Haute sur pattes comme une araignée, pétaradante et fumante mais jamais en panne, elle a fait la joie des amateurs d’automobile du début du XX° siècle : c’est la Ford Modèle T, l’ancêtre de toutes les voitures de série du monde.

C’est en 1908 que la première Ford T sortit d’un petit garage de Dearbon et traversa la ville en trombe. A cette époque, on ne rencontrait guère de voitures en Amérique et les rares en circulation étaient pour la plupart de grosses voitures européennes, Panhard, Mercedes ou Fiat. Tout le monde essayait de copier plus ou moins ces bolides alors qu’Henry Ford décida de créer la voiture la plus simple possible, solide, pouvant passer partout, être conduite par n’importe qui et coûtant très peu cher. Juchée sur ses quatre roues à rayons, elle était vendue nue (on achetait les accessoires les uns après les autres, phares, garde boue, etc.) mais à un prix trois fois moins cher que les autres. Elle ne se vantait pas d’être la meilleure, ni la plus rapide, mais elle passait dans les plus petits chemins de campagne, quand ce n’était pas à travers champs : dès la première année, plus de 10.000 Ford T furent construites et vendues. Mais henry Ford voulait faire mieux. Un jour, il vit un ouvrier qui, au lieu de porter la magnéto qu’il devait monter sur un châssis, tirait ce châssis jusqu’à son établi avec un câble : l’idée de la chaîne mobile était née et Ford l’appliqua immédiatement. Dès 1913, les châssis commencèrent à rouler en se montant sur chaîne et le monde stupéfié apprit que l’usine Ford sortait une voiture toutes les 40 secondes. Pendant 19 ans, plus de 15 millions  (15.456.868) de Ford T sortirent, certains jours voyant la production dépasser 9.000 modèles.

Adapté d’un article paru dans Pilote (décembre 1962)