurs parents ne sont pas rares. Ce qui est exceptionnel, c’est qu’un cirque présente un numéro comprenant uniquement de jeunes Garçons. Voilà pourquoi je me suis rendu au Bostock Zoo-Circus à Ivry, aux portes de Paris.

 

Parmi bien des numéros de grande qualité, ce cirque ambulant en offre un qui n’a pas son pareil : six garçons dont le plus vieux a quatorze ans, se livrant à mille prouesses équestres et pédestres, dans la joie et la fantaisie. Vous imaginez quel succès ils rencontrent auprès des spectateurs de leur âge !


Je suis donc allé faire connaissance avec eux, dimanche matin, car ils vont tous à l’école et ne rentrent qu’à sept heures le soir. Je vous jure qu’ils sont bien sympathiques ! Joyeux, spontanés et simples comme tout. Ils sont tous frères ou cousins et fils des deux co-directeurs du cirque, M.M. Zavatta, clown fameux, et Figuier.

 

La vie est belle pour eux ! Huit mois sur douze, ils voyagent, et les quatre mois d’hiver, ils peuvent jouer et courir dans ce grand domaine d’Ivry. Ils ont à leur disposition des chevaux et des poneys et tous les animaux sont leurs amis. A mon arrivée, je suis accueilli par Georges Nachtney (13 ans) qui me semble être le dur de la troupe, Achille Zavatta (12 ans et demi) et son frère Willy  (9 ans et demi). Tout trois en pull-over et pantalon de velours serré à la cheville. Les trois fils figuier ont dû aller à une leçon de musique.
Tous présentent un numéro à cheval, mais chacun a sa spécialité : Achille apprend le saxophone, Willy travaille l’acrobatie. Georges, lui a la passion du cheval. En selle, le roi n’est pas son cousin ! I m’explique son numéro :
- Un camarade manie la chambrière, long fouet qui claque comme un coup de pistolet, pour que mon cheval se mette au galop. Moi, je suis debout sur son dos et je quitte huit gilets de suite. Mon cousin, Romuald, lui, ôte sa veste et ouvre un parapluie !

- Vous avez dû faire de jolies chutes, surtout au début ?
- Quelquefois, oui… Un jour que nous montions à cheval à trois, Achile a perdu l’équilibre. Nous avons essayé de le rattraper, mais nous n’avons réussi qu’à  tomber avec lui. Je me suis fait bien mal au ventre.

Bah ! on s’amuse ! Quand on attrape des bleus, on n’y fait guère attention !... Et vous savez, les poneys sont encore moins commodes que les chevaux, ils n’aiment pas qu’on les monte. Une fois, on a joué au toréador avec un bourricot qui avait un mauvais caractère. On agitait des sacs et il nous fonçait dessus comme un taureau.
Ces joyeux souvenirs font rire Achille et Willy.

 

Durant la mauvaise saison, le Zoo-Circus demeure à Ivry et se repose. Dès qu’arrive le mois de mars, l’activité renait. C’est la fièvre des départs. Avant d’égrener au long des routes de France, et parfois de l’étranger, les cent voitures nécessaires au transport de son personnel, de ses animaux et de tous les accessoires du Zoo-Circus commence par donner des représentations aux abords de Paris.
- L’an dernier, me racontent Georges et Achille, nous avons parcouru l’Italie. Et nous sommes restés un mois à Rome, ce qui est exceptionnel.
- Combien votre tente peut contenir de personnes ?
- Trois mille cinq cents. Il faut au moins trois heures pour la monter.
- Cela vous amuse de vivre dans les voitures ?
- Oh ! Oui… l’été, nous roulons les fenêtres ouvertes, c’est bien plus agréable. Et quand nous passons près d’une rivière, nous nous arrêtons pour nous baigner. Un jour, M. Zavatta a dû tuer d’une balle de carabine une vipère d’eau qui nous obligeait à rester sur la rive.
- Oh ! Il tire bien !
- Oui, il transperce les pièces de monnaie de loin ! C’est un grand chasseur.
Mlle Zavatta vient se joindre à nous et me raconte une jolie anecdote sur son frère :
- Nous nous trouvions alors à Londres. Achille, qui venait d’entendre un disque du grand trompettiste américain Harry James, s’écria avec enthousiasme :
- Je fais le vœu de jouer aussi bien que lui !
- Mais comment cela pourrait-il arriver, puisque tu ne répètes jamais ? Ce serait un miracle ! lui dit maman.
Alors, Achille très sérieusement :
- Mais si je répétais, ça ne serait plus un miracle !

