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La France continue à être pour les automobiles le grand fournisseur de l'étranger. Pendant les dix premiers mois de 1910, la valeur des expéditions a atteint 147.818.000 francs, dépassant de 26.658.000 francs le chiffre obtenu pendant la période correspondante de l'année dernière. Résultat merveilleux, mais aussi combien justifié ! Nulle part mieux que dans notre pays les constructeurs n'ont eu le sens de l'automobile rationnel et pratique, nulle part on n'a mieux compris toutes les ressources du nouveau mode de locomotion.
Ouvrez,par exemple, le catalogue d'une marque nationale entre toutes, la marque de Dion-Bouton. Vous y trouvez la plus belle variété de modèles s'échelonnant dans une gamme tout à fait harmonieuse de puissance et de confort. Au bas de l'échelle, c'est la petite 8-HP, la dernière venue d'une lignée à jamais célèbre. A l'opposé, c'est la splendide 8-cylindres, dont le châssis se prête à toutes les somptuosités du luxe. Entre les deux, de multiples modèles répondent à tous les desiderata et satisfont tous les besoins.
Au stand de Dion-Bouton du Grand Palais, un public empressé admire tout particulièrement l'un-de ces modèles, le 14-HP 4-cylindres, qui lui est présenté sous la double forme d'un élégant torpédo et d'un châssis de démonstration, pièce unique montrant le mécanisme en plein fonctionnement sous les yeux du public. Considérez ce mécanisme, considérez les autres véhicules exposés, vous avez immédiatemen la sensation d'une construction véritablement parfaite. Rien que d'élégant comme solution mécanique, rien que de robuste dans ces multiples organes.
Il faut dire aussi que nulle marque n'a organisé sa construction sur des données plus scientifiques. Aux usines de Puteaux, existent des laboratoires d'essais chimiques et mécaniques, universellement renommés, comme aucune autre usine similaire n'en possède. Ces laboratoires assurent la réception des matières premières ; ils multiplient les essais, au choc, à la traction, à la dureté, corroborant ces expériences par de multiples analyses chimiques. Nul métal, nul produit quelconque n'est utilisé dans la construction de Dion-Bouton s'il n'a été tout d'abord agréé et vérifié. A tout instant, les laboratoires interviennent pour la vérification des conditions de fabrication et l'essai des pièces fabriquées.
Le marquis de Dion et M. Bouton n'ont rien négligé pour donner au contrôle de leurs laboratoires, une efficacité absolue, réalisant au plus haut point cette alliance de la Science et de l'Industrie sans laquelle il n'y a ni construction sérieuse, ni mécanisme robuste, ni véhicule durable. Leurs efforts ont été récompensés et c'était justice. Leur Maison est au premier rang, leurs ateliers sont devenus les plus grands d'Europe pour la construction automobile.
En 1882, lors de leur création, les Usines de Dion-Bouton ne couvraient pas plus de 300 mètres carrés. En 1887, elles couvraient 1.000 mètres. En 1892, 3.500 mètres. Cinq ans après, en 1897, la surface des Usines atteignait 27.000 mètres, les ateliers s'étant étendus de la rue Ernest aux terrains plus vastes du quai National. Depuis lors, le développement ne s'est pas arrêté ; en 1900, les Usines couvraient 36.000 mètres. En 1907, 50.000 mètres. Aujourd'hui, accrues d'une fonderie de Courbevoie, elles dépassent 60.000 mètres. carrés.
En 1882, lorsqu'ils commencèrent leurs travaux en commun, MM. de Dion et Bouton s'étaient adjoint 4 ouvriers. En 1887, les ouvriers sont au nombre de 12 En 1892, ils sont 20. En 1897, ils sont 210. En 1900, l'effectif est passé à 1.300 ouvriers. En 1907, les Usines en comptent 2.800. Aujourd'hui, le personnel des Usines constitue une légion de 3.500 personnes
.
En 1887, il ne fallait au caissier des Usines de Dion-Bouton pas plus de 25.000 francs pour payer annuellement le personnel. En 1897, il lui fallait près de 450,000 francs. Deux lustres plus tard, en 1907, bond formidable, les salaires annuels s'élèvent à 5 millions et demi de francs. Les salaires de 1910 dépasseront le chiffre splendide de 7 millions de francs.
Le nombre des voitures et châssis livrés par les Etablissements de Dion - Bouton dépasse à cette heure 30.000. Le nombre des moteurs livrés dépasse 80,000, et leur puissance additionnée dépasserait le chiffre fantastique de 600.000 chevaux-vapeur.
Le chiffre d'affaires, en 1910, va atteindre 25 millions, en augmentation de 7 millions sur le chiffre de l'an dernier. La Maison de Dion-Bouton a écrit sans nul doute la plus belle page l'histoire de notre industrie automobile française. A ce jour, où cette industrie tient de nouveau de solennelles assises*, il était intéressant de le rappeler.
* le Salon de l'Automobile venait d'être inauguré au Grand Palais à Paris, le samedi 4 décembre 1910.
Vue générale des ÉTABLISSEMENTS DE DION-BOUTON, à Puteaux (Seine)
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