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Action de semer, de mettre des graines en terre - Période de l'année pendant laquelle on fait ce travail - Ensemble des travaux agricoles comprenant les semis.
Le geste auguste du semeur…
Le dernier vers du très beau poème de Victor Hugo (Saison des semailles. Le soir), semblable à une ode célébrant les semailles. Depuis toujours l'homme semait "à la main" ou déposait ses graines dans un trou fait avec un plantoir. A l'heure industrielle on eut recours aux machines...
Si l'on considère la bâton à fouir comme l'ancêtre de cette famille d'outils, on peut admettre que semoirs et plantoirs remonte à la préhistoire. En 1600, l'Italien Taddéo Calvani invente un semoir formé d'une caisse, montée sur deux roues.
L'ère industrielle verra se développer nombre d'inventions dans le domaine des semoirs : semoir à alvéoles de l'Anglais Jethro Tull (1700), semoir à socs de l'Anglais James Smyth (1800), semoir à barillet du Français Dombasle (1805), etc.
SEMAILLES
Semeurs
Semeurs au front grave
Dont les souliers sont lourds de terre, grasse,
Et dont le poil est poissé de sueur,
Bons vagabonds des plaines,
C'est l'heure
Où la forêt somptueuse se meurt
Dans ses loques de pourpre vaine
Que vous jetez aux glèbes veules (1)
Vos graines !
Vous passez dans le vent qui jongle avec les feuilles
Et qui rebrousse vos cheveux,
Sur les labours que la herse
De ses dents de fer remâche,
Vous faites pleuvoir l'averse
Des germes généreux.
Au pas rythmé des chevaux et des boeufs,
Les luisantes charrues retournent les vieux trèfles,
Et des tâcherons bourbeux
S'en vont saccageant sans relâche,
De l'épieu double (2) et de la hache,
Le peuple plantureux
Des betteraves !
C'est tout un monde condamné qui va finir,
Et qui doit céder la place
Aux œuvres d'avenir.
L'homme délicat et pâle
Lentement s'exténue jusqu'à mourir
Dans la brume et la rafale :
Semeurs, semeurs,
Votre tâche
Est la plus belle qui se puisse;
Semez de la foi, semez du bonheur
Aux plaines pierreuses du Risque.
Je suis parmi vous le humble,
Et parfois j'hésite;
Mais je pressens qu'il faut travailler vite;
Car, sur la majesté défunte
De la morne terre,
Bientôt l'hiver mortel
Mettra sa griffe de mystère,
Et ce sera la blanche attente
Dans la paix de Noël
Et le froid du silence !
Semeurs, semeurs,
La croissante clameur
Des corbeaux nous accompagne;
Le regret de l'été flotte sur la campagne,
Et je ressens une sorte d'angoisse
De tout ce grain jeté qui peut être perdu.
Ce soir, à mon retour, le gazon que je froisse
Craque comme du sel sous mes talons fourbus.
Et je suis un peu triste
A cause des jours qui vont naître,
A cause de tant de merveilles
Qui ne demandent qu'à jaillir
Dans la splendeur du soleil,
Et que je ne verrai jamais, jamais peut-être.
Philéas LEBESGUE - Les Servitudes.
définitions :
1 - glèbes veules : terres légères, peu fertiles
2 - l'épieu double : la houe
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