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10 HISTOIRES D’AMOUR QUI ONT CHANGE LA FACE DU MONDE
CLEOPATRE
Le nez de Cléopâtre eût-il été plus court, jamais Antoine, soldat enchaîné par l'amour, n'aurait fui à Actium, suivant les galères de la reine d'Egypte, qui le trahissait sans doute. Auguste n'eût point été vainqueur de son dangereux rival ; il n'aurait point fondé l'unité de l'Empire romain. La Gaule n'eût point été conquise par Rome toute puissante, nous ne parlerions pas français. Etrange pouvoir d'une petite reine qui, en se jouant, fit un empire, fit tout un monde.
KHADIDJA
A la Mecque, au VIe siècle, vivait pauvrement un homme qui se disait porteur des révélations du Tout-Puissant. Il ne rencontra d'abord que des incrédules. Il n'était ni grand ni beau, et, cependant, une puissance mystérieuse l'habitait. Une riche veuve, appartenant à l'une des plus grandes familles de la ville, le rencontra un jour au marché; elle sentit son cœur brûlé d'une ferveur inconnue. Elle l'épousa et lui apporta l'appui de sa tribu. Elle se nommait Khadidja, il se nommait Mahomet. Ce mariage ouvrit dans sa vie une nouvelle période. Il fut reconnu Prophète, et les Arabes, suivant sa loi, imposèrent l'Islamisme au tiers de l'Univers.
CLOTHILDE
C'est un amour miraculeux qui mit Clovis, le païen, sous l'influence de sa femme Clothilde, princesse chrétienne. Dès qu'il l'eut épousée, le rude guerrier apprit à distinguer, de ses idoles aux appétits sanglants, la figure douce et douloureuse du dieu des chrétiens. Au milieu d'une bataille désespérée, il songea tout à coup à cette divinité de Clothilde, l'adjura de lui donner la victoire : la victoire vint. C'était le signal de sa conversion, qui entraîna la conversion générale de la Gaule. Ainsi se fonda l'Eglise française, ainsi naquirent (naissance lointaine) les monastères, les pèlerinages, les Croisades qui donnèrent leur forme au Moyen Age et à la France.
ISABEAU DE BAVIERE
Il y a des amours fatales, et lorsqu'en sont frappés ceux-là même de qui dépend le sort des empires, les désastres qu'elles accumulent précipitent des peuples entiers dans le malheur. Lorsque le pauvre Charles VI monta sur le trône, la France était florissante : de Philippe-Auguste à Philippe le Bel, sesrois l'avaient servie avec amour. Lorsqu'il la laissa à sa femme, Isabeau de Bavière, la France était près d'être perdue, et la reine, trahissant jusqu'à son fils, la conduisit au plus bas. Une femme au prestige trouble était passée...
ANNE BOLEYN
Le monstre qui dormit longtemps dans le cœur du roi Henri VIII d'Angleterre n'était point né encore. Le roi, simplement, aima Anne Boleyn, une jeune fille aux yeux d'ange, et voulut l'épouser. Mais il lui fallait d'abord obtenir le divorce de son premier mariage, et il demanda licence au pape. Celui-ci refusa. Furieux, le roi — dont les sentiments religieux furent toujours assez incertains — se détourna de l'Eglise catholique, se fit, en Angleterre, le champion de la Réforme. Les beaux yeux d'Anne Boleyn sont responsables — ô ironie ! — du puritanisme anglo-saxon.
ANNE D'AUTRICHE
Saviez-vous qu'Anne d'Autriche avait, en secret, épousé Mazarin, qui n'était pas prêtre bien qu'il fût cardinal ? Elle était ainsi liée à lui, aux yeux de toute la cour et du pays même, et cet amour de la reine de France ne fit qu'aggraver les haines que les années avaient accumulées contre le ministre italien. Anne d'Autriche défendit son amour comme une lionne. Mazarin, qui se servait de son ascendant sur elle pour réaliser indirectement ses volontés, s'attacha à lui faire reconnaître l'autorité la plus étendue. Ainsi s'élabora le pouvoir absolu de Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Ainsi se préparait la Révolution.
MARIE ANTOINETTE
Elle n'aimait point son mari, mais, lui, avait été séduit pour toute sa vie par cette grâce d'oiseau, cet air de majesté souriante, cette légèreté souveraine que Marie-Antoinette sut composer à seize ans et garder à trente. Lui ne vivait que d'elle. Il n'avait guère le goût du pouvoir, et, de lui-même, aurait bien volontiers cédé une partie de son autorité aux Assemblées nationales. Mais Marie-Antoinette, Autrichienne élevée dans une cour hostile à tout libéralisme, le persuada de résister et de chercher des secours étrangers. Pour Louis XVI et pour elle-même, c'est la guillotine : défi à l'Europe qui entraîne les guerres de la Révolution.
JOSEPHINE
Un petit Corse, aux cheveux plats, un soldat de la Révolution, comme bien d'autres, rencontre un jour Joséphine de Beauharnais, une créole à la beauté langoureuse, une éclatante jeune femme aux caprices enchanteurs. Il est frappé au cœur, il l'aime. C'est pour elle, tout à coup, qu'il désire conquérir la gloire ; il lui promet, pour enchaîner la capricieuse, un avenir d'or. Il n'a pas menti. Il mène pour Joséphine, à une folle allure, la campagne d'Italie ; il vole de victoire en victoire, pour l'éblouissement de la France : c'est là l'aube de l'Empire.
AIMEE DE COIGNY
Quand les Bourbons sont rentrés en France, à la chute de l'Empire, ils n'eussent point trouvé la porte du pays si grande ouverte si leur siège n'eût été fait depuis longtemps. Ce siège, ils l'avaient mené, à l'intérieur même de l'Empire, sous les yeux mêmes de Napoléon, qui n'avait rien distingué de leur action. C'est que le complice était le ministre des Affaires étrangères de l'Empereur, Talleyrand, l'ancien évêque d'Autun, prince de Bénévent, homme à l'esprit subtil s'il en fut. Mais ce complice, c'est une femme qui l'avait gagné : Aimée de Coigny, qu'il aima.
MARIE MANCINI
Les célèbres amours, qui portaient en elles un univers infini de conséquences, se sont brisées en leur départ, livrant passage à des événements que leur accomplissement eût évité. Si Louis XIV, au lieu d'épouser une infante d'Espagne, eût suivi le premier penchant de son cœur et donné la couronne de France à Marie Mancini, nièce de Mazarin, les Pyrénées eussent continué à exister entre la France et l'Espagne, mais les finances du roi eussent été sans doute plus surveillées, le mécontentement du peuple moins grave, le XVIIe siècle moins disposé à faire cette critique du pouvoir absolu, qui donna sa doctrine à toutes les révolutions qui éclatèrent en Europe depuis cent cinquante ans.
paru en 1938
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