 

 

Georges Nachtney est un cavalier accompli et ce poney ne le désarçonnera pas -

Jean-Claude Figuier et son frère Rodolphe, sont prêts à tourner dans un western - Achille Zavatta présente ses deux amis, Saïgon et Calcutta.

 

 

Je suis avec plaisir mes trois jeunes mentors qui veulent me montrer leurs amis à quatre pattes. Ils me conduisent près des poneys Shetlands, guère plus gros qu’un Saint-Bernard. Les vraus chevaux paraissent géants à côté d’eux ! Georges me montre le sien qui a une robe toute blanche.
- Il s’appelle Dinan. Et monte parfois aussi celui-ci, Alpha.
C’est un cheval pie, blanc tacheté de roux. Il lui tape amicalement sur la croupe et m’en désigne un autre :
- Celui-là appartient à mon oncle. Un jour où il est allé le faire ferrer, je lui ai demandé de me laisser le ramener. Il avait l’habitude de lui faire prendre le galop en li criant : Ukue ! J’en fis autant… Et voilà mon cheval qui prend le mors aux dents ! Plus je tirais sur les rênes et plus il galopait ! A un carrefour, je me rencontrai avec deux cyclistes ! Je ne pouvais pas m’arrêter, mais je pus faire sauter le cheval par-dessus leurs têtes. Vous pensez s’ils ont eu chaud… moi aussi !

 

Je fais maintenant connaissance avec Saïgon et Calcutta, deux charmantes petites bêtes… qui doivent peser chacune deux tonnes ! Car il s’agit d’éléphants encore jeunes – neuf ou dix ans – qui grandiront encore. Georges prend une carotte et en donne une moitié à chacun d’eux. Ils ne disent pas merci, mais ils déroulent leur trompe vers nous comme pour dire "Encore !" - Ce sont des animaux très peureux, m’explique Georges. Une souris les affole ! Qu’ils en voient une et ils sont capables de tout casser autour d’eux ! C’est que la souris peut pénétrer dans leur trompe et leur dévore la cervelle. C’est arrivé il y a quelques années dans un autre cirque.

 

Le long du mur sont alignés des cages où glapissent des singes. De l’une d’elles sort une petite main noire au bout d’un bras poilu. Georges la serre amicalement :
-Bonjour, ma belle !
Elle lui répond en trépignant avec de petits cris aigus. Malheureusement,  je ne puis pas voir les fauves qui sont enfermés, à cause du froid : Gitane, une panthère que Georges caresse comme un gros chat, mais qui a arraché un jour la main du parrain de Willy qui passait tout près de sa cage ; les tigres, les six lions, les ours, qui sont parait-il, sournois… Le Zoo-Circus mérite bien son nom !


Les visites les plus agréables sont toujours courtes et c’est à regret que je quitte nos jeunes amis, en espérant les revoir un jour sur la piste ronde, ou dans un court métrage qu’ils ont tourné, il y a trois ans et qui s’intitule : Un Cirque Passe.

 

(article du début de l'année 1953)

 

 

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Note : Achille Zavatta, le clown le plus célèbre des années 1960, est né le 6 mai 1915 et mort le 16 novembre 1993. Ce n'est donc pas l'Achille Zavatta cité dans cet article (âgé de 12 ans 1/2), mais est un des directeurs du Bostock Zoo-Circus. Wikipédia cite parmi les enfants, William né en 1940 !!!

 

 

photos extraites du court métrage Un Cirque Passe de 1950 (à droite Achille Zavatta)

 

 

 

 

 

 

 

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