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la récolte des pommes de terre (1937)

 

 

L'ARRACHAGE DES POMMES DE TERRE

 

La récolte des pommes de terre s'achevait dans le champ de Listel, le fermier de Fransbeke. Le terrain, large et vallonné, borné d'un côté par la haie d'un potager, de l'autre par les broussailles et les taillis qui flanquaient la haute futée, descendait en une pente assez raide jusqu'à un ru (1), qui le séparait d'un sentier, et, par delà ce sentier, de prairies que des cultures joignaient, au versant opposé. Une planche jetée sur le ruisseau permettait d'accéder au chemin. Tout en haut la terre avait en bordure le pavé du hameau. A quelque distance de là, route et sentier s'enfonçaient dans les fraîcheurs balsamiques de la silve (2).

Il était environ six heures.

Le crépuscule doucement venait. Le ciel, d'un bleu d'ardoise au zénith, au couchant s'abaissait, d'une transparence turquoise et jonquille, que des bandes mauves striaient. Aux empyrées (3), un moutonnement de plumes blanches, ourlées d'or et de sang, s'élargissait en arc de cercle. Et le soleil, pareil à un tison, entre les branches rouges de cet éventail de nuées, brasillait dans un bain de cuivre. Au milieu de son monde listel tétait sa courte bouffarde (4), les mains dans les poches, les jambes écartées.

C'était un homme mûr, trapu et sanguin, au poil noir, au teint basané, par les midis torrides. Un chapeau de paille fatigué sur la nuque, l'air brave homme, il poussait à l'ouvrage, mêlant des plaisanteries à de précises recommandations. Parfois, joignant le geste à la parole, il crachait dans ses paumes calleuses, empoignait un trident, montrait aux varlets la bonne manière de planter l'outil dans la butte, de la soulever et de l'éparpiller.

- Hardi ! Y aura de pleines canettes à vider à la ferme, ce soir ! Un peu de cœur, allons !

Une mélopée, faite de cris gutturaux et bizarres, s'élevait avec la clameur des vachers, prolongée et nostalgique, au loin, dans les près immenses.

Des fumées montaient en tourbillons bleus entre les fûts bronzés des trembles. Le jour violet baignait les choses d'une mansuétude et d'un mystère.

A la voix de Listel, ils étaient une douzaine qui fouissaient le sol léger, creusé de sillons parallèles. La ligne des gars touchait au fouillis inextricable des sureaux et des coudriers, au bas de la côte. Les chemises sales béaient sur les pectoraux velus. Avec leurs muscles roulant sous la peau brune, les bras, nus jusqu'à la saignée, maniaient les fourches selon un rythme agreste. Sous leurs fourches acérées, les buttes, couronnées de tiges fanées et noircies, s'effondraient successivement, laissant à découvert les pâleurs souillées des tubercules oblongs. L'échine ployée, six tâcheronnes, jeunes et vigoureuses, les récoltaient à mesure. Les pouces tournaient activement autour des pommes, les décrassant d'une façon sommaire avant de les jeter dans les sacs. Ceux-ci remplis, un gars les brouettait jusqu'au camion arrêté sur le pavé.

 

Pierre BROODCOORENS

 

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1 - ru : en dialecte petit ruisseau

2 - silve (ou sylve) : forêt

3 - aux empyrées : au ciel (expression poétique)

4 - boufarde : en langage familier, pipe à court tuyau - brûle gueule

 

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Le Syndicat du Pévèle de Sélectionneurs de Plants de Pommes de Terre que dirigent avec beaucoup d’énergie et de dévouement MM. Louis Lecouffe, Président, et Henri Demesmay, Directeur, avec le concours technique de M. Barychnikoff, Ingénieur agricole, vient de recevoir la visite d’une délégation hollandaise. Les Hollandais se sont beaucoup intéressés à cette visite sur le terrain où sont cultivées une trentaine de variétés.


Juillet 1934 – le siège social se trouvait à Templeuve (Nord)

 

 

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LES FAUSSES POMMES DE TERRE NOUVELLES

 

 

Le goût des primeurs est développé au plus haut point dans les grandes villes. Avant même que les premiers beaux jours aient donné le signal d'une reprise de la végétation, on trouve en abondance, dans les grandes capitales, les légumes les plus variés. C’est ainsi que, depuis plusieurs semaines, les Parisiens se réjouissent à l'idée qu'ils mangent des pommes de terre nouvelles.

Eh bien, c est une simple illusion, ces pommes de terre, ou tout au moins les premières vendues n'étant pas nouvelles du tout. Ce sont de vieilles pommes de terre, rajeunies, pour ainsi dire.

Voici, en effet l'ingénieuse opération qui se pratique dans plusieurs communes de la banlieue. Dans l'avant printemps, on choisit et on pèle de vieilles pommes de terre. Par découpages et pressions on leur donne les formes voulues. Puis on les dépose dans un terreau spécial et au bout de quelques jours, la nature. qui se prète à merveille à la supercherie, a revêtu le tubercule d'une mince petite peau. On déterre, on expédie aux Halles et le tour est joué.

Il était écrit sans doute qu'en cette fin de siècle, les supercheries sur les denrées alimentaires ne respecteraient rien.Il ne reste plus guère à inventer maintenant que la machine à produire des œufs artificiels. Encore assure-t-on qu'elle fonctionne en certaines mystérieuses localités.

 

article publié en avril 1899

 

 

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publicité de 1930

 

 

les "banses" pour le ramassage des pommes de terre - photo de 1949

(cela me rappelle mes dix ans ou comment je me faisiais un peu d'argent de poche)

 

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pommes de terre - publicité de 1937

 

trieur de pommes de terre - publicité de 1930

